Je m'appelle Maya Lewis, j'ai 16 ans. Je vis ici depuis presque un an désormais.
Ici, c'est l'endroit où toutes les personnes mortes de manières accidentelles sont accueillies. Pour ma part, j'ai été victime d'un accident l'année dernière.
Ce jour là, je me levais comme tous les matin : en retard. Mon grand frère, Victor, faisait tout pour me mettre plus encore dans le pétrin. C'était notre routine du matin. J'essayais d'arriver à l'heure tandis que lui n'en avais rien à faire.
J'ai fini par réussir à attraper le bus scolaire. Mon frère lui n'était même pas encore sorti de la maison... Il allait sûrement encore arriver avec du retard, s'il ne décidait pas tout simplement de sécher les cours.
En arrivant dans le bus j'avais repéré mon amie Ava, de son vrai nom Avanna Cambeerg. Nous nous connaissions depuis les premières années de notre vie, nous étions inséparables.
Je m'asseyais donc à ses côté, lorsque je sentis une vague de chaleur arriver dans le car. J'ai attrapé le main d'Ava pour sortir mais je suffoquais déjà, une douleur atroce s'est alors répandue dans tout mon corps puis plus rien...
Je reprenais lentement conscience. J'étais couchée au sol. Je ne sentais plus rien. Plus aucune douleurs, plus aucun poids, je me sentais légère.
Mais autour de moi, une effervescence paniquée avait envahi les lieux. Des pompiers, des ambulanciers et d'autres inconnus se pressaient, hurlaient et courraient dans tous les sens. Je reconnaissais mes voisins, ils étaient affolés, leurs fils prenait le bus avec nous.
Et soudain, le retard, le bus, la chaleur, la douleur, ça me revenait, je comprenais alors la source de cette agitation. Je me mis alors à chercher Ava du regard. Je ne sentais plus sa main. Je me redressais, elle étais à côté de moi. Le corps inerte.
Paniquée, j'appelais à l'aide, personne ne réagissait, ni ne me laissait même un regard. Je me sentais invisible. J'avais beau hurler personne ne se retournait.
C'est alors que j'ai croisé le regard de ce jeune homme qui était arrivé devant moi, me tendant la main. Je le suppliais de trouver quelqu'un pour la sauver quand il me répondit qu'il s'était déjà occupé d'elle, qu'elle m'attendait.
Je ne comprenais rien, je lui expliquais et réexpliquait que mon amie était à côté de moi et que personne ne s'occupait d'elle. Il ne semblait pas comprendre. Je décidais donc à me lever pour aller chercher quelqu'un moi même puisque personne ne faisait rien.
C'est en me levant que j'ai compris, j'ai vu mon corps, extrêmement abîmé, devant moi, à côté de celui d'Ava, et de nombreux de nos camarades de bus.
Des larmes coulèrent alors de mes joues : mes amis étaient morts... Ma vie était finie... A 16 ans, on ne connaît rien au monde qui nous entoures...
Me voyant faible, le garçon est venu me prendre la main, il m'expliqua qu'il était venu nous chercher pour partir dans les limbes. Que je n'aurai plus de contact direct avec ce monde jusqu'à ce que je me réincarne.
Mes seules pensées étaient pour ma famille, ils allaient souffrir de cette mort, bien plus que moi, j'aurais aimé qu'il sachent que j'allais bien et qu'on se reverrai, mais ce n'était pas possible...
Évidemment quand on est mort, on ne parle plus.
J'ai couru jusqu'à Victor qui était arrivé sur les lieux, je m'étais arrêtée devant lui, mémorisant chaque traits de son visage, ses yeux bleus pareils aux miens, ses mèches rebelles qui lui tombaient dans les yeux... Il allait me manquer...
Je voulu le prendre dans mes bras mais je passais à travers. Il redressa la tête comme s'il m'avait sentie, j'ai plongé une dernière fois mon regard dans le sien.
La seconde suivante je disparaissais.
