2 - L'homme des cavernes

1.6K 186 80
                                    

Mon équilibre n'est alors plus qu'un lointain souvenir. Je trébuche et sens tout mon corps partir en avant. Je vois la catastrophe arriver : Evelyn qui pète un câble, les bleus qui coloreront ma peau et me couperont l'accès aux prochaines séances photo, l'annulation de ma participation à la Fashion Week... J'oscille entre colère et désespoir, quand deux bras puissants s'enroulent autour de ma taille et changent ma trajectoire.

Mes mains se posent sur le torse de l'inconnu. Ses muscles sont durs sous mes doigts. Je sens sa respiration chaude contre mon cou, mais n'ose pas encore relever la tête. J'ai besoin d'une minute pour calmer les battements désordonnés de mon cœur. Juste quelques secondes pour reprendre contenance.

Je vous tiens.

Sa voix, roque, me fait frissonner. Ses paumes sont bouillantes contre ma taille. Je lève les yeux vers l'homme qui vient de me sauver d'un terrible faux pas et mon cœur loupe un battement. Mon regard se noie dans l'immensité de ses prunelles vertes. Les paillettes dorées qu'elles contiennent m'hypnotisent un instant. Ses cheveux bruns, encore humides, bouclent légèrement sur son front. Son visage carré est mis en valeur par une barbe de deux ou trois jours. Il me sourit et une adorable fossette vient creuser son menton. Oh ! Cet homme n'a absolument rien à voir avec les mannequins que je côtoie habituellement, mais il dégage un tel charisme, une telle force intérieure...

— Vous allez bien ?

Il parle encore, je ne réponds toujours rien. Pourtant, comme si le simple son de sa voix était capable de dicter et d'influencer mes mouvements, je ressens le besoin soudain de me rapprocher de lui. Mon corps semble se nourrir de la chaleur électrisante du sien. Une main installée au creux de mon dos, l'autre sur mon bras, il m'observe, un demi-sourire sur ses lèvres parfaites. Ses doigts parcourent avec légèreté mon épaule, mon cou, et ma peau s'enflamme sous la caresse. Sa paume se pose sur ma joue et m'oblige à fermer un instant les yeux. Chaque cellule de mon corps me trahit et se tend vers lui. Son pouce explore ma lèvre inférieure et les poils de mes bras se hérissent immédiatement.

Mon portable vibre sur le sol et me ramène à la réalité. L'inconnu me relâche. Le froid qui s'empare alors de moi est tout à fait surréaliste. Tandis qu'il se baisse pour ramasser l'appareil, j'ai l'impression qu'il garde avec lui une partie de moi. Je suis comme débranchée en surface, comme si ma peau ne m'appartenait plus, comme s'il lui avait suffi d'une caresse pour s'en emparer et me laisser nue. Incapable de me détourner, je continue à le détailler. Mes yeux s'attardent alors sur ses fesses...

OH

MON

DIEU !

Le rouge me monte instantanément aux joues. Il se relève et observe l'écran de mon portable. Quand son visage se tourne enfin vers moi, le regard presque possessif qu'il me lance refroidit bien vite mes ardeurs.

— Qui est Swann ? Votre petit-ami ?

— Je ne crois pas que cela vous regarde.

— Un homme sain d'esprit ne vous laisserait pas faire votre jogging en solitaire dans une ville comme Miami. JE ne vous laisserais pas...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase, exaspérée par son ton supérieur, je le coupe :

— Fort heureusement, vous n'avez pas votre mot à dire. Réveillez-vous. Nous sommes au 21e siècle. Les princesses en danger ont des sifflets anti-agression et suivent des cours de self-défense.

Ma répartie lui fait froncer les sourcils. Son regard se plante une nouvelle fois dans le mien et il me réplique :

— Je ne vois ni n'entends votre sifflet.

— C'est parce que le dernier crétin qui a croisé ma route s'est étouffé avec.

Un sourire ironique adoucit ses traits. Notre joute verbale semble beaucoup l'amuser. Il baisse à nouveau les yeux sur mon portable. Les muscles sur développés de ses bras frémissent. Leurs veines, rendues plus apparentes par sa course, m'hypnotisent. Il n'hésite même pas un quart de seconde avant de glisser son pouce sur l'écran pour refuser l'appel entrant de Swann.

Mais pour qui se prend-il ? Mon sang s'échauffe et la garce qui sommeillait en moi est de retour.

— De toute évidence, votre mère n'a pas dû vous enseigner les bonnes manières.

Ses yeux d'un ton vert sauvage me dévisagent. Il arque un sourcil barré par une cicatrice récente. Malgré moi, mon regard s'attarde sur les quelques poils décolorés par sa blessure. Son visage aux traits fermes est de ceux qui, profondément marqués par leur singularité, sont difficiles à oublier. Il possède un je-ne-sais-quoi d'animal séquestré dans un corps effroyablement sexy. Ses courbes débordent de virilité. Je prends le temps de détailler sa tenue : un pantalon de jogging noir lui tombe sur les hanches et un tee-shirt assorti « DELTA FORCE » épouse ses larges épaules et ses pectoraux naturellement sculptés par la vie. Cet inconnu n'a rien de sensuel ou de doux. Il est primaire. Il exsude de lui un érotisme à l'état brut. Chaque homme et chaque femme qui croise sa route doit immanquablement se liquéfier sur son passage. Même mes collègues tops modèles, aux goûts très méticuleux, tomberaient pour une nuit dans ses bras robustes. Il peut jouer dans n'importe quelle catégorie, mais une chose est sûre, il n'appartient certainement pas à celle des enfants de chœur.

— Elle trébuchera à tes pieds dans le seul but de finir sur ton oreiller : voilà ce que ma mère m'a appris.

Il me tend mon portable et, ébahie par autant de machisme chez une seule et même personne, je ne bouge pas. Mes joues s'enflamment violemment. La bouche ouverte, j'essaie de formuler une réponse cinglante, sans succès. Mon esprit préfère me trahir et je me retrouve prisonnière d'une série d'images déplacées, aux couleurs de ces propos. Elles embrasent jusqu'à la plus infime particule en moi. Mon Dieu, mais depuis quand j'accorde de l'importance à ce qu'un inconnu raconte ? Je le toise avec hauteur et réplique :

— Vous me paraissez bien prétentieux pour quelqu'un qui porte des vêtements achetés au marché aux puces.

Ses yeux glissent rapidement sur ma bouche et replongent dans les miens. Il n'a ni l'air du mec aimable, ni l'air du genre galant qui prend son temps avec la gent féminine. Il a plutôt le style Cro-Magnon, grognon et odieux. Je suis sûre qu'il doit être impossible à contenir. C'est le type d'homme à prendre ce qu'il veut, quand il le veut.


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Bonjour à tous, 

Nouveau jour, nouveau chapitre :)

Alors, alors? Vous en pensez quoi de ce bel inconnu? 

Hâte de lire vos commentaires les amis! 

Bisous bisous

Fanny & Kessy

Off The GridOù les histoires vivent. Découvrez maintenant