Chapitre 3

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  Je viens d'un royaume lointain 

Caché au delà de la brume

Le vent m'apporte son parfum, 

La nostalgie et l'amertume. - WhiteBear


      La robe que m'a cousue Madame Griselda, la couturière de ma mère, est absolument incroyable. Elle a respecté ma seule condition : celle de porter du noir en souvenir de tous les morts au combat contre Morgause, si au départ ma mère n'a pas salué cette décision au final elle a finis par s'y résoudre et me regarde maintenant admirativement. La robe est bouffante, mais pas trop avec un long décolleté, mais qui ne fait pas inconvenant. Ce qui est incroyable dans cette robe, ce sont les paillettes et les formes que la couturière à donner à toutes ces paillettes qui donnent sur ce noir d'ébène l'impression d'un ciel étoilé. En plus de ça, mes manches sont en dentelles et elle aussi rehausser de perles et paillettes. Ma taille est enserrée dans une ceinture de diamant absolument splendide. Je n'imagine même pas le coût d'une robe pareille pour ma mère. Madame Griselda est une fée comme ma mère et elles se connaissent depuis l'enfance. 

      Avec un sourire, je me mis à tourner sur moi-même pour observer le tissu voler autour de moi. Ma mère se mit à applaudir et Madame Griselda qui d'habitude est absolument impassible a même eut un frémissement autour de ses lèvres. Je fis une légère révérence à la couturière et à ma mère qui est aussi la Duchesse du Lac. Notre propriété se situe loin du château de crystal dans un petit chateau à l'est du royaume, près du lac qu'on appelle le Lac aux souhaits. Soudain, la porte de ma chambre s'ouvrit sur Lysandra, ma meilleure amie et comtesse d'Edburg, un comté tout près de notre château. On s'est rapidement lié d'amitié toutes les deux, et même si elle n'approuve le fait que je parte à la guerre et adore me battre, elle me soutient.

     Lysandra est d'une beauté renversante, son visage bronzé, ses yeux bruns dorés et ses cheveux noirs comme la nuit lui donne un air mystérieux et une aura renversante. En plus de ça, tout chez elle est élégant, et même si elle donne l'air d'être une fille sage et bienséante, dès qu'elle s'énerve ou en veut à quelqu'un, c'est une véritable furie. Je me souviens très bien de ce qu'elle faisait subir à son grand-frère. Lysandra est surtout, comme la majorité d'Avalon, une humaine et elle en est très fière. Il y a maintenant deux ans qu'elle s'est marié avec le Comte et lorsqu'elle fit son entrée dans la pièce, je ne pus m'empêcher de la serrer dans mes bras étroitement. Gentillement, elle me repoussa légèrement et posa sa main sur son ventre arrondie. Elle rayonnait littéralement d'une aura que seule les femmes enceintes ont.

   - Mon dieu ! C'est que tu as grossi Lys, lui dis-je en rigolant, bientôt, tu seras aussi énorme que le cheval de ton père, Filibert.

  Heureusement pour moi, Lysandra est habituée à mes sarcasmes et lorsque nous étions enfants, nous nous faisions régulièrement des combats verbaux pour voir qui serait la meilleure à ce jeu-là. Avec le temps, Lys a arrêté de jouer à ce jeu et moi aussi, mais on ne se sent jamais blessée par les remarques de l'une ou de l'autre. On sait que c'est pour rire. Pour moi le sarcasme, c'est surtout le meilleur moyen de s'exprimer dans ce monde de noble sans se faire pincer par les doigts de Mère. Bien entendu, une fois ma phrase finie, ma mère as émit un petit sifflement en mon encontre, les sourcils froncés. Lysandra jeta un regard amusé à ma mère et répondit : 

 - C'est étrange Eden, j'ai l'impression d'avoir un homme en face de moi, serait-ce parce que tu les fréquentes trop que tu commences à leur ressembler ?

      Il eut un moment de silence puis nous éclatâmes de rire. Ma mère sembla soudain prendre conscience du temps qui passait et elle nous pressa de nous diriger vers la salle du bal. Nous dévalâmes les marches aussi vite que nos robes nous le permettait et une fois dans la salle de bal, je ne pus m'empêcher de remarquer la fabuleuse décoration faites de cristaux, pierres précieuses et verres. Pour les vingt ans du sommeil du Roi Arthur, les serviteurs avaient placés le cercueil au fond de la pièce et entouré de garde vêtu de noir comme moi bien qu'eux, en fonction, portaient une tunique au-dessus de leur armure avec un serpent blanc dessus, symbole de Morgane.   

     Je m'empressai de me prendre un verre d'alcool sur le plateau d'une des servantes présentes dans la salle et finis la coupe aussi rapidement qu'elle était apparue. Rapidement, les trompettes se mirent à tonner dans la salle et les quatre sœurs de Morgane apparurent. Derrière elles, leurs maris et leurs héritiers respectifs. Morgane se mit à faire un discours abrutissant où elle annonce la paix qu'elle vient de signer avec sa sœur. Cette annonce fut applaudie par tous les nobles, et même les domestiques applaudirent la reine. Rapidement, le discours dériva sur le Roi Arthur et ses fabuleux exploits blablabla. Après ça, la reine ordonna qu'on joue de la musique et les nobles se mirent à danser. De loin, je vis le Général s'avancer vers moi.  

      Comme d'habitude lors des quelques bals que nous avions passer ensemble, nous nous mîmes à danser maladroitement. Je n'ai jamais été douée en cet art. Rapidement, mon esprit s'envola dans la musique et malgré le bruit des conversations et de la musique, je faillis presque m'endormir sur l'épaule du Général. Distraitement, j'entendis les portes s'ouvrirent et des pas résonner sur le marbre blanc de la salle. Normalement, tous les nobles sont ici alors qui sont les retardataires ? Je me redressai avec vivacité et observai cinq hommes vêtus de noir des pieds à la tête s'avancer vers les reines toujours debout pour observer la foule.

      Ils s'agenouillèrent respectueusement et je pensais que ce serait une simple requête normale de gens un peu paumé voulant donner leurs hommages. Seulement, cela ne se passa pas comme prévu. Deux des hommes laissèrent tomber des fumigènes et nous entendîmes les cris d'effroi de la foule. La fumée se dissipa au bout de deux minutes de pure chaos et nous découvrîmes avec effroi le corps des cinq reines. Je me précipitai vers la Reine Morgane qui était encore consciente. Je pressai le bout de ma robe contre sa blessure au cœur qui laissait entendre de terribles gargouillement. Morgane et ses sœurs, comme ma mère et mon père sont immortelles et ne peuvent pas mourir d'une simple lame à moins que...  

  - Cette épée a été forgée de la même façon qu'Excalibur, Eden me chuchota la reine en crachant du sang, il faut que ton père prenne mon trône, je n'ai aucun héritier et aucun mari. Lui seul saura diriger Avalon. 

  Malgré moi, des larmes se mirent à rouler sur mes joues. Je connais Morgane depuis ma naissance et voir cette femme si forte en train de mourir est horrible. Elle émit un dernier souffle et son cœur s'arrêta. Son corps devint froid et dur contre moi. Rapidement, je mis ses mains contre elle et fermai ses yeux. Sa couronne, je la mis sur ses mains. La salle de bal retenait son souffle depuis tout à l'heure, je fis alors la seule chose qui était importante, je me relevai et barbouillé du sang de la Reine Morgane, m'exclama :

  - La reine est morte, vive le Roi Merlin !   

Avalon QueenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant