Chapitre 7 - Nuit blanche

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Cette nuit là, une nouvelle fois Sébastien ne dormit pas, taraudé par ses pensées.

La peur ne le quitterait désormais plus.

Etait-ce Jojo le tueur ?

Allongé sur son lit, les yeux grands ouverts dans l'obscurité, il essayait de se remémorer le déroulement du début de la soirée durant laquelle ils s'étaient tous rencontrés.

A la réflexion, avant que lui-même ne prenne la parole et que la discussion ne s'envenime, Jojo, chez qui cela se déroulait, avait discuté avec chacun. Il demeurait donc possible que Lucas lui ait effectivement dit qu'il habitait à Jouy en Josas.

Et puis, quel mobile aurait donc pu pousser Jojo à décimer la troupe ?


Les probabilités se réduisaient de toute façon, au fur et à mesure des meurtres et si cela continuait à ce rythme, le meurtrier allait se retrouver tout seul, se démasquant alors lui-même...

Sébastien songea qu'il ne serait plus là pour le voir.

Hormis Jojo, il ne restait déjà plus que Julien ou les filles.


Il réalisa que Julien pouvait, lui, avoir un mobile : après tout, c'était bien lui qui avait amené Lola dans la troupe. Quels étaient au juste, à l'époque, ses vrais rapports avec cette fille ? En pinçait-il pour elle ? Avait-il décidé de la venger ? Mais alors, pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?

Julien était en outre le seul à avoir tenté d'intervenir, certes en vain, pour faire cesser ce qui se profilait ce soir là...

Il était aussi le seul des garçons à ne pas avoir physiquement participé à ce qu'il fallait bien qualifier de viol.

Viol, oui, quoi qu'en dise Jojo, car si Lola les avait tous bien aguichés, lorsque cela avait commencé à vraiment déraper, elle s'était ravisée et n'était clairement plus d'accord.


Quant aux filles...

Christine et Marielle étaient certes notoirement lesbiennes mais, de façon paradoxale, semblaient nourrir une rancoeur féroce contre toutes les autres femmes : elles n'aimaient qu'elles-mêmes. Le viol de Lola, qu'elles avaient encouragé, les avait amusées au plus haut point. Dès lors, pourquoi la venger ?

Edith était une petite vicelarde qui s'était bien régalée en ne perdant pas une miette de l'affaire tandis que Laurette et Muriel n'étaient que des nunuches sans personnalité.

A la lueur de ces réflexions, Sébastien était tenté d'exclure au moins les trois dernières des filles. Mais la nature humaine est si complexe...


Une chose l'interrogeait : le tueur - ou la tueuse – ne s'en était pris qu'aux garçons, en tout cas pour l'instant. Allait-il ne s'en tenir qu'à eux ?


Il demeurait convaincu que, sauf coup de pouce d'un des membres de la troupe, les flics ne trouveraient rien. Pas plus le tueur que la vilaine histoire de 2003.

Ils ne trouveraient rien parce rien ne reliait le suicide de Lola aux meurtres du moment, hormis les élucubrations d'un schizophrène qu'on n'avait jamais écouté, et que rien ne reliait les victimes entre elles si ce n'est le fait d'avoir fréquenté le plus grand lycée de Paris...comme des dizaines de milliers de parisiens.

D'ailleurs, les journaux commençaient, après la thèse des règlements de comptes, à parler de tueur en série. Il fallait bien qu'ils disent quelque chose...


Un fou qui, selon eux, flinguerait des hommes au hasard ! Les cons !


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