Chapitre 2 : Chris (mai 2010 et décembre 2012)

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Enfin, j'allais le rencontrer. L'homme grâce et pour qui j'étais arrivé jusqu'au grade de lieutenant. J'étais à la fois excité et angoissé, à l'extrême. Le duo classique du stress du collégien. Je résistais pour ne pas vibrer bêtement sur ma chaise, dans ce qui servait de salle d'attente. D'autres soldats étaient là, aussi, mais ils étaient comme invisibles pour moi. Je n'avais même pas retenu leur nom, en fait. J'aurai des efforts à faire à l'avenir.

Je me surpris à repenser à Sherry. Cela faisait maintenant un an et demi que nous nous étions séparés, à la sortie de l'école. Je voulais savoir si elle avait elle-même atteint ses objectifs. Je l'espérais sincèrement. C'était une fille géniale, elle le méritait amplement. Je reprendrai de ses nouvelles pendant ma prochaine permission.

Puis, mon angoisse concernant le capitaine Redfield revint. Étant donné que j'étais le plus gradé des soldats présents, je serai sans doute son suppléant direct, et le premier à le rencontrer. Je ne savais pas pourquoi il tenait à rencontrer ses soldats un par un, mais ça augmentait mon angoisse. Moi, seul à seul avec un héros. Je me sentirais sans doute écrasé, insignifiant...

Un soldat, sans doute une sorte de préposé au secrétariat, sortit de la salle voisine pour me faire signe d'entrer. J'avalai ma salive, je poussai un soupir, et je me levai presque douloureusement de la chaise sur laquelle je n'étais assis que depuis dix minutes. Je marchai excessivement lentement, même moi je m'en rendais compte, et le soldat me tint la porte.

-Lieutenant Piers Nivans ? Asseyez-vous, dit une voix

Les yeux absorbés par le sol, je me dirigeai néanmoins vers la chaise en face du bureau, de l'autre côté duquel se trouvait sans aucun doute mon idole. J'accrochai la sangle de mon fusil fétiche à ma chaise, et m'assit, les genoux serrés et les mains sur les genoux, comme à chaque fois que j'étais nerveux.

-Regardez-moi, soldat, reprit le capitaine

Pour une raison que je ne m'expliquais pas tout de suite, mon cœur s'est mis à battre à tout rompre. Je respirais avec difficulté, mais je réussis néanmoins à obéir au premier ordre que Chris me donnait. Son regard intercepta le mien, et la Terre s'arrêta de tourner.

-Détendez-vous, d'accord ? ajouta-t-il d'un ton conciliant

Le sang me monta à la tête, et je réussis à acquiescer. Même si, évidemment, je ne pouvais pas décemment me calmer aussi vite devant une figure aussi imposante. J'avais déjà vu des photos de Chris, dans les archives du BSAA, mais le voir en vrai, c'était autre chose. Cependant, c'était le cadet de mes soucis, là.

Ce n'était pas de l'admiration, ni du respect, ni de la soumission que je ressentais en voyant le légendaire Chris Redfield me sourire, à moi, une limace. Non. C'était quelque chose de bien plus fort, de bien plus profond, de bien plus inexplicable.

J'ai su, au moment où je l'ai vu, que son visage ne quitterait plus jamais mes pensées.

-Donc, Piers, reprit Chris. Qu'est-ce qui vous a amené ici ?

Je dus me retenir pour ne pas dire quelque chose du genre "je suis venu en train, et ensuite en bus". Car j'en aurais été capable. Pas comme une note d'humour, mais parce que j'étais encore un peu paumé. Alors je me reconcentrai sur le plus important, en réfléchissant à ma réponse. Je réussis à la dire avec un naturel assez convaincant, dans mon oreille du moins.

-L'armée est une histoire de famille, en ce qui me concerne. Qui plus est, j'ai toujours été très impressionné par vos exploits, capitaine. C'est un honneur de travailler avec vous.

Biohazard : Code NivansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant