Âme guerrière

209 15 9
                                    

Certains ont rendez-vous avec un terrible destin. Ici, c'est le monde entier qui a subi les conséquences de la Folie et du Désespoir. Les quelques survivants ont réussi à se réfugier en des lieux sacrés, mais pour combien de temps encore? Les atrocités pullulent dehors et ceux qui ont le courage de se battre, bien souvent, tombent dans l'oubli.
Au sein du Sanctuaire Mort-Sang se dressait un Conseil, dernier rempart de l'humanité où discutaient d'anciens puissants de ce monde ainsi que des braves qui prenaient part au combat sans fin.
Un vieil homme dont l'âge avait rongé la peau et la sagesse se leva péniblement à l'aide de son bâton.
- Les Âmes Sombres doivent être collectées, il n'existe aucun autre moyen de libérer le monde de ce fléau, dit-il d'une voix faible.
Une jeune femme en armure protesta alors.
- C'est de la folie! Aucun n'oserait affronter ces abominations aujourd'hui. Ceux qui s'y sont essayés ont connu un sort bien pire que la mort. Ils sont devenus le reflet de ce qu'ils combattaient jadis, fruits de la démence et du sacrifice.
- L'humanité, ou ce qu'il en reste, court à sa perte si nous n'engageons rien, Fréalia, protesta le vieux.
- Eh bien! Je suggère que l'audience désigne un volontaire. Que celui qui veut se porter garant fasse signe! Moi, je refuse une telle entreprise, même si cela signifie l'extinction de l'humanité. J'accepte notre funeste destin.
Le vieux soupira et l'assemblée poussa des murmures inaudibles. Puis, un fracas fit taire le tout, une espèce de bruit métallique. Fréalia observa en silence le reste de l'assemblée et soupira.
- Encore un pauvre idiot qui a tenté de sortir.
Seulement, le responsable de la garde de la porte se retourna.
- Navré de vous contredire, Dame Fréalia, mais c'est un étranger. Et il n'est pas mort. Il m'a tout l'air d'être épuisé.
Fréalia sursauta, bondit sur ses bottes et courut vers la porte. Elle observa les alentours. Toutes les âmes damnées avaient été éliminées. L'étranger portait une lourde armure en acier ainsi qu'une grande épée.
- Amenez-le et allongez-le! Que quelqu'un lui offre de quoi se sustenter!
Tous s'activèrent pour venir au secours de l'étranger qui avait rendu un fier service en se débarrassant des abominations qui hurlaient à la damnation. On retira son casque et découvrit un visage de jeune homme, blessé au front, crasseux et à la barbe hirsute. On lui épongea le front et on lui retira son armure afin de révéler d'éventuelles autres blessures. Après quelques minutes, l'homme se réveilla. Il découvrit alors un immense sanctuaire, parcouru de trônes, de bougies, de crânes, de pierres et de cercueils. Il s'assit lentement et croisa le regard de ses sauveurs.
- Ah, les dieux soient loués, dit-il. J'avais peur de ne rencontrer que des âmes ennemies. Vous m'avez porté secours, je vous suis reconnaissant.
- Tu n'as pas à l'être, étranger, dit Fréalia. Tu nous as rendu un fier service en tuant ces monstres.
L'homme ricana.
- Quoi, eux? C'était de la rigolade, je vous assure. Par contre, je ne vous raconte pas la galère que j'ai connue en affrontant un Apôtre de l'une des Âmes Sombres. Je pense que c'est lui qui m'a mis dans cet état.
Fréalia cligna des yeux.
- Un Apôtre d'une Âme Sombre?
- Ouais... Une espèce de grosse bestiole immonde... Ça ne vous dit rien? Un truc gluant, rampant et vomitif au possible.
"Il a affronté Kreord", songea Fréalia. Quelqu'un aurait donc entendu ses prières?
- Quel est ton nom, étranger?
- Atraon, jeune Dame. Atraon d'Escurd.
- Enchantée, Atraon. Je me nomme Fréalia.
L'on amena un plateau d'argent sur lequel on avait déposé quelques fruits et un bout de pain. Atraon se servit sans vergogne et s'empiffra. Après un bref instant, tout avait disparu.
- Je vais mieux, merci. J'ai cru entendre que vous cherchez une âme assez courageuse ou folle pour aller collecter les Âmes Sombres? Eh bien, je n'ai plus rien à perdre, alors je me porte garant de cette mission.
Fréalia fronça les sourcils et grinça des dents.
- Qui êtes-vous réellement? Vous débarquez, vous tuez les disciples de la mort et vous voulez aller combattre les Âmes Sombres?
- C'est dans mes attributs, rit-il. J'ai beaucoup voyagé. Le combat ne me fait pas peur. Pour vous prouver ma bonne foi, je vais aller tuer le Démon de l'Asile. Après cela, vous croirez peut-être mes paroles. Je suis une âme guerrière.
Frélia croisa les bras.
- Eh bien soit. Si vous combattez cette horreur, je vous accompagnerai pour chasser les autres Âmes Sombres.
Atraon sauta sur ses pieds et enfila son armure. Il jeta derrière lui un os que Fréalia dut attraper au réflexe.
- Un Os de Retour. Si je meurs, cet os vous permettra de le savoir et mon âme s'en retournera alors à vous.
Atraon passa la porte et découvrit un monde rempli de ruines, sentant la mort à tous les coins. Une brume légère se dégageait du sol. Au loin, des morts-vivants se baladaient librement. Un petit groupe entassé autour d'un grand humanoïde dans une solide armure. Atraon soupira.
- Exactement comme d'habitude.
Il passa furtivement derrière le groupe de monstre et les tua d'un coup dans le dos. Le grand se retourna alors et tenta de donner un large coup horizontal. Atraon fit une roulade en arrière, prit appui sur le sol et chargea. Son épée finit dans le grand bouclier. Cependant, il démontra une force supérieur et leva son épée pour ôter la garde du monstre. L'épée d'Atraon se planta alors dans l'armure, la transperça et s'enfonça dans la chair. Il n'eut qu'à prolonger son coup pour le tuer. Atraon ôta son casque pour respirer une grande bouffée d'air, mais cet air était putride, mélange de sang, de mort et de putréfaction. Il remit son casque et rangea sa longue épée dans son fourreau. Il poursuivit son chemin et arriva dans une zone verdoyante, plate avec une bicoque en bois. Il observa les alentours. Rien. Il toqua à la porte et une vieille femme, très vieille lui répondit.
- Qui es-tu? demanda-t-elle de sa voix éraillée.
- J'ai été chargé d'une mission, répondit-il. Je sais que vous êtes celle qui possède le Calice d'Âmes.
- Ah! Encore un jeune sot qui part chasser les Âmes Sombres.
Elle le fit entrer. La pièce principale était assez petite et comportait une bibliothèque, un coffre, une table et quelques chaises. Atraon observa le coffre et fronça les sourcils. Il s'assit sur l'une des chaises et observa la femme.
- Tous ceux qui ont essayé sont morts.
- Ce monde dépérit peu à peu. Autant tenter le tout pour le tout.
- Quel est ton nom?
- Atraon. Atraon d'Escurd.
La femme marmonna quelques paroles inaudibles et se baissa pour atteindre le coffre.
- Bah peu importe. Moi, je n'y perds rien.
Atraon aperçut un mouvement, furtif, presque imperceptible.
- Ne faites pas ça! dit-il.
- Faire quoi? Tu veux le Calice des Âmes oui ou non?
Le coffre s'ouvrit tout seul. Des dents pointues apparurent d'un seul coup. Il se referma sur la femme, lui tranchant la moitié du corps. Atraon fit glisser sa chaise en arrière et voulut prendre son épée, mais se rendit compte que l'espace était trop restreint. Des jambes et des bras apparurent au coffre qui dépassait maintenant Atraon d'une bonne tête.
- Un Mimique! grimaça-t-il. Saloperie!
Atraon bondit hors de la maison en gardant un oeil sur le Mimique. Celui-ci passa la porte et chercha à attraper le jeune homme. Le guerrier dégaina alors sa lourde épée et bloqua les mains du Mimique. Il glissa entre les jambes du coffre et se retrouva derrière. Il frappa, mais son épée percuta le bois, faisant tout juste vaciller le monstre.
- Je déteste les Mimiques, râla Atraon.
Ledit monstre se retourna et exhiba sa langue. Il lança un attaque verticale avec ses doigts crochus qu'Atraon para. Ensuite de quoi, le jeune homme en armure enfonça la pointe de sa lame dans le gosier de l'ignoble créature. Dans un flot de sang, le Mimique disparut et laissa place à un coffre banal. Atraon l'ouvrit et récupéra le Calice d'Âmes qu'il renfermait. Grâce à la sangle de cuir fournie avec, il put l'accrocher à sa taille.

Dark SoulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant