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Noah

La matinée s'était déroulée sans trop d'encombre. Nous avions rencontré nos professeurs et je ne me rejouissais pas à l'idée de passer une année entière à étudier. A quoi me serviraient mes leçons de maths ou d'histoire : je ne comptais pas faire d'études !

Mon avenir était déjà prévu : j'allais avoir mon bac, mention assez bien, bien si j'avais de la chance. Ensuite je rentrerai au conservatoire en section violoncelle et chant, ou alors dans une école de musique. J'aurai un diplôme, je me marierai.

Le seul problème était mon père. Mon avenir était compromis s'il continuait à jouer autant. Il était un adepte de poker, de casino et autres. Il avait déjà perdu beaucoup, il n'allait pas tarder à perdre tout le reste. Ma mère était déjà partie...

Pour cette raison, je travaillais dans un fast food après les cours, depuis la seconde. Je gagnais peu mais je mettais tout de côté pour payer le conservatoire. Mon père n'en savait rien.

J'avais dût arrêter mes leçons de violoncelle, nous n'avions plus de quoi les payer.

Plus rien ne comptait que la musique et mon job. J'essayais de garder mes amis mais je ne m'intéressais pas trop aux garçons. A quoi bon avoir un copain si j'allais le quitter à la fin de l'année ?

Je sortais du self avec une fille de ma classe. On marchait en direction du hall, occupées par une discution à propos des vacances quand je percutai un jeune homme. Il paraissait un peu âgé pour être au lycée. Il avait surement redoublé. Ses yeux étaient d'un gris profond et ombrageux et ses cheveux bruns.

- Oh, je suis vraiment désolée... Je bredouillai.
- C'est rien...
Repondit il en me souriant. Il jeta un oeil au livre ou était écrit mon nom.

- C'est rien Noah... Reprit il, toujours avec cette même expression.

Je lui rendis son sourire et il me tendit le bouquin de maths que javais fait tomber.

- enchanté, Gauthier !
Je répondis timidement.
- Noah...

Je partis rapidement. Ce gars me faisait un effet indescriptible un mélange d'angoisse et de tendresse. Ça ne m'était jamais arrivé. Ou pas depuis longtemps.

Un garçon m'avait plu, une fois. J'avais quatorze ans et lui dix sept. Il me plaisait tellement. Mais javais déménagé peu après et on s'était avoué nos sentiments trop tard. On était restés dans une relation a distance entre l'amitié et l'amour et puis, du jour au lendemain , il a eu une copine et tout avait changé. Mais a ce moment, pour moi, tout venait de changer.

Gauthier... Son nom et sa voix mélodieuse résonnaient en moi, me procurant un sentiment de réconfort, un frisson de bonheur dans une vie si compliquée alors que je venais à peine de le rencontrer.
Je ne savais rien de lui mais j'étais sure d'une chose : je voulais le revoir...

Solène

Le bureau du principal m'était étranger. Durant mes années de collège, j'avais été parfaite. Mes résultats étaient passables et mon comportement en classe exemplaire. Je poussai la porte de bois verte pour entrer dans une salle moderne et rénovée. Les murs étaient d'un blanc net et le sol en parquet.

Il y avait un grand bureau en verre derrière lequel se tenait le principal. C'était un homme plutôt jeune, âgé dune trentaine d'années. Il portait une chemise bleue ciel repassée à la perfection et soulignait son côté serieux par une monture ovale et des verres épais.

- Assieds toi. Dit il simplement.

Je ne disais rien, trop honteuse pour ouvrir la bouche. Je me contentais de baisser la tête, fixant mes genoux.

- Dans cet établissement les injures sont sanctionnées sévèrement. Nous sommes dans un lycée, pas dans un zoo jeune fille.

Il me fixait. Ces paroles de reproche étaient en décalage avec son air posé et sa voix douce.

Je me contentais de bredouiller un petit "Oui monsieur..."

Il me tendit un papier bleu, annonçant malheureusement une heure de colle ce mercredi.

Il paraissait désolé de devoir me punir. Il me sourit.
- Je suis certain que Rémy méritait cette insulte mais tu aurais dut le faire en dejors d'une salle de classe.

- Merci monsieur... Je souris. Et encore désolée.

Je quittai la pièce, tenant dans ma paume le billet de retenue. Je me demandais quelle réaction aurait ma famille. Ma mère, si parfaite femme d'affaire et mon père, discret directeur d'entreprise, ne manqueraient surement pas de me passer un savon.

Je me dirigeai a présent vers le cours suivant. C'était une classe de chimie. Notre prof n'était autre que le grand frère de Meline. Il était jeune et attirant et je le connaissais depuis de nombreuses années mais j'allais tout de même devoir l'appeller "Monsieur Allemand".

Je poussai la porte de la salle de cours quelques minutes après la sonnerie.
Le prof me lança un regard gris amusé.

- Et bien, du retard le premier jour ! Vous battez des records mademoiselle.

- Je suis désolée, j'étais dans le bureau du principal.

Alors que je prononçai ces mots, je lançai un regard hargneux a Rémy.

- Allez vous asseoir. Continua t il.

Le cours commença. M Allemand nous expliqua sa manière de travailler, toujours avec un peu d'humour. J'avais hâte d'avoir d'autres cours avec lui. J'étais persuadée de ne pas être la seule élève à qui il plaisait. Toutes les filles de la classe étaient comme ensorcelées. Mais on ne se faisait pas d'illusion : il ne pouvait pas nous plaire, c'était juste de l'admiration. Et puis, personnellement, j'avais une relation differente avec lui. Il était le frère de ma meilleure amie donc c était un peu comme mon frère aussi...

L'amour est une RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant