Dante
Le bourdonnement du moteur qui vrombit entre mes jambes me permet de me détendre temporairement. C'est comme un shoot d'adrénaline qui réussit généralement à me calmer. Suivi des autres, je roule depuis des heures. Direction le chapitre des Steel Miami. Je dois rejoindre ce connard de Mercy le temps de réinstaller mon autorité auprès des anciens. Les Bloods doivent être anéantis, et pour cela j'aurai besoin de leur aide que je suis venue quémander comme le dernier des ratés.
Les anciens avaient prévu que cela arriverait, étant donné qu'à la lumière des récentes révélations, il est clair qu'on m'a donné un chapitre déjà pourri de l'intérieur. Je gouvernais une bombe prête à exploser de toutes parts, et au lieu de me focaliser sur le plus important, j'ai laissé cette sorcière m'envoûter. Pas un jour ne passe sans que je ne pense à cette garce. Cette fille pour laquelle j'ai remué ciel et terre dans l'unique but de la retrouver et la ramener auprès de moi. J'attendais depuis des jours, m'impatientant de plus en plus, jusqu'à ce qu'elle réponde finalement à ma missive. J'avais enfin le OK pour défoncer tous ceux qui oseraient se mettre sur mon chemin. Tout ça juste pour la serrer dans mes bras et la protéger de toutes ces emmerdes qu'elle s'attire irrémédiablement.
— Putain ! lâché-je entre mes dents en serrant le guidon de ma bécane jusqu'à sentir mes doigts s'engourdir.
Elle était là, devant moi, aux côtés de ce flic, et alors que ses grands yeux verts se sont enfin posés sur moi, je n'avais plus qu'une seule envie : me la faire comme jamais avant. La tenir bien calée contre moi alors que je m'enfoncerais en elle, savourant ce moment que j'attends depuis des plombes. Je ne suis pas un mec qui aime parler, en revanche je peux illustrer mes intentions et c'est précisément ce que j'aurais fait. Jusqu'à ce qu'elle demande grâce, j'aurais pris sans compter le nombre de soupirs orgasmiques qui auraient franchi ses lèvres délicieuses. Elle m'a rendu mon baiser avec une ardeur qui lui ressemble bien, se laissant aller au gré de ses envies, sauf que lorsque j'ai levé les yeux, mon regard a croisé celui de Chris.
J'ai aisément lu en lui l'ampleur de sa convoitise. Putain ! Tu peux tenter de me prendre tout ce que j'ai, mais si tu la touches elle, je jure que je te tue. Je n'ai pas eu à parler, je sais qu'il a compris. Cet imbécile m'a alors souri. Comme si l'éloigner de moi n'était pas suffisant ! Ce mec doit impérativement se souvenir où est sa place, ai-je songé en faisant un geste presque imperceptible vers Luis. Ivy a finalement quitté la pièce en protestant vertement, alors que son superbe cul rebondissait sur les épaules de mon frère Steel. Si je n'avais pas eu à donner à Chris la raclée de sa vie, je sais très bien ce que je lui aurais fait à elle. Bordel, la voir se débattre ainsi avec toute cette verve et ce vocabulaire de charretier, ça me rend fou... Puis, la porte s'est refermée et j'ai laissé sortir toute cette rage qui s'amplifiait chaque jour à l'idée qu'il soit seul avec elle.
Ce salopard a éloigné ma femme de moi, se comportant comme un faux frère en faisant jouer ses contacts de foutu bureaucrate. Il nous baisait tous à la fois, aussi bien les Steel que les flics, et il était temps que quelqu'un lui donne une leçon à cette enflure. Chaque raclée que j'abattais sur son visage résonnait en moi comme l'écho d'une soif que je parvenais à peine à étancher. Une rage, un abîme qui grandissaient en moi et que seule la baston pouvait faire taire. Les coups reçus et donnés me faisaient un bien fou, me permettant de laisser sortir cette fureur que je peinais à canaliser. C'était presque aussi bon qu'un orgasme putain !
Chris était au sol, moi dessus, et je frappais de mon poing encore et encore sur son visage. Quand il a arrêté de se défendre, qu'il a du même coup avoué que j'étais le boss, je me suis penché vers lui et j'ai soufflé à son oreille : « tu l'oublies ou tu crèveras comme un chien ! Ivy est ma femme et je jure que je vais éventrer tous ceux qui oseront poser ne serait-ce qu'un regard sur elle ! Je suis venu la chercher et si tu te mets sur mon chemin tu vas tellement souffrir que tu vas souhaiter être mort ! »
J'ai relâché son col de t-shirt et sa tête a rebondi sur le sol. Je suis alors sorti pour rejoindre les autres au salon. Ma beauté avait l'air furieuse et m'a jeté ce regard qui me fait presque bander d'un coup. Chris nous a rejoints et il a compris, semble-t-il. Il a annoncé, sans être capable de s'empêcher d'y aller de façon mélodramatique, qu'il libérait Ivy de ses obligations. Je l'ai laissé faire sa sortie comme il voulait, ne l'interrompant pas puisqu'il me donnait exactement ce que j'attendais.
Et c'est là que mon plan a foiré entièrement sans que j'aie le temps de comprendre ce que cette fille avait dans la tête... Je peinais à digérer les paroles qui sortaient de sa bouche. Elle ne venait pas ? Elle ne voulait pas ? J'ai essayé de rester calme, mais la fureur brûla à nouveau dans mes veines. Sa bouche remuait pour dire toutes ces conneries alors que ses yeux me hurlaient le contraire. J'entendais le tremblement dans sa voix et je savais que c'étaient des foutaises, mais elle a mis tellement de cœur à tenter de me convaincre que je n'arrivais pas à comprendre les réels motifs de sa décision. La seconde d'après, des flics emplissaient la pièce. Ils étaient armés comme s'ils allaient à la guerre et hurlaient à pleins poumons. Mes yeux se sont posés sur ceux d'Ivy. Je rageais, je brûlais de l'intérieur, et alors que mes hommes étaient déjà à genoux, je n'attendais qu'une chose, sa réponse à elle. Je lui ai reposé la question, essayant de calmer les émotions qui menaçaient de me faire dégommer tous les flics dans cette pièce.
— Ta décision est prise, tu en es bien certaine ? ai-je redemandé avec un calme olympien en utilisant la même tonalité de voix que pour mes ennemis.
Cette même voix qui me fait paraître tout, sauf humain.
Les flics ont continué à beugler de me mettre à genoux, mais je n'en ai rien fait. Mes prunelles étaient fixées aux siennes dans l'attente d'une réponse qui n'est jamais arrivée. Vraisemblablement, le silence était bien plus parlant que tout ce qu'elle aurait pu me dire à cet instant.
Deux secondes après, j'étais à genoux, mon regard mauvais rivé sur elle, combattant autant que possible l'espoir qu'elle change d'avis. Je ne l'avouerai jamais aux autres, mais je suis tombé à genoux non pas grâce au coup de matraque du flic, non. C'est le poids de cette foutue trahison qui m'a fait ployer.
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Steel Brothers 2 (Damnation) Disponible Chez Black Ink Édition
Roman d'amourIvy croyait que le pire était derrière elle, qu'une fois sa soif de vengeance étanchée, elle aurait droit aussi à son nouveau départ. La tempête sans précédent qu'elle a vécue auprès des Steel Brothers n'etait que les prémices de l'ouragan dévastate...