L'amour est une Rose

§ 5 §

Noah

Le lendemain avait été infernal. Je m'étais remémoré la soirée sans cesse. Gauthier, puis mon père. Après l'épisode de Gauthier, je m'étais fait passer un savon. "Tu n'es jamais là pour ta soeur" répétait mon père. J'avais préféré ne pas répondre même si j'en avais très envie.
Aujourd'hui, je n'avais pas croisé Gauthier de la journée. Et c'était parfait ainsi.

Je descendais donc les marches du lycée avec ma nouvelle amie Jessica, celle avec qui j'avais fait connaissance la veille.

Avec deux autres personnes de notre classe, Phil et Olga, nous avions prévu de sortir pour faire du shopping. J'avais dût décliner cette offre pourtant très tentante.
Ce soir, je travaillais.

Je n'avais pas parlé de ce petit-boulot à mes nouveaux amis. C'était un secret que j'espérais garder pour moi.
Je McDo où je bossais se trouvait à une minute du lycée. Aussi, j'étais arrivée à mon poste à peine quelques minutes après la fin des cours.

A cette heure de la journée les clients affluaient. C'était une des raisons qui ne poussaient à jongler entre la plonge et les frites, surtout sans jamais me trouver à la vue des clients.

Je ne voulais pas croiser une connaissance. Et aujourd'hui surtout, je redoutais de voir entrer Gauthier. Il ne vint pas. Peut être qu'il n'aimait pas manger les hamburgers gras et salés du McDo. Si c'était le cas, alors Gauthier était un gars bizarre.

Mais je partais bien trop loin.

Je finis mon service à vingt et une heures. Heureusement, j'habitais tout près. Le chemin dans la nuit m'avait effrayée lorsque j'étais en seconde. Aujourd'hui il était une part de mon quotidien. Je commençais à reconnaitre les murs sombres tagués et la rue vide. Finalement je me sentais à ma place. Une ombre parmis les ombres.

Brisant ma solitude, une silhouette s'approchait sur le trottoir. La jeune fille passa tel un coup de vent puis disparut dans la nuit noire.

J'arrivai chez moi a l'heure. Fiona avait déjà diné et fait ses devoirs. Un vrai petit ange celle la !

Je pus donc m'allonger sur mon lit paisiblement, n'ayant pour une fois aucune corvée.

Je sortis mon téléphone. J'hésitais à envoyer un message à Gauthier. Il y a feux jours, je ne savais pas qu'il existait et aujourd'hui, sa presence commençait déjà a me manquer.

Tu es étrange Noah...

Mon inconscient répétait cette phrase incessamment. Finalement, prise d'une vague de courage, je composai un texto rapide.

"Salut, c'est Noah.
J'espère que tu te souviens de moi, la fille que tu as embrassée puis lachée hier soir. J'aurais voulu qu'on se revoie mais tu avais l'air déçu.
J'aurais mieux fait de ne pas venir te voir au bar, ça t'aurait évité des problèmes.
J'aimerais connaitre les raisons de ta reaction. Devant un café demain après les cours ??
Bon a plus
Noah"

Je croisais les doigts pour obtenir une réponse mais je ne me faisais pas d'idées : s'il avait eu cette réaction la veille, c'était surement que je ne l'intéressais pas ...

Solène

J'étais impatiente à l'idée de me rendre à la fête ! Je n'avais pensé qu'à ça de la journée. Mes parents avaient accepté : je les avais pris au dépourvu au petit déjeuner et il n'avaient pas pu refuser.

Aussi, j'allais faire les boutiques avec Meline, ma meilleure amie depuis le primaire. Nous voulions trouver les plus belles tenues possibles et une après midi entière ne suffirait peut être pas.

On se depêchait, passant d'une boutique à l'autre en cinq minutes. À cette heure de la journée, le centre commercial était bondé de lycéens qui buvaient un verre ou qui, comme nous, faisaient du shopping. Meline s'était trouvé une jupe en dentelle blanche qu'elle avait assortie à un débardeur turquoise et des escarpins noirs. Elle était si belle, si classe ! Elle paraissait bien plus âgée que ses quinze ans, avec ses boucles noires et ses yeux noisette maquillés à la perfection.

Je l'enviais énormément, depuis toujours. Elle changeait de copain toutes les semaines et ses parents la laissaient sortir en discothèque. J'étais aussi ultra populaire, mais ces détails qui nous différenciaient me faisaient jalouser mon amie.

J'avais acheté une robe saumon très moderne et des ballerines cloutées. Alors que Mel' était allée essayer ses vêtements, j'avais discrètement acheté un collier sur lequel elle avait flashé. J'avais pour projet de lui offrir pour son anniversaire, la semaine suivante.

J'avais passé une superbe après midi en compagnie de Mel et j'avais hâte de me rendre à la fête. Dorian, Carolina et Fanny y seraient aussi ! Pour une fois, je ne voulais pas être la plus belle ou la plus regardée. Non, je voulais être moi ! Je voulais passer une soirée à m'éclater avec mes amis.

Peut être était ce cela la maturité du lycée ? Je sentais que je venais de passer un cap dans ma vie d'adolescente.
Je n'étais plus la gamine super populaire et à la mode. Je me trouvais enfin, et j'assumais enfin que j'avais un cerveau.

Meline vint se préparer chez moi. Nous nous fîmes belles. En enfilant la robe, j'eus l'impression d'avoir dix huit ans. C'était un sentiment agréable. Comme une enfant de six ans qui essaye les chaussures à talon de sa mère. Or, aujourd'hui ce n'était plus un jeu.

Mon amie insista pour me coiffer et releva mes cheveux en un chignon tressé ravissant. Je me maquillai consciencieusement. Font de teint, mascara, liner, crayon, gloss et fards à paupière vinrent souligner et sublimer mes traits.

Pour une fois je me sentais belle. Pas belle comme quand je défilais dans le collège en 3e. Non, belle parce que j'étais une lycéenne épanouie et bien entourée.

J'aurais voulu que rien ne change. J'aurais voulu rester innocente et heureuse. J'aurais voulu tant de choses...