Jour 15

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Il y a 27 pas à faire entre la porte de la classe et ma chaise. 27 pas d'angoisse. 27 pas d'humiliation quotidienne. 27 pas fais dans le stress d'un piège. 27 pas et pas un de plus. Aujourd'hui j'ai parcouru ces 27 pas la tête baissée. Au premier, la classe s'est tu. Au deuxième, elle a chuchoté. Au troisième, elle a rigolé. Des exclamations, une boulette de papier qui fuse, une insulte. Je tourne dans les rangs et compte.
22. 23. 24.
Un croche patte.
25. 26. 27.
Je pose mon sac et m'assois. Les sifflements se taisent. Le monde m'a déjà oubliée. Voilà ce que je pense à chaque fois que j'entre dans cette classe. Ces 27 pas durent une éternité. Et à chaque fois, le monde replonge dans sa monotonie.
Le cour commence. L'ennuie débute. Pas une seule main levée. Ils savent se moquer mais pas réfléchir.
Oui aujourd'hui est un mauvais jour. Je suis irritée. Déprimé. Maladive. J'ai mal au ventre. Mes yeux me font mal. Ma tête est pleine d'idée noire. Impossible de réfléchir. De faire des phrase complexe. Pas moyen. J'ai chaud. J'ai froid au main. J'effectue les opérations mécaniquement. Je ne corrige pas. Je n'écoute pas. Je n'écoute plus. Mes lèvres sont scellées.
Pendant la première récréation, mon humeur s'est légèrement améliorée. De sorte que je ne suis plus déprimée mais évasive. Je parle toujours pas mais au bout des vaines tentatives de James, je consent à lâcher un mot. Pas vraiment flatteur. Mais bon je peux pas faire la tête très longtemps alors quand on rentre en cours mon sourire est revenu. Je suit les cours avec plis d'aciduité cette fois. A midi, j'ai décidé d'aller voir à la bibliothèque si ils ont récupéré le livre que j'ai demandé. Quand j'entre, tout sourire, je lance un Bonjour bien trop enthousiasme. (changement radical de comportement mais pendant la mauvaise période, je suis comme ça) Mon sourire s'efface aussitôt. Je viens de découvrir Brid, assis tranquillement, la jupe bien trop relevée, sur les genoux d'un garçon au cheveux bruns relevés. Garçon qui n'est autre que ... Sean ! Quelque chose au fond de moi se brise. Je le savais. Je le savais alors pourquoi suis je aussi déçue ? Mon manque de réaction me fais voir des choses que j'aurai préféré évité. Comme elle qui tire sa cravate à lui vers ses lèvres. Comme sa main sur sa cuisse. Mon visage se décompose au moment où mon cerveau tilte. Il tourne la tête quand je fais demi - tour. J'ouvre la porte, il cri :

_ Hé atte -

Je claque cette satané porte et m'enfuis en courant. Des larmes indésirables coulent sur mes joues. Où ? Où aller ? Les toilettes ? Non trop de risque. Infirmerie ? Trop prévisible. J'entends des pas derrière moi. Je sais. Je pique un sprint et descend quatre quatre les escaliers. A cette heure ci, elle est vide. Heureusement que j'ai toujours les clés. (Fameuse nuit où j'avais dû nettoyer) Je pousse la porte et avance doucement. Pas un bruit. Personne. Je longe les vestiaires de salle d'arts martiaux et ouvre le local. Je m'effondre sur les matelas d'entraînements et laisse aller mes larmes. Elles coulent sans discontinuer, implacablement. Pourquoi est ce que je pleure autant ? Pourquoi est ce que j'ai mal à la poitrine ? Est ce que c'est parce que j'avais finit par y croire ? Au fait qu'il m'aimait et que ça l'arrangeait que je soit la même personne ? Est ce qu'il était sincère quand il m'a embrassée ? Tant de question. Mes larmes s'accentuent et une pensée me taraude. J'avais cru, l'espace d'un instant que je pouvais plaire à un garçon. J'y avais vraiment cru. J'appuie mes doigts sur mes paupières, essayant en vain de les arrêter. Mon portable vibre plusieurs fois. Je l'allume et remarque plusieurs messages. Plusieur de lui qui continuent d'affluer. 2 de Jo et de May. Elles doivent se demander où je suis. Je ne les ouvre pas car si je répond, elles le diront sûrement à lui. Et je ne veux pas le voir. Un appel entrant. De lui. Je laisse sonner. Puis deux. Au troisième, je l'éteins en cour de route. Je m'allonge de tout mon long. Le point positif c'est que personne ne viendra me chercher ici. Je consulte l'heure sur la petite horloge toute abimée. 13h30. J'ai étude après, il me reste plus que deux heures de sport. Je peux dormir au moins une heure. Je ferme les yeux et m'endors.

20 Jours Et Quelques.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant