Episode V : Elargir notre sexualité nous a fait grandir

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Et dès le lendemain, un « vent nouveau soufflait » dans notre couple.
Sabine et moi, nous nous sentions plus sûrs de nous; nous avions tout à coup des envies folles, des désirs d'autres choses, de changements.
Cette transgression – par rapport à l'idée que la société se fait d'un « bon » couple – nous avait redonné l'oeil du tigre, comme dirait Rocky.
Cela eut des conséquences très nettes sur certains aspects de la vie courante, mais on ne s'attardera pas sur cela ici.

Ce que je peux vous dire en revanche, c'est que nous n'attendîmes pas longtemps pour prendre des nouvelles de Ludivine et Franck.
Et nous ne voulions pas faire les blasés : Nous ne l'étions pas et j'estimais légitime de leur avouer ce qu'il en était. On avait adoré ce moment avec eux, nous avions très envie de les revoir et d'aller « plus loin » dans cette expérience, si possible dans un endroit où l'on pourrait être plus au calme. Dans nos têtes – et ce fut bien compris je pense – il était évident que l'on parlait cette fois d'échangisme...

Ils nous répondirent qu'ils seraient ravis de nous revoir, et proposèrent de prendre une chambre d'hôtel. Cela allait être une première pour les deux couples.
Contraintes de boulots et parentaux n'aidant pas, nous n'avions de notre côté que deux dates dans le mois, et une seule collait avec leur propre planning. La loi de Murphy aidant, c'était bien évidemment la plus éloignée : un mois après, fin février!

Ainsi, Sabine et moi eûmes tout le temps nécessaire pour reparler de toute cela.

J'étais avide de savoir ce qu'elle avait ressenti, vu, perçu, senti.
Mais elle et moi, sur certaines choses, nous ne sommes – heureusement – pas pareils. Et là où je retiens, où j'analyse, où je veux comprendre, elle vit le moment présent, le perçoit, mais celui-ci glisse sur elle et elle avait donc parfois des souvenirs partiels, voire était étonnée de ce qu'elle avait fait.

Toutefois, elle se souvenait fort bien avoir désiré toucher Ludivine, avoir « testé » si elle répondait à ses caresses. Elle se remémorait son soudain lâcher prise pour s'adonner à ce désir de femme...

Elle m'a aussi fait savoir qu'elle avait été frustrée que l'on arrête si tôt! Elle aurait bien désiré poursuivre encore... En tous les cas, elle était encore très chaude!

Dans l'attente de nouveaux ébats, parler de cette expérience dans le couple est nécessaire

Je lui demandais évidemment son impression sur Franck, qu'elle trouvait attirant, et c'est ici qu'on commença a réellement reparler d'échangisme, de ce que cela voulait dire, de comment cela pourrait se passer...
D'abord, on s'aperçut que nos ressentis négatifs – style jalousie – étaient absents : ce que nous avions fait n'avait pas altéré notre amour, ni notre vision de l'autre. Nous étions et restions l'un pour l'autre les meilleurs compagnons possibles, et totalement amoureux. C'était bon cette assurance, malgré l'intimité avec d'autres personnes.

Je lui parlais d'ailleurs du moment où elle avait sucé furtivement Franck, que cela m'avait excité.
Elle m'expliqua cette breveté de l'acte par le fait qu'elle s'était mise à paniquer à cause des MST, en particulier du SIDA.
Malgré son désir et l'absence de gêne ressenti à ce moment, elle avait eu un mouvement de recul à sucer un sexe d'homme sans protection : revendiquer et aller dans une sexualité de ce type comporte des dangers à ne pas éluder.

Or, en discutant, on s'apercevait que c'était la même chose pour le cunnilingus qu'elle avait prodigué à Ludivine.
On se rendait compte que ce genre de relations compliquait tout de même ce type de questions : difficile d'imaginer être totalement « safe » avec des cunnilingus, ou de se laver les mains à chaque attouchement d'une femme avant de passer à l'autre... La capote pour la pénétration certes, mais pour sucer du latex, ce n'est simple pour personne.
Un réel problème. Aucune solution réelle. Il faudrait l'évoquer avec eux... Super le côté glamour...

