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       Mon réveil affichait sept heures du matin lorsque je m'éveillais en sursaut, étendu au milieu des draps éparpillés, trempés de sueur. Un violent mal de crâne m'embrouillait les idées et mon estomac pesait une tonne dans mon abdomen. Ce mauvais rêve dans lequel j'étais poursuivi par une créature noire mi-humaine, mi-démon dont le corps semblait être fait de fumée était d'un réalisme époustouflant. Les scènes s'enchaînaient à une vitesse vertigineuse. Lorsque j'étais sur le point de gagner, l'étrange créature aux griffes acérées reprenait le dessus avec une force décuplée, ses coups étant plus puissants à chaque nouvel assaut. Je me retrouvais rapidement acculé dans un coin, pris au piège par mon propre stratagème, les mains à hauteur du visage dans une vaine tentative de protection. Le démon aux yeux brillants d'excitation tenait fermement sa longue hache à doubles tranchants aussi aiguisée qu'une lame de rasoir. Son arme était capable de fendre les diamants les plus purs, sans que les lames n'en soient émoussées. Mon corps, secoué de spasme incontrôlable avait abandonné la bataille, il me laissait doucement quitté ce cauchemar pour retrouver la réalité qui fut plus dur encore à accepter. Mes mains à plat de chaque côté de mon corps inerte dégageaient une chaleur diffuse qui réchauffa les draps, alors que des détails du cauchemar me revenaient sans cesse. Mes poings serrés étaient brûlants, pourtant c'était étrangement rassurant. Je fermais les yeux, et si Aaron et notre excellente note de la veille n'étaient pas venu se greffer au fil de mes pensées, je serais retombé dans l'onirisme.
        Je me redressais tout à coup sur mon lit. Mes souvenirs avaient disparu. Impossible de me rappeler de ma soirée de la veille, comme si ces dernières heures avaient été effacées de ma mémoire. Je m'efforçais pourtant de réfléchir, mais un mur m'empêchait de rassembler les éléments. La dernière chose dont je me souvenais était ma conversation avec Aaron, peu de temps avant que ses boucles noires ne se fondent dans la masse d'étudiants. Après ça, c'était le trou noir, comme si ma mémoire avait délibérément omis une partie de la trame, pour une étrange raison. La chaleur de mes mains ne parvenait pas à dissiper le sentiment qu'il s'était produit quelque chose de grave qui me nouait l'estomac tandis que ma tête tournait légèrement. Plus je me passais l'histoire en boucle, plus le mur qui me séparait de la vérité s'épaississait.
         Soudain, aussi furtive soit-elle, une idée me traversa l'esprit. Je me relevais d'un bon, ignorant la douleur qui me vrilla le crâne, attrapais mon ordinateur négligemment jeté sur une pile de linge. Je patientais un instant avant que l'écran de verrouillage ne s'affiche, puis j'entrais mon mot de passe. Après de secondes interminables, l'écran d'accueil s'afficha. Je cliquais sur l'icône « fichier », parcourais d'un rapide coup d'œil la liste de mes dossiers dont le dernier avait été enregistré hier soir aux alentours de minuit. Je poussais un soupir. Me voilà au moins en possession d'un indice, même s'il ne m'aidait pas à combler les morceaux manquants. Cette insignifiante information était un pas en avant, mais j'avais l'impression d'un faire deux en arrière, de me retrouver au point de départ. À l'évidence, je tournais en rond, seul dans cette étouffante chambre. Telle une vengeance d'une force supérieure, mon ordinateur bascula dans le vide, heurta brutalement le parquet. Je lâchais un juron. Je rejetais violement les draps qui s'échouèrent au sol, me levais d'un bond fiévreux. J'attrapais l'appareil, l'inspectant sous tous les angles. Ce n'était pas le moment de m'abandonner, il devait fonctionner, c'était un ordre. Je n'avais ni la fortune ni la patience d'un acheté un nouveau, mon antiquité me suffisait amplement. Vérification faite, il n'avait subi aucuns dommages collatéraux. Les touches étaient à leurs places, l'écran avait son aspect d'origine, soit d'hideux pixels. J'étais soulagé. Poussant un bref soupir, je le posais délicatement sur le lit aux draps défaits. Là, se mélangeant aux plis du linge de lit, un détail anormal me pétrifia. Mes veines se transformèrent en glace. Je n'avais jamais vu ça auparavant. Les tissus, le matelas étaient maculés de cendres, à l'endroit où se détachaient les contours brûlés d'une main. Et pas n'importe laquelle, réalisais-je, c'est la mienne. D'un lent mouvement, je traçais les contours carbonisés, cependant qu'un frisson remonta le long de mon bras. Mais que s'était-il passé ? D'où est-ce que cela pouvait provenir ? Je l'ignorais. C'était irrationnel, les hommes ne pouvaient générer de tel phénomène, c'était impossible. J'observais mes mains, les sourcils froncés. Elles étaient tièdes, mais par-dessous, maculées de tâche noirâtres. Pas un seul millimètre n'était épargné. Quelque clochait, mais je refusais obstinément de croire à cette supercherie. J'essuyais la cendre de mes mains sur mon short, me répétant inlassablement que ce n'était qu'une hallucination. Une hallucination qui glisserait sur moi sous les jets apaisants de la douche. Oui, c'était sûrement ça. Je rêvais encore, l'esprit embrumé à cause de cet horrible cauchemar, en équilibre sur l'étroite ligne qui séparait les songes de la réalité. Je devais prendre une douche. Prendre une douche. Concentré sur ce mantra, j'allais machinalement chercher des vêtements dans la commode, en glissant mon téléphone dans ma poche. J'attrapais mon trousseau de clé et quittais ma chambre sans un bruit, guidé par des fils invisibles.

Fire King - Tome 1 : The Red Dawn.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant