Après avoir claqué la presque totalité de notre fric -qui n'était pas réellement le notre, et après avoir passé quelques jours dans ce somptueux hôtel, Harry décide de partir, par faute de moyen. Je le suis, puisque je n'ai pas le choix mais aussi parce que je l'aime. Retournons à nos bons vieux motels...
Je ressens comme une petite mélancolie lorsque nous passons d'un hôtel étoilé à un motel délabré où les hommes mariés viennent pour tromper leur femmes, ou encore où les jeunes viennent dealer, s'envoyer en l'air. Je crois que le point faible le plus flagrant est le fait qu'on entend tout ce qu'il se passe dans les motels. Ça peut aller d'une partie de jambes en l'air à une dispute de couple. Une fois j'ai surpris un homme dire à une femme qu'il allait quitter son épouse et se remarier avec cette fille, qu'ils referaient des enfants et qu'ils vivraient heureux. Puéril.
Voilà maintenant trois heures que nous roulons et je commence à perdre patience. Harry est plongé dans ses songes, il ne m'a pas adressé la parole depuis que nous avons quitté l'hôtel. D'habitude il me demande quelle ville j'ai envie d'explorer mais là, rien du tout. Je passe mon temps à observer le paysage, à compter le nombre d'arbre il y a, le nombre de voiture que nous croisons qui est très faible étant donné que nous sommes partis tard le soir. Harry lâche des insultes lorsque je me mets du vernis. Il remet son énervement sur la route qui n'est pas éclairée alors que je sais qu'il n'aime juste pas l'odeur du vernis. J'ouvre ma fenêtre pour fumer une Marlboro pendant qu'Harry allume la radio qu'il éteint immédiatement en entendant un air de Katy Perry.
- Ils ne peuvent juste pas passer du bon son ? C'est trop demandé ? Crache Harry.
- Tu n'as qu'à appeler la radio pour leur dire que la musique qu'ils passent est de la pure
merde ? Je propose, dans le vent.
- Je vais faire ça.
Il ne dit plus rien ensuite.
Je siffle un air que j'ai en tête et Harry me rejoint. Il me regarde brièvement et me sourit. Sa main vient se poser sur ma cuisse qui est gelée à cause de la chute de température.
- Tu as froid, bébé ? Remarque mon petit ami.
- Juste un peu, mais ça va, je ne suis pas en sucre.
- Il fallait me le dire, je monte la température.
Je le remercie et embrasse son avant bras . J'observe ses tatouages en caressant sa peau colorée par l'encre noire.
Il va falloir que j'y passe à mon tour. Depuis le temps que j'en veux un. Harry joue avec son piercing entre ses dents. Je me rappelle la première fois où je l'ai vu, il m'a impressionnée. Je n'avais jamais vu un homme aussi tatoué et percé. Cependant, il m'a tout de suite plut.
- Cinq kilomètres. Braille Harry.
- Cinq kilomètres quoi ?
- Nous arrivons dans cinq kilomètres. C'est pas trop tôt.
Je souris, à l'approche de ce fameux motel. Je suis crevée, je pourrais dormir debout. Effectivement, quelques petites minutes plus tard, nous arrivons à ce fameux motel. J'avale difficilement ma salive en voyant la pancarte extérieure qui est beaucoup moins accueillante que le palace où nous avons séjourné la veille.
Harry se gare sur le parking qui est totalement vide, seule une voiture beige y est garée. Il éteint le moteur, enlève les clés et vient m'ouvrir la portière. Je descends et il me prend dans ses bras, je le serre du plus que je peux. Je ne peux décidément pas me passer de lui.