- Mademoiselle, appela Monsieur De Mondeau.Elle se retourna, excédée. Son père la regardait durement, derrière ses lunettes écaillée d'or. Ses yeux bruns mais froids lançaient des éclairs. Sa bouche pincée témoignait de son agacement.
- Oui Père ? dit-elle du ton le plus mielleux qu'elle put. Mais elle savait que cela ne suffirait pas.
- Je vois que vos notes ont baissé de 95 sur 100 à 93. Il va falloir corriger cela immédiatement.
Elle s'apprêta à répliquer qu'elle n'en avait cure, qu'elle n'avait rien à faire du vieux schnock qu'était son père. Mais à la place, elle répondit humblement :
- Oui Père, je travaillerai plus.
- Vous avez intérêt.
Il la laissa plantée là et s'en alla. Elle le contempla alors qu'il marchait. Cet homme aux cheveux poivre et sel, fin comme un moineau mais ferme comme un roc était son père. Celui qu'elle avait appelé "Papa" jeune.
Mais cette époque était révolue. Sa mère était partie. Elle avait grandi et était devenu Mademoiselle De Mondeau. Elle n'était plus la petite princesse Lili aux yeux de son père, mais la jeune Lidia, dont les notes avaient baissées, oh malheur ! de deux points.
Elle soupira et retourna dans sa chambre, afin de se préparer. Elle gravit les immenses escaliers aux dorures extravagantes et, arrivée au premier étage, pénétra dans la pièce.
C'était le seul endroit de la demeure en total cheni. Des vêtements dépareillés tapissaient la pièce, en vrac. Sa bibliothèque, positionnée à côté du lit défait, tanguait sous le poids des livres empilés. Son armoire, heureusement fermée, était emplie de vêtements de tout genre, dépliés.
Madame Green , la femme de ménage, avait abandonnée l'idée de pénétrer dans la chambre tant elle désespérait voir cette malheureuse pièce.
Lidia n'en avait cure. Sa chambre était sa chambre, et si elle recevait une visite ( ce qui était plutôt rare ), elle la rangeait. Sinon... Elle vivait dans ce cheni et tant pis.
Les posters recouvrant les murs représentaient ses groupes préférés, mais la plupart du temps, c'était son héros qui posait. Robert Johnson et ses études l'avaient toujours passionnée. Il était l'homme le plus intelligent de ce vingt-troisième centenaire et il était aussi l'homme à qui la planète faisait confiance.
Cela ne devait pas être une petite responsabilité. De plus, il dirigeait sa propre entreprise de recherche et de constructions de nouveaux véhicules. Cet homme était un génie.
Elle jeta dans son sac les cahiers dont elle aurait besoin pour à matinée d'école et redescendit. Lorsque ce fut l'heure, elle sortit par la grande porte sculptée. Elle traversa le grand jardin où elle avait passé tant de temps étant jeune et sortit enfin de la propriété De Mondeau.
Une aéro-voiture vint immédiatement la prendre. Paolo, son chauffeur attitré, était toujours très ponctuel. Il effectua le trajet dans le silence, comme à son habitude. Lorsqu'il la déposa, il esquissa un sourire pour lui dire bonne journée, et repartit. Elle se retrouva devant ses amies, Elia et Kira, qui l'attendaient avec un grand sourire aux lèvres.
Elle se précipita dans leur bras et elles tournèrent sur elles-mêmes ainsi.
Ces deux filles, l'une blonde et l'autre brune, étaient ses amies depuis longtemps. Elles s'étaient rencontrées lors de la première année dans ce collège privé et ne s'étaient jamais quittées.
Kira, dont les cheveux bruns ondulés cascadaient en boucles légères sur ses épaules fines était appuyée contre la barrière, d'un air moqueur. Ses grands yeux noirs et sa peau pâle lui donnait un air supérieur, renforcé par son port élégant et son nez droit. Ses lèvres fines et roses étaient constamment pincées.
Elia était plutôt le contraire de son amie. Avec ses cheveux blonds aux vagues délicates, elle ressemblait plus à Lidia, dont la chevelure blonde cendrée faisait rêver plus d'une.
Ses yeux verts peu communs et son nez fin avaient un air angélique, pourtant détrompé par ce rouge à lèvres aguicheur et le fard à paupière charbonneux.

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[ARCHIVES] Mission Mars
Science FictionLa terre se meure. Malgré les avertissements, les humains ne l'ont pas écoutée. Ce qu'il en résulte ? Des catastrophes naturelles, des éruptions, la sécheresse, la progression de maladies incurables. Solution ? Mars. Un projet un peu fou, mais qui...