Nos discussions montraient aussi à quel point des choses pensées avant le passage à l'acte s'étaient révélés faux. Tout était beaucoup plus simple et naturel, beau et doux, que ce que, souvent, on lit ou on voit. On pense porno, sexe brut, là où nous avons vécu une vraie connivence érotique et sexuelle avec un autre couple.
Initialement, on s'était toujours dit que nos partenaires d'un soir devaient être considérés comme des sextoys : on prenait plaisir d'eux et ils prenaient plaisir de nous. Cette façon de voir nous permettait de cloisonner la partie intime intérieure, nous semblait-il, ne risquant pas ainsi d'amoindrir notre relation à nous deux.
Mais, on peut le dire, du début à la fin, jamais en nos esprits Ludivine et Franck ne furent que de simples sextoys. Ils furent de réels et intenses partenaires dans une relation épanouissante et sincère, bien loin des clichés que véhiculent parfois notre société sur ces sujets.

Libertiner n'est pas aimer, mais requiert beaucoup de respect

Il n'y avait pas d'amour entre nos couples, mais un vrai respect, un désir mutuel de caresser, donner du plaisir, de prendre sans blesser, de donner sans égoïsme.
Nous pensons aussi que les deux couples se sont trouvés.
Dans nos discussions au bar, on avait perçu que l'on s'appréciait, hors de l'attirance sexuelle ou physique.
Je suppose que ce n'est pas une règle générale, et que c'est pour cela que pour certains couples – comme le nôtre, et visiblement le leur – sortir en club ne pousse pas nécessairement à « consommer » les autres : il faut trouver les bonnes personnes.
On avait ainsi beaucoup appris en cette première fois.

A un moment, j'évoquais aussi nos interdits.
On s'était dit « pas de baisers avec l'autre couple ». Or, Ludivine et elle en avaient bien profité. Cela ne m'avait pas blessé, et je me rendais compte que cela fait parti des caresses spontanées difficiles à retirer du spectre érotique.
On évoquait donc le fait que cela puisse arriver entre personnes de sexe opposé : elle et Franck, et Ludivine et moi. Je trouvais étrange de permettre une caresse aux femmes que les hommes ne pouvaient pas avoir avec elles.
En outre, si on veut être logique, permettre à un autre homme de mettre son pénis dans le sexe de ma femme, mais lui dire « un baiser, c'est niet », cela a aussi quelque chose d'irrationnel. Mais dans le ressenti d'un couple, qu'est ce qui est rationnel?
Du coup, on convenait donc, d'un commun accord – et si eux-mêmes l'acceptaient- , que si durant notre prochaine rencontre, on s'embrassait , on n'allait pas faire un scandale! Il serait toujours possible de toute façon de dire sur le moment que cela ne convient pas.

Le mois de février nous sembla le plus long des mois de l'année! Toutefois, notre libido était tellement haute, nos souvenirs tellement excitants, que ce fut aussi le mois de l'année le plus chaud pour notre couple : malgré le travail, la présence des enfants, le quotidien, il ne s'est pas passé un jour sans que l'on ne fasse l'amour, Sabine et moi! Quelle expérience stimulante dans notre vie sexuelle!

Et justement, un mois, c'est trop long. Surtout après que je sois tant resté sur ma faim!
Alors, je ne sais pas si vous vous souvenez, mais on avait deux jours de libre... Et le jour libre qui restait se trouvait être un samedi soir. Jour où le barman du Mask nous avait dit qu'il y avait pas mal de couples.
Alors, on décida d'y aller faire un tour. Pas pour trouver un autre couple – on voulait rester fidèle à Ludivine et Franck, le truc de ouf!- , mais plus pour sentir l'ambiance, retrouver les sensations, voir les autres, s'exhiber, jouir de cette nouvelle activité...

On se fit beau. On s'y rendit. Et ce qu'on y trouva nous étonna encore...

Histoire d'un couple coquinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant