Pinocchio

Mensonge numéro 3

Lorsque la sonnerie de la fin de journée retentit dans les couloirs, les élèves se levèrent aussitôt. Sans noter les devoirs pour le lendemain, ils rangèrent pêle-mêle leurs affaires et sortirent avec une frénésie toute nouvelle. Des groupes se formèrent et chacun racontait son histoire personnelle. Une bande de filles passa la grille et traversa la chaussée.

Cinq en tout, elles riaient à en perdre haleine et en avaient les larmes aux yeux. C'était un de ces moments entre copines qui créait de bons souvenirs. Puis, au détour d'une rue, une des filles sortit du groupe en les saluant de la main. Celle-ci se dirigea vers une maison cossue.

-Wouah! C'est la maison de Laura? Elle en a de la chance!
-Si on peut appeler ça une maison, c'est une villa plutôt!
-Mais c'est vrai qu'on est dans le quartier chic de la ville.
-Tu penses que ses parents sont célèbres?
-Aucune idée, peut être qu'ils ont un boulot qui paye bien...

Sofia examina la villa du regard et acquiesça lorsque les autres en faisaient l'éloge. Elle observa la peinture neuve de la bâtisse, le toit high-tech dernier cri ou encore la porte fenêtre immaculée par laquelle Laura avait pénétrée.
Le jardin n'était pas en reste car il présentait une piscine aussi bleu que le ciel. Le gazon tondu de près et la chaise longue en bois vernis complétaient la panoplie de la maison de rêve.

-Hey les filles!

Toutes tournèrent la tête vers Sofia.

-Ma famille est héritière d'une immense fortune! Ma maisonnette est aussi jolie que celle de Laura, panneau solaire en bonus!
-C'est vrai?

Sofia opina du chef et sourit en dévoilant des dents parfaites:

-Venez, je vais vous la montrer! On a même un chien, on l'a appelé Obama.
-Pourquoi ce nom? Étrange pour un animal..
-Parce qu'il a du charisme comme le président, voilà pourquoi!

Toutes s'esclaffèrent de nouveau. Suivant Sofia, elles attendaient avec curiosité de voir la demeure qu'on leur promettait.
Puis de rue en rue, les maisons prenaient la forme de manoirs modernes terriblement luxueux. Sofia traversa la route comme une flèche avant de se poster face à une porte blindée.

Le code composé, elle salua ses camarades qui bavaient d'envie. Puis lorsqu'elle referma le portail, elle resta derrière à attendre le départ des adolescentes et sourit de satisfaction. La maison n'était pas à elle mais c'était tout comme... Elle appartenait à des propriétaires chez qui elle avait effectué du babysitting, actuellement en déplacement..

Une fois, le champ libre, elle fit demi-tour en courant, loin des regards.