Jour 12

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" Mes chers parents,
Je vole. Je vous aime mais je vole. Vous n'aurai plus d'enfant, ce soir. Non plus sérieusement. Aujourd'hui, je ne rentrerai pas à la maison. Vous vous demandez peut être pourquoi ? Ben déjà parce que j'ai envie et de l'autre, je me sens oppressée, j'ai besoin de partir. Je pars pour un pays inconnu et en même temps connu par tout le monde. Je m'envole vers d'autres cieux. Ma vie sur terre fut courte et douloureuse. C'est peut être parce que j'ai jamais eu la chance de posséder un micro onde ... Ouais enfin bref adieu mes chers parents. "

Je pose la feuille sur la table et croise mes doigts. Je prend une tête super sérieuse.

_ Arrête tu me fais trop flipper avec tes lunettes !

Je fixe Jo droit dans les yeux et lui dis :

_ T'appelle ça une lettre d'adieu toi ?

_ Heu ben je sais pas ! Je suis trop nulle en français !

_ Non mais attend c'est même plus une question de français là ! Tu vas vraiment dire à tes parents que t'es malheureuse parce que t'a pas de micro onde ??!

Elle fixe le sol et répond :

_ Je trouvais que ça sonnait bien ...

J'éclate de rire. Il y a que Jo pour écrire un truc pareil comme dernier testament ! C'est un sujet de français. Écrire une lettre d'adieu pour un proche. Waouh la joie. Je sais pas ce qui s'est passé dans la tête de la prof mais bon. J'ai pas trop d'inspiration en plus. Je tourne mon stylo dans ma main. Je me demande ce que ma soeur aurait mis si elle avait le temps de ... Non, non, non. Pas d'idée noire ! Le sourire. N'empêche ... C'est bizarre comme sujet. Mais bon vu que c'est du français, elle a dut se dire que au niveau de la langue, c'était simple.
Quand la sonnerie annonce la fin du cour, Jo me dit qu'elle va au toilette et qu'elle me rejoint plus tard. Je range donc tranquillement mes affaires. En sortant je constate qu'un attroupement s'est formé dans le couloir. Voulant à tout prix le contourner, je me dirige dans la direction opposée. A peine ai - je fais quelques pas que quelqu'un m'arrache mon sac des bras. L'inconnu me pousse violemment contre le mur.

_ Hé mais qu'est qui te prend ?!

_ Silence paysanne. Tu n'es pas autorisée à parler !

Aussitôt dit aussitôt fait, une main se plaque sur ma bouche et d'autre me coince les bras. Je foudroie Brid du regard. Qu'est ce qu'elle compte faire encore ? Elle rapproche son visage du mien.

_ Oh mais c'est qu'elle aimerait mordre en plus !

Elle me fais un sourire vicieux. Elle commence à jeter mes affaires par terre sans aucune délicatesse et murmure :

_ Pas interresant. Déjà abîmé. Pas intéressant non plus.

Qu'est ce qu'elle cherche ?? Soudain je vois son regard s'illuminer. Oh non qu'a t-elle trouvé ? Elle sort mon livre et lâche mon sac. Je commence à comprendre.

_ Alors qu'est ce que c'est ? Les Hauts de Hurlevent ? Encore un truc de paysan, non ?

Ses deux acolytes rigolent. Elles me font penser à Stormtroper. Interchangeables. Uniformes. Sans personnalité propre. Elle ne font que suivre Brid comme des petits chiens. Brid commence à ouvrir le livre et déclare :

_ Ouais pas intéressant, ça degage.

À mon grand horreur, elle déchire la premier couverture d'un geste vif. Calme reste calme. Je la vois déchirer les pages fines du livre et s'en est trop. Je mors aussi fort que je peux le doigt de Lynn et envoie un coup de pied dans le tibia de Kate. Ma bouche est libérée et mes mains relâchées. Les deux filles hurlent à la mort alors que ça à peine fait une marque. Je me relève enfin, le dos courbaturé. C'est qu'elles me faisaient mal ces saloperies ! Brid ne sait plus quoi faire, elle ai prise au dépourvue. Dans un râlement, elle jete mon livre dehors par une fenêtre ouverte et je le rattrape de justesse. Du coin de l'oeil je la vois s'enfuir avec ses subalternes. Tss non mais oh de quel droit elle se permet d'abîmer mon bouquin ! Mais dans l'état où elle l'a mis ! Je vois rouge. Il y a des limites à ce que je peux supporter. Je ramasse mes feuilles un par une en prenant soin de pas les froisser davantage. Quand je lève les yeux, il n'y a plus personne dans les couloirs. Merde, je vais encore être en retard. Je regarde ma montre. 16h. Ça fait trente minutes que je me débat face à Brid ?! Waouh le temps passe plus vite que je le pensais ! Bon ça sert à rien de revenir pour ce peu de temps. J'envoie un message à Jo pour lui dire que je sèche et rassemble mes affaires. Je sors sans encombre du lycée et j'espère ne pas avoir été vue.
En rentrant à la maison, je décide d'aller remplumer le frigo. Je me change rapidement et resors. Dans la supérette, j'attrape du beurre, du jambon, du lait d'amande, du gruyère et je peux continuer longtemps comme ça. Cette fois ci, pas de gémissement entre les rayons, ce qui est en soit, une bonne chose. Quand je resors, le vent s'est levé et mes cheveux virevoltent dans tout les sens. Je coince toutes les choses susceptibles de s'envoler avec leur petite aile pour que j'aille courir à droit à gauche pour les rattraper. Je rentre assez vite chez moi mais le poids du sac me ralentit. Je le pose par terre un instant puis courbe le dos. Mon regard s'attarde sur le coin de la rue. J'étais pourtant sûre d'avoir vu une sillouette à l'instant ... Bon peut importe. Je dois rentrer chez moi. Je reprend mon sac et accélère le pas.
Quand j'arrive à la porte, je prend mes clés et les insére dans la serrure. Je rentre le sac et juste avant de refermer, j'aperçois cette même sillouette. C'est bizarre ... Elle me paraît familière ... Je claque la porte et commence à déballer les courses. On me suivrait ? C'est chaud quand même. Où alors j'ai attiré l'attention avec mes cheveux ? Être dans l'incertitude est extrême pénible. C'est une des choses que je déteste.
Pendant le repas, Niall me raconte des histoires dans sa classe. Ils ont inventé un jeu qui consiste à ordonner à quelqu'un - droit dans les yeux sinon ça compte pas - de faire quelque chose et l'autre doit l'exécuter quand le prof a le dos tourné. Un fois, il a ordonné à un ami de sauter debout. Il l'a fait sauf que pour une raison inconnue, il a sauté les bras levés. Le prof s'est retourné pile au moment où il retombait sur ses pieds, les mains toujours en l'air. Une autre fois, ils ont enfermé un de leur ami - à moitié consentant - dans l'armoire et ils l'ont retournée. Le prof n'a pas compris et au bout d'un demi heure, la classe à litteralement éclaté de rire quand il a gratter contre la paroi en bois.
Mon frère me raconte des histoires toutes les plus sordides les unes que les autres et je me demande en souriant quand est ce qu'ils travaillent dans sa classe.
Vers 20h, je monte dans ma chambre, épuisée et je m'endors sans tarder.

20 Jours Et Quelques.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant