L'Archéologue (La Disparition)

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Une sagesse chinoise dira qu'un jour n'est ni bon, ni mauvais. L'hindoue répliquera que le jour n'est ni bon ni mauvais dans sa relativité, mais l'est dans son objectivité vis à vis des personnes et de leur karma. Les européens penseront volontiers que la qualité d'un jour se calcule avec le nombre d'événements qui seront arrivés et leur effet, positif ou négatif, sur le genre humain. Finalement, on peut dire que cela était laissé à l'appréciation de chacun, mais qu'une chose était sûre : dans la vallée du Mouron, beaucoup d'habitants de Berlieu eurent, ce jour-là, un très mauvais jour. Et cela n'avait sûrement rien à voir avec leur karma.

Pourtant, rien ne pressentait le déferlement de violence qui allait déchirer des vies entières quand le soleil s'était levé. On était lundi, les vacances de Toussaint avait débuté depuis le vendredi soir de la semaine passée. Ce week-end, beaucoup avaient préféré se reposer en vue de partir durant ces deux semaines de pause. Ou tout simplement, se préparer des promenades en famille – le temps était encore très favorable. Un petit groupe de jeunes gens néanmoins s'étaient laissés tenter ; lycéens de Berlieu et de Châtelain, ils s'étaient retrouvés dans la forêt de Bois-Perdus. Malgré la pluie, leur samedi n'en avait pas été gâché pour autant. Quant au dimanche, sûrement n'était-il pas à parier qu'il fut plus reposant et moins stressant, tout de même que ce fameux lundi.


Le réveil sonna et la main endormie se traina péniblement hors de la couette pour l'arrêter. Une tête ébourrifée émergea ensuite de dessous les couvertures. La jeune femme se mit péniblement debout. Son regard s'attarda sur les lourds rideaux qui empêchaient les quelques vicieux rayons de soleil qui se seraient faufilés à travers les minuscules interstices des volets de pénétrer dans ce sanctuaire qu'était la chambre de Magalie Pelet. Non, pas la lumière crue, pas encore. Baillant à s'en décrocher la mâchoire, elle se saisit d'un gilet mauve trainant sur sa chaise qu'elle passa autour de sa nuisette. Accrochant les bords d'une main, elle sortit ensuite de la pièce pour se diriger vers celle qui y était directement accolée. Doucement, elle fit tourner la poignée et ses doigts fins vinrent appuyer sur l'interrupteur. La lampe du plafond se mit aussitôt en route. Dans le lit d'en face, un grognement plaintif se fit entendre. Elle s'approcha et descendit la longueur de couverture nécessaire pour embrasser le crâne chevelu.

- Allez mon chéri, il faut se lever, maintenant.

Malgré les yeux toujours clos, un sourire se dessina sur la face enfantine. Sachant bien qu'il ne tarderait pas à se lever, Magalie le laissa là et se rendit dans la kitchenette. Comme elle habitait le dernier étage de la maison des Mélèse, il avait fallu tout réorganiser. Heureusement, une pièce – celle où elle se tenait présentement, s'était retrouvée située juste au-dessus d'une salle de bain ce qui faisait que les conduits étaient déjà présents. Elle avait pu installer un robinet assez grand car elle faisait toute la vaisselle à la main, un petit congélo, tassé dans un coin, et une table avec deux chaises, une armoire où elle rangeait tout, que ce soit assiette comme poêle et enfin, elle avait même pu installer une plaque électrique. Se dirigeant vers le placard, elle en sortit deux bols, le sien avec une anse, tout jaune et celui d'Enzo, avec deux anses et des poissons rouges. Elle brancha la cafetière à la prise accrochée sur le mur – et ce faisant, débrancha le micro-onde dont le fil vient trainer à côté de celui du grille-pain, et la mit en marche. Sortit deux petites cuillères. Le paquet de corn-flakes pour Enzo. La confiture de prune pour elle. La bouteille de lait pour les deux. La cafetière se mit à fumer. Elle la débrancha, la renversa dans son bol et rajouta une petite rasade de lait pour faire refroidir le liquide plus vite et adoucir son amertume.

- Bonjour maman ! fit une petite voix encore toute ensommeillée, mais déjà pleine d'enthousiasme pour la journée à venir.

- Bonjour mon chéri, lui répondit-elle.

Les Chroniques du Mouron (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant