Chapitre 1

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- Hiver1997 -

    Nolwenn était frigorifiée. Elle se frappait et frottait les mains avec énergie. Sa parka, bien qu'épaisse, ne la protégeait pas complètement du froid mordant d'Écosse en hiver. Elle sortie son Nokia et scruta attentivement l'écran. Pas de réseau. Elle s'en doutait, mais le fait de se retrouver seule dans ces collines inquiétantes, sans aucun signe humain à des kilomètres la plongeait dans un profond état de détresse. Elle avait quitté le gîte quelques heures plus tôt, pour se promener et profiter du magnifique paysage écossais. La jeune femme s'était engagée sur un sentier qui, selon elle, faisait une boucle et lui permettrait de rentrer à son gîte. Elle avait marché plusieurs heures, et était souvent revenue sur ses pas, en croyant de nouveau suivre le sentier, puis avait due se rendre à l'évidence : elle s'était perdue...

     Nolwenn s'asseya sur un rocher, et, après avoir imaginée toute sortes de choses affreuses pouvant arriver au jeunes filles perdues et s'être convaincu que cela n'arrivait que dans les histoires inventées, entreprit de faire un inventaire de ce qu'elle possédait. Elle sortie de son sac une bouteille d'eau d'un litre, vidée au trois quarts, une écharpe, un paquet de biscuits, et à son grand étonnement, elle trouva au fond du sac une paire de chaussettes qu'elle croyait avoir égarée. Elle s'en voulait d'avoir laissé sa carte de la région sur la table du salon et, en désespoir de cause, fouilla au fond des ses poches, où elle dénicha un vieux chewing-gum ainsi qu'un mouchoir usagé. Elle avait la possibilité entre contourner la colline qui barrait son chemin, ou la gravir et bénéficier alors d'une vue imprenable pour pouvoir se repérer. Gravir la colline semblait être le choix le plus approprié, elle décida donc d'entamer son ascension. La pente de la colline étant plutôt raide, elle glissa plusieurs fois, se tordant l'index à deux reprises.

      La jeune femme atteignit tant bien que mal le haut de la colline, reprit son souffle et put enfin regarder autour d'elle. Il y avait à sa droite un grand lac, entouré d'une plaine gigantesque. A sa gauche, on pouvait voir plusieurs autres collines. La plaine semblait plus accueillante, mais on pouvait discerner sur un colline, à sa droite, un grande habitation. Elle semblait en piteux état, mais de la fumée s'échappait de la cheminée. En outre, descendre la colline par la droite semblait moins risqué. En se rendant dans cette bâtisse, elle espérait trouver quelqu'un qui pourrait la ramener à la ville, elle se mit donc en marche. Elle devait imaginer le pire et l'idée de ne trouver personne la rendait nerveuse : elle savait qu'elle ne tiendrait pas longtemps sans eau ni nourriture, ni de moyen de communication avec la ville.

     Le soleil essayait dangereusement de toucher l'horizon, elle pressa donc le pas. D'en bas, se repérer était plus difficile. Elle suivi avec plus ou moins de difficulté la petite vallée, les pierres et la mousse rendant son périple encore plus difficile.Au bout de quelques minutes, elle arriva au pied d'une colline plus haute que les autres, et la maison n'était plus qu'à quelques dizaines de mètres. Elle se mit à crier. Grave erreur. Elle attendit quelques instants, puis continua son ascension. Elle ne remarqua malheureusement pas la silhouette qui se cachait dans l'ombre de la maison

                                                                                           *

                                                                                       *      *

     L'homme, si il était humain, avait bien vu la jeune femme qui avait crié. L'analyse de ce qu'il voyait lui donnait toujours une de ces deux réactions : la joie ou la violence. Ces réactions allaient toujours ensemble : la violence le rendait joyeux et la joie le rendait violent. Il ne pouvait pas penser à proprement parler, mais la vue de cette femme perdue enclencha un déclic dans sa tête : inconsciemment, il avait attendu pendant des années la venue de cette femme. Il ne pouvait pas rater sa chance.

     Il fit volte-face et longea un couloir. Sa peau transparente et grisâtre était collée à ses os et on pouvait voir ses veines d'une étrange couleur violacée. Ses yeux étaient injectés de sang, et son crâne était garni de touffes irrégulières de cheveux gris. Il pénétra dans une pièce et hésita devant une armoire ouverte ou était entreposé toutes sortes d'instruments effrayants, du scalpel à la scie et à la machette en passant par le sécateur et les couteaux de cuisine. La plupart avaient été abîmés par le temps, mais certain de ces outils avait l'air d'avoir été utilisés. Il se muni d'une sorte de rasoir ainsi que d'un étrange marteau.

     Il retourna dans le couloir et poussa une autre porte, un peut plus loin. Un fil était tendu en travers de la pièce, sur lequel était accroché de nombreux morceaux de viande plus ou moins décomposé et dont les mouches avaient l'air de se régaler. Il saisit un morceau de viande, ce qui dégagea une odeur putride, et emplit la pièce d'une nuée de mouches en furie. Il le retourna et l'observa attentivement, pour ensuite le fourrer dans sa bouche en gobant au passage plusieurs insectes et vers mécontents. Il mastiqua quelques instants puis avala tout rond la boule de viande avariée qu'il avait formé dans sa bouche. La joie de ce festin le fit fracasser son marteau sur la table qui était collée au mur du fond, provoquant un grand bruit. 

     Il se souvint alors de la jeune fille qui approchait de la maison et se précipita dans une autre pièce. Il y avait au milieu de la pièce une trappe ouverte donnant sur un trou obscur dont on ne distinguait pas la profondeur. Il l'enjamba et passa par la fenêtre ouverte qui donnait sur l'arrière de la maison et sur les collines, ainsi qu'en contrebas, un petit lac...

Sans TitreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant