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Noah

Mon réveil sonna à six heures tapantes, me tirant d'un doux rêve pour me ramener à la dure réalité. La première chose que je fis fut de deverouiller mon téléphone et voir si j'avais un texto. En effet, j'avais une réponse, longuement attendue, de Gauthier.

" Salut Noah...
Désolé de ce qui s'est passé. Je te paie un verre après les cours et je t'expliquerai. Ne m'en veux pas.."

Mon coeur battait la chamade. M'expliquer quoi  ?  Des milliers de scenarios vinrent dans mon imagination débordante.
Gauthier était il en couple  ?  Tueur en série ?

Je n'eus pas le temps de me poser trop de temps et je me pressai jusqu'à la salle de bain. Après une douche chaude, je ne trouvais toujours pas de raison valable à son départ. De toute manière, je le saurais bientôt.

J'espérais le croiser dans les couloirs et en même temps je le redoutais. Qu'allait il se passer  ?? Trop de questions se bousculaient. Je partis donc très rapidement vers le lycée, pour m'échapper dans le tourbillon du quotidien et laisser mes pensées de côté.

Les couloirs étaient déserts à cette heure bien matinale. Alors que je fouillais dans mon casier, la porte du bureau de la CPE s'ouvrit dans un grincement sinistre. Des voix me parvinrent.

- Il faudra que l'on convoque les parents de mademoiselle Rouit !  Dit la voix de la vieille femme.
- Oui !  Je lui dirais en cours tout à l'heure ! Repondit la seconde voix.

Je le reconnus immédiatement. Il s'agissait de la voix de Gauthier !  N'allait il jamais me lâcher ??

La CPE termina leur discussion d'un "a bientot monsieur Allemand" curieux.
En général, elle n'appelait les élèves que par leur prénom. Gauthier aurait il put être un prof  ?  Je souhaitais aller lui parler pour lui poser les centaines de questions qui attendaient une réponse. Mais il était bien plus urgent de verifier s'il etait professeur.

J'attendis une dizaine de minutes puis me dirigeai vers la salle des profs. La boule au ventre et les mains tremblantes, je toquai. Un quarantenaire m'ouvrit la porte.

- je peux quelque chose pour vous mademoiselle  ?
J'hésitais encore, mais c'était le seul moyen de m'assurer que Gauthier était élève.
- est ce que je pourrais voir monsieur Allemand  ?

Il referma la porte puis je pus entendre sa voix.
- Y a une élève pour toi  ! 

La porte s'ouvrit de nouveau. Je fermais les yeux, priant pour ne pas voir Gauthier devant moi. Lorsque j'ouvris les paupières, la première chose que je vis fut son regard gris profond.
Il bredouilla, visiblement aussi gêné que moi.
- Noah...
Je ne pus répondre, trop choquée par la nouvelle. Gauthier était prof  !  Je lui lançai un regard noir et partis en courant, les larmes ruisselant le long de mes joues.

Il m'avais prise pour une idiote. Je le detestais  !  Et je ne voulais plus jamais le revoir  !  Il n'y avait rien à expliquer.

Solène

Je fixais depuis maintenant deux heures le plafond blanc de ma chambre, allongée sur mon lit. L'attente était la pire des tortures. Ne pas savoir où ils étaient, ce qu'ils faisaient, s'ils allaient bien... Je n'avais aucune nouvelle.

J'avais appelé chez Dorian et Mel' :  ils n'étaient pas rentrés, ni l'un ni l'autre.
Quelle idée j'avais eu de les laisser partir  ?  Pourquoi avais je repoussé Dorian  ?  S'il leur arrivait quelque chose, je m'en voudrai tellement.

La nuit parut interminable. Je ne reçus aucun appel. Je surveillai les infos locales, redoutant l'annonce d'un accident.

Lorsque je sus, je me dis que l'attente était un paradis à côté. Juste une phrase, une toute petite phrase prononcée par un journaliste barbant à la télé du coin.

"Deux adolescents causent un accident, l'un n'a pas survécu et le second est toujours sous surveillance médicale..."

Je savais que c'était eux. Meline et Dorian, les deux seules personnes sur qui j'avais pu compter. Lun d'eux n'était plus en vie et c'était trop.

Je me retrouvais dans les films tragiques que j'avais l'habitude de regarder avec Mel. Je venais d'entrer dans le téléviseur. Rien ne comptait plus.

Au début, je restai impassible, le regard vide sans dire un mot. Je ne savais pas quoi faire. Puis j'ai senti le bijou destiné à Meline et mes larmes ont coulé, tel un torrent bruyant.

Ma gorge était nouée et je peinais à reprendre mon souffle. Mon ventre se tordait de l'intérieur, je souffrais d'en savoir un perdu. La tête plongée dans un oreiller, j'étouffai des cris de désespoir. Je n'avais jamais été aussi seule. Je crus ne jamais arrêter de pleurer.

Je reniflais grossièrement. La colère monta soudain, telle une vague au creu de mon coeur. Sans être dans un état conscient, je balayai de la main l'étagère au dessus de mon lit, faisant éclater au sol diverses boules à neiges et coquillages de mon enfance.

D'un coup de pied, je fis basculer l'armoire déjà vacillante et vite, ma chambre se transforma en une pile informe de livres et d'objets sans aucune valeur.

Toujours dans ma paume, je serrais le cadeau de mon amie, priant pour que tout ne soit qu'un rêve, pour me réveiller aux côtés de mes amis.

Le téléphone du salon sonna et je pus percevoir le dialogue.

- Allo  ?  Lauren ?  Oh mon dieu...

Je compris tout de suite. Lauren était la mère de Mel. Je devalai les marches une à une en hurlant du plus profond de moi.

- Papa  !  Ou sont ils  ??
Il baissa la tête, au bord des larmes.
- Solène... Mel est à l'hôpital... Elle est en vie seulement grâce à un coma artificiel.

Mes jambes me lachèrent. Je n'avais plus la force de me relever. Mon amie de toujours était entre la vie et la mort...

Mais... Cela signifiait aussi que Dorian... Je ne préférais pas imaginer. Pourtant j'allais devoir me relever et essayer de vivre alors que Dorian, oui Dorian était mort...

L'amour est une RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant