Chapitre 2 - Un endroit hors du monde

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Le silence est un ami qui ne trahit jamais -  Confucius

          Je restais, comme à mon habitude, toute la journée ici, gribouillant sur mon carnet de croquis. Je me sentais vraiment chez moi, ici, alors que je me sentais vraiment différent des autres. Mais je m'amusais. L'ambiance était géniale, j'adorais cet endroit, je me sentais vivant ici.

« Hé, toi là, tu fais le malin, hm ?! »

Je relevais la tête, désireux de voir la raison et les conséquences de cet énervement.

Le silence avait reprit place ici, les voix s'étaient tut. On attendait tous la réponse de l'interlocuteur, c'était le fameux garçon aux cheveux blonds qui avait été interpellés.

« Un problème, Kerim ? » Répondit-il, affichant un sourire malicieux.

Mon cœur battait plus vite, il y avait une certaine tension dans l'air. J'étais à la fois effrayé, mais je ne pouvais cacher mon excitation.

« Ouais, l'blondinet !! Je te défis en battle, p'tit babtou !! »

C'était génial, ce qu'il se passait, j'étais dingue de cet endroit.

          Et la musique reprit, les gens formèrent un cercles pour délimiter le périmètre de danse, tandis que d'autre prenaient les paris. Je me levais timidement, je voulais les voir danser. Derrière tout le monde, je me mettais sur la pointe des pieds pour essayer de voir ce qu'il se passait.

La musique s'enclencha, la sono était au niveau maximum, on aurait dit qu'elle allait exploser.

          Je ne vis pas grand-chose de ce qu'il se passait ensuite. J'imitais les autres, j'encourageais les danseurs, je trouvais ce moment vraiment épanouissant. Je tapais des mains en rythme, je me sentais dans mon élément. Je me sentais intégré, je sentais que l'on ne faisait qu'un, alors que je n'étais qu'une ombre qui veut essayer de les imiter. Pourtant, je m'amusais. J'aimais tout de cet endroit ; la musique américaine qui me tape dans les tympans, l'odeur douteuse qui planait constamment dans l'air, sans oublier ces gens. Je les aimais, je les aimais.

          Sans que je n'aie pu y voir quelque chose, la musique s'arrêta, sous une foule d'applaudissement. L'arbitre était là, et comme d'habitude, il mit les deux concurrents de chaque coté. Comme il n'y avait pas de micro, il devait hurler pour se faire entendre dans ce brouhaha.

« FAITES DU BRUIT POUR KERIM ! »

Les gens obéissaient, comme toujours. C'était à ceux qui crieraient le plus fort qui éliraient le vainqueur. Moi, j'haussais timidement la voix, espérant que mon vote serait compté et entendu dans ce brouhaha.

« FAITES DU BRUIT POUR LE BLONDINET ! »

          Le bruit ne fut pas le même, les gens se voulaient ici plus timides. Sans aucun doute, Kerim était vainqueur. Je me sentais un peu triste, mais après tout, ça ne faisait rien. Ils étaient tous les deux talentueux, je les avais déjà vus danser. Et je les admirais plus chaque jour.

          Avant que la foule ne se disperse, je me hâtais de rejoindre ma place à l'écart. Les gens vaquèrent à nouveau à leurs occupations ; les perdants des paris donnaient l'argent à ceux qui avaient parié pour Kerim. Le « blondinet », comme il avait l'habitude de faire surnommer, reçus certaines insultes. Involontairement, il avait fait perdre de l'argent à certain. Il semblait de mauvaise humeur, il poussa avec le pied des bidons qui traînais là, se mettant une baffe à lui-même, avant de venir récupérer son skate. Il ne se faisait pas complimenter, contrairement aux vainqueurs à qui on faisait des louanges. Cela m'attristait, j'avais envie de venir le voir pour le félicité. Mais je n'oserais jamais, je ne brillais pas assez pour ça, et je n'avais pas envie que l'on se moque de moi. Soudainement, alors que personne ne s'y attendais, des gens poussaient la lourde porte vitrée d'entrée.

« POLICE ! Qu'est-ce que vous foutez encore là, bande de voyous ?! »

          Les regards entre les gens de la CF et les policiers se faisaient virulents. Tout le monde se stoppa net dans ses activités, fusillant du regard les serviteurs de la loi. Les policiers étaient venus par dix et avec des armes, mais rien n'assurait que c'était suffisant pour contenir ces hommes musclés qui se dressait devant eux.

          De mon côté, j'étais inquiet à l'idée que quelqu'un soit blessé. Mais il fallait se rendre à l'évidence, je n'étais pas assez fort pour m'interposer et défendre ce territoire. Alors, je restais dans mon coin, regardant sans pouvoir rien n'y faire cet échange de coups entre policiers et skouateur de la CF. Je trouvais ça touchant, le fait qu'ils défendent corps et âme cet endroit abandonné. C'est comme si quelqu'un avait laissé son chien dans la rue et que quelqu'un d'autre s'en était occupé, le berçant d'amour et lui donnant un toit et de quoi vivre. Mais sauf que là, le propriétaire est revenu le réclamer après l'avoir oublié. Pourquoi faire ? De toute façon, le quartier n'a pas assez d'argent pour remettre en état ce lieu.

          Les insultes et les coups étaient nombreux entre les deux camps. J'avais horreur de ça, la violence. Je pris mes genoux contre mon torse, fermant les yeux en attendant que cela se termine.

          Et tout se termina bien vite. Une dizaine, les plus violents, à vraiment dire, avaient été embarqués en garde à vue. J'espérais vraiment qu'ils pourraient sortir bientôt... Ce serait triste qu'ils restent trop longtemps. De plus, beaucoup avaient été blessé. Ca ne semblait pas trop grave, mais quelques balles avaient été tirées, ce n'était pas négligeable !

          Assit sur le canapé, je jetais des coups d'œil à mon grand frère. Il semblait fatigué, il avait eu une grosse journée de travail. Il tourna la tête vers moi et me souris chaleureusement. Je souris également, posant ma tête sur sa confortable épaule.

« Nii-san ? Qu'est-ce que je peux faire, hm, pour aider des gens... ? En fait, je connais des gens, et... Ils ont vécus quelques chose de plutôt dur, et... J'aimerais leur remonter le moral ! A tous !! »

Je me redressais vivement, adressant à Itachi le plus grand des sourires. Il se contentait de me sourire aussi, le même sourire de grand frère qu'il m'adressait tout le temps.

« Hm, je ne peux pas te dire quoi faire, mais... Toi, si tu vivais quelque chose de difficile et que tu as besoin de réconfort, qu'aimerais-tu avoir ? »

Sans même avoir besoin de réfléchir, je déposai un bisou sur la joue de mon Nii-san. Je savais ce que je devais faire.

L'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant