Antidote

Chapitre 5

Je passe mes mains sur mes joues et elles me reviennent toute noir de mascara. Je ne sais même pas combien de fois j'ai fais ce geste depuis que je suis rentrée ni depuis combien de temps je suis caché sous ce nid. Il faut que je me bouge, que je sorte d'ici. Mais le problème, c'est de devoir affronter la réalité ou ce qui va venir. Comment peser le pour du contre dans cette histoire? Certes je ne peux pas nier, Raphael est bien une sorte de loup garou ou je ne sais pas quel truc chelou, mais merde pas ma famille! Mon arrière grand père m'a t-il vraiment refilé ces gènes destructeurs dans le seul but de se venger? Et puis quand même, comment pouvait-il savoir qu'un Donze allait naître la même année que moi? C'est insensé. Je ne sais vraiment pas ce qu'il faut croire et puis, est ce qu'on m'a demandé mon avis à moi, si je voulais devenir un loup garou? Non! Alors pour qu'elle raison est ce que je devrais les écouter? Je n'ai pas envie de passer ma vie à fuir ou à me cacher parce que je serais traqué. Surtout, je n'ai pas envie de tuer. Je ne veux pas devenir un prédateur, un monstre, une horrible bête sanguinaire. Mes larmes repartent de plus belle. Je m'effondre à nouveau. Un monstre. Voila ce que je vais devenir si tout cela est vrai. Un frisson me parcours le dos. Je ne sais plus quoi faire. J'ai peur de devenir complètement folle.

*

Je sors de ma cachette; enfin, ma cachette, ma couette plutôt, pour prendre un mouchoir et remarque qu'il fait presque nuit dehors. Je regarde ma montre: 21h30. J'ai vraiment passé autant de temps à m'apitoyer sur mon sort? Super. Il faut vraiment que je me bouge, en plus je commence à avoir faim alors je vais aller me préparer un petit truc.
Click!
Je tourne la tête en direction de ma fenêtre, quelque chose vient de la frapper mais je ne vois rien. Pourtant je pourrais presque jurer que ça vient d'ici.
Click!
Ça recommence. C'est qui le petit con qui s'amuse à balancer des cailloux? Je trouve même pas ça drôle. Il va m'entendre lui! J'ouvre la fenêtre et me penche pour regarder l'inconnu et m'apprête à l'incendier, or il se trouve que cette inconnu n'en est pas un puisqu'il s'agit de Raphael. Il saute sur le mur et s'accroche à la fenêtre.
-Je peux entrer?
Il passe déjà ses jambes dans ma chambre et n'attends même pas ma réponse.
-Ça..
Il me regarde et s'arrête net. Il prends mon visage entre ses mains.
-Oh non, sa voix se brise. Mais qu'est ce que j'ai fait?
Ma lèvre tremble. Je ne sais que dire.
-Regarde moi ton visage, tout noir recouvert de mascara à cause de tes pleurs. Tout ça à cause de moi.
Il me caresse la joue de son pouce.
-Mais qu'est ce que j'ai fait? Répète-t-il.
Il a les yeux remplis de tristesse. Je m'effondre dans ses bras et laisse ce qu'il me reste de larmes couler. Il ne me repousse pas et pose l'un de ses bras dans mon dos puis l'autre sur ma tête et me la caresse doucement. Je me dégage de lui une fois que mes larmes se s'arretent. J'ai envie de lui sourire mais je n'y arrive pas. Autant tout à l'heure je le fuyais autant maintenant sa présence me rassure presque. Il soupire et s'assoit sur mon lit, je fais de même.
-Je suis vraiment désolé.
Je ne réponds rien. Il prend sa tête entre ses mains et je lui tire doucement le bras.
-Ce n'est pas de ta faute, ce n'est pas toi qui a décidé que je devienne ainsi. Que je deviennes... un monstre.
Il se redresse et me regarde droit dans les yeux.
-Tu n'es pas un monstre. Tu n'es pas quelqu'un comme ça. Tu feras un loup bien, ça j'en suis sûr.
Ses paroles me réconfortent un petit peu.
-Mais de toute façon, il faudra encore que j'arrives à contrôler mes pouvoirs. Si je ne suis pas tué d'ici la se sera un exploit dis-je avec ironie.
-Je ne laisserai personne te tuer.
Cette phrase me donne des frissons, maintenant je me rends vraiment compte que ma vie est en danger. Il met sa main sur mon poignet.
-Je te le promets.
Un gros blanc suit sa phrase. Je ne sais pas quoi lui dire. J'ai envie de le croire, vraiment. Mais j'ai plus l'impression de venir voir la fin arriver plutôt qu'autre chose. Comment est ce que je vais m'en sortir?
-Mais de toute façon, pourquoi est ce que les chasseurs veulent tant me tuer que ça alors que pour l'instant je suis encore humaine? Je veux dire, je n'ai rien fait de mal.
-Et bien, il suffirait juste d'une morsure ou d'une griffure par un loup garou pour que tu sois directement transformée. Et il ne veulent pas que ça arrive donc il préfèrent t'éliminer avant.
-Super, dis-je en soupirant. Mais, attends, ça veux dire que maintenant, si l'un d'entre eux me trouve, il me tue sur le champ?
-Après ce qu'il s'est passé cet après-midi, je pense que se serait plutôt dangereux de sortir trop souvent, de se montrer ou encore d'aller à l'école.
Oh putain. Je lève les yeux au ciel et me prends la tête dans les mains. C'est vraiment la merde.
-Donc comment je vais faire?
-En faite, en venant ici, je venais te récupérer.
-Quoi?
Je me redresse d'un coup.
-Oui il faut que tu viennes chez moi.
-Comment ça que je viennes chez toi?
Ce mec est malade! Et puis quoi d'autre?
-Mais oui Rose, réfléchis une minute! Tu ne peux pas rester chez toi, les chasseurs pourraient se ramener n'importe quand et en plus tu risques de mettre ta famille en danger! Tu préfères quoi? Ça ou venir chez moi?
Il se fout de ma gueule la?
-En plus nous t'apprendrons à te battre et à te défendre en cas d'attaque. Tu sais très bien que tu seras plus en sécurité chez moi plutôt qu'ici. Tu vas réagir comment si les chasseurs arrivent hein?
Je me lève de mon lit.
-Non mais ça va pas où quoi? Les chasseurs ne se pointeront jamais comme ça alors que mes parents son ici. Tu délires!
-Pff! Tu crois qu'il se gêneront?
Il se lève à son tour.
-Enfin tu ne comprends donc pas? Nous devons te protéger.
-Non non, arrête de dire ça! La seule chose que vous voulez c'est m'avoir sous l'œil au cas où je me transformerait pour essayer de mieux me dompter. C'est juste pour votre survie à vous que vous faites ça!
-Non, ce n'est pas pour notre survie à nous que nous faisons ça, sa voix est calme. Nous avons promis à ton arrière grand père que nous nous occuperont de toi et que nous te surveilleront. Nous tiendront notre promesse. Nous ne le trahiront pas.
Je croise les bras. Je ne suis pas prête à partir. Je n'en ai pas envie non plus. Il me tend une main.
-Viens avec moi.
Je recule de quelques pas.
-Non.
Il avance.
-Si. Tu sais très bien que c'est ce qu'il y a de mieux pour toi.
-Non, murmurais-je. Non, non...!
Je recule encore et fini par partir en courant dans le salon. Il me rattrape avant que j'ai eu le temps de fermer la porte. Il m'encercle la taille, je ne peux plus bouger.
-Non!
Je me retourne contre lui et continue:
-Je ne veux pas partir!
Je lui donne un coup sur le tors et ne peut retenir un sanglot. Je m'effondre de nouveau.  Ce n'est pas ma journée... Il glisse le long du mur et me cale sur ses genoux. Sa main caresse doucement mon bras ce qui calme un peu mes sanglots.
-Je n'ai pas le choix c'est cela? Dis-je. Sois je te suis sois de toute façon je meurs hein?
Il soupire et me fait un bisou sur le front en guise de réponse. Je prends ça pour un oui.