Chapitre 2

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Londres, le 1er septembre. Lieu ? Quai 9 ¾

Le moteur de la vieille voiture moldue que les Weasley avait louée vrombissait. Alors qu'elle filait à une allure douteuse sur les routes de campagne en direction de la capitale, Hermione observait le paysage défiler. Il était bien sûr hors de question qu'elle arrive sur le quai 9 ¾ avec les Weasley. Sa couverture risquant de tomber aussitôt. A l'origine, elle était sensée arriver à la gare aux moyens d'un Portoloin, et se débrouiller par ses propres moyens. Mais Hermione avait lancé un regard noir à l'opportun qui avait proposé cette solution. On lui avait accordé un peu de répit. Et elle avait gagné quelques heures en compagnie des gens qu'elle aimait. La voiture devait la déposer près du Chaudron Baveur. Elle marcherait jusqu'à la gare.

Le trajet passa bien trop vite à son goût. Bientôt ils arrivèrent à Londres. Au moment de descendre de la voiture et après une dernière embrassade, Mr Weasley lui adressa ses dernières recommandations et :

-Bon courage Hermione... euh pardon, Gabriel, désormais.

La jeune fille saisit sa valise et regarda la voiture s'éloigner. Tout avait changé. Sa valise n'était pas sa valise, ses affaires n'étaient pas ses affaires. Même sa baguette n'était plus la même, elle avait subi un nouveau design afin de la rendre méconnaissable. Puis, d'un pas décidé, et particulièrement masculin, elle se rendit à la gare. Elle vérifia qu'aucun moldu ne regardait dans sa direction avant d'entrer sur le quai 9 ¾. L'ambiance était toujours la même depuis sa première année en ce jour de rentrée. Joie et Tristesse. Il y avait ceux qui se tombaient dans les bras. Les premières années perdues, qui n'osaient pas quitter leurs parents. Les cris de retrouvaille. Et les ragots déjà, sur ceux que l'on n'aimait pas. Hermione, alors qu'elle passait à côté de Lavande, entendit cette dernière souffler ceci à l'oreille de Parvati.

-Regarde un peu Parkinson. Elle a pris au moins dix kilos, non mais regarde-moi ce cul ! Il est énorme. Il parait qu'elle est enceinte, et que son mariage avec Malefoy est prévu pendant les vacances de Noël.

Sans se retourner, la jeune fille entra dans le train. Elle bouscula sans vergogne quelques élèves qui la gênaient dans son déplacement. Il fallait bien qu'elle rentre dans la peau de son personnage : Un très sympathique Serpentard insociable. Elle s'engouffra dans le premier compartiment vide qu'elle trouva et en referma la porte aussitôt. Un peu de calme, que c'était jouissif. Cela lui permit surtout de souffler un grand coup et de se remettre les idées en place. Personne ne s'était retourné sur son passage en hurlant : « Hermione te voilà ! » et personne non plus ne l'avait dévisagé la mine troublée et interrogative. C'était plutôt bon signe.

Mais le calme fut de courte durée, avant l'arrivée de la tornade de premières années surexcitées qui s'infiltrèrent dans son compartiment. Le premier élève s'arrêta net, en voyant le regard noir que lui lança le jeune homme qui lui faisait face. Timide, il n'osa pas entrer, mais les gamines qui le suivaient, le poussèrent en lui soufflant que « de toutes façons, il n'y a plus de places nul part ». Hermione se laissa tomber dans son fauteuil. Elle aurait volontiers offert de la place aux arrivants. Mais dans le but de passer pour un parfait connard, elle préféra leur adresser un regard qui voulait dire : « N'essaye même pas de t'assoir sur ma banquette ».

En temps normal, elle aurait sorti un gros bouquin et aurait fait abstraction du monde qui l'entourait. Mais un bon Serpentard ne sortait pas de pavé littéraire pour se divertir. Faisant mine d'être agacée par la présence de ces petits cafards de nouveaux, Hermione se leva, et quitta le compartiment. Et maintenant ? Où était-elle censée aller ?

Elle déambula sans but dans le train, étudiant la réaction des autres élèves. La plupart des gens l'ignorait. Certains, les plus vieux, levaient un sourcil interrogateur en la voyant, se demandant probablement qui était ce nouveau qui devait avoir leur âge. Quelques filles gloussèrent sur son passage. Elle était apparemment à leur goût. Et soudain, son cœur se mit à battre la chamade, comme en ces jours terribles d'examen. Malefoy venait de sortir de son propre compartiment et se dirigeait droit vers elle. Hermione resta de marbre et continua d'avancer, les mains dans les poches. Comment allait-il réagir ? Allait-il la reconnaître ?
Cachée derrière sa mèche de cheveux, elle le fixa du regard. Elle vit le Serpentard accoster une jeune fille, la détailler du regard, la dépasser et se retourner pour mater son cul. Il jeta un coup d'œil par la vitre du wagon, et enfin il la vit. Ou plutôt il le vit. Comme tous les autres septièmes années qu'elle avait croisé jusqu'à maintenant, il leva un sourcil étonné, détailla rapidement son visage, passa à côté d'elle et ... continua son chemin sans se retourner. Ouf... Il n'avait rien remarqué. Il en restait quatre à convaincre. Mais Hermione pensa que si Malefoy y croyait, les autres y croiraient aussi. Elle croisa Ginny près des toilettes, qui l'air de rien lui pinça les fesses en guise d'encouragement. La jeune fille sourit. Au moins, il y avait quelqu'un qui pourrait l'aider.

La Courbe De Tes Yeux (Ou les mensonges d'un visage)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant