Chapitre 5 : Le Champion à sang froid (partie 1)

20 4 1
                                    

Dans une plaine verdoyante et sous un soleil éclatant, alors que peu de nuages couvrent le ciel bleu azur de la vallée, quelques prédateurs chassaient entre les rochers.
Des hyènes, de gros sangliers des plaines, des orcs et même parfois des humains devenaient leur proie dans ces terres hautement hostiles.
Du haut de leurs 5 mètres de haut pour le double de long, ces créatures sont au sommet de la chaîne alimentaire de cette région.
Ressemblant à des serpents ailés, disposant de pattes latérales ornés de griffes acérés, leur cri s'entend à bien un kilomètre. Greyforg, le plus puissant des Wyverns de cette région, faisait honneur à sa race.

Ses écailles dorées réfléchissaient au soleil leur éclat aveuglantes que le temps ne saurait ternir.
Dépassant ses congénères de deux mètres, il gouvernait là ce territoire d'une griffe de fer. Les siens, avec leurs doubles rangées de crocs, sur leur mâchoire, pointus comme des lances effilées elfiques, les plus solides qu'il soit, peuvent venir à bout de n'importe quelle cuirasse ou bouclier.
Mais lui seul peut transpercer les armures renforcées de magie, grâce au don que lui a fait la mère-déesse des dragons, Daarungnarok. Il est un des enfants du feu véritable, un dragon de sang royal et divin, et ne manque pas de le faire remarquer quand il en a l'occasion. Il est capable de décapiter un ogre avec ses pattes, faucher un régiment de soldats avec sa queue, manger trois hommes simplement en les broyant entre ses dents puissantes et aiguisées. Bref, il était mortel, et seul un autre dragon-dieu royal pouvait lui tenir tête ou lui causer quelques maigres blessures avant de succomber sous ses assauts impitoyables.

Greyforg arrive sur la plaine par les airs afin que tout le monde puisse admirer sa grandeur, avec ses ailes de plus du double de sa taille qui provoquent des bourrasques spectaculaires. Il est le plus fort, il est le plus résistant, de toutes les créatures qui foulent cette plaine, et il ne manque pas de le faire savoir à chaque occasion. Arrivé au sol, le choc fracassant de l'atterrissage ébranle la terre, et les premiers gibiers s'enfuient déjà de terreur. Les Wyverns s'écartèrent un peu, laissant à leur souverain la place pour admirer le territoire, une de leurs plus anciennes ruses, et profitant d'un moment d'inattention du doré, ils sautèrent tous en même temps sur la splendide créature, qui en repousse deux rien qu'avec sa queue effilée et robuste.

Trois autres tentent en vain de percer son armure naturelle, et quelques coups de griffe bien placés les repoussent en leur laissant une plaie béante sur leur torse écailleux.

Le coup fut d'une telle violence que l'un d'eux succomba suite à l'hémorragie.
Il pousse alors un cri déchirant qui les paralyse instantanément d'effroi. Prenant appui sur ses pattes arrière il saute à la gorge du plus proche en refermant sa mâchoire dans la chair dépourvue d'écaille de son adversaire, ne lui laissant aucune chance de se défendre et sectionne sec sa trachée, pendant que les Wyverns encore en en vie continuaient de le fixer sans comprendre ce qui venait de se passer.
Le sang de leur compagnon giclait sur l'herbe et la teintait en rouge. Les trois survivants libérés de leurs terreurs agissent avec bon sens et tentent de fuir la plaine au plus vite. Malheureusement pour eux, le seigneur de ces terres n'a pas l'intention de laisser ces lâches faiblards s'en aller. Il bondit sur le plus lent, blessé à cause de sa plaie au torse, et il lui arrache les ailes avec ses griffes surpuissantes, et passe à sa cible suivante, lui mordant sa queue et balançant sur le Wyvern sans ailes, qui se débat pour se dégager de ce poids et qui finit par combattre son camarade à mort, qui réplique en paniquant, avant de décéder de ses blessures. Le dernier avait déjà gagné beaucoup de terrain, mais ce n'est pas ce qui allait arrêter Greyforg, qui s'élance sans élan dans les airs pour retomber sur sa victime, en la lacérant avec ses griffes et ses crocs avec brutalité qui lui est propre. Quiconque ose se dresser face à lui subit son courroux impitoyable.

Plus tard, il rassemble ses proies et mange le nécessaire, laissant les autres carcasses pour des bêtes plus faible.
Car le terrible Greyforg est avant tout le gardien de l'écosystème de ces plaines et de sa couvée. Il serait malvenu de le sous-estimer , car il dispose du don des langues et d'une intelligence supérieure encore très rare parmi les créatures de son espèce. Il a reçu un enseignement digne des plus grands savants humanoïde avec le sorcier Andalion qu'il considère comme un être plein de ressources fort intriguant. Cet humanoïde était d'abord venu le tuer dans son antre, et tous deux ont commencé par s'engager dans une lutte acharnée.
La bataille s'éternisait et le sorcier finit par abandonner et lui faire un marché: ses services contre une incommensurable connaissance. Fasciné par la race humaine, l'ingéniosité des peaux vertes, ou la détermination de certains hommes-bêtes, ce marché lui paraissait plus équitable et il avait accepté. Greyforg avait passé les années suivantes auprès de ce sorcier en se contentant de le débarrasser de ses ennemis ou s'occuper de ses voyages. En échange, Andalion lui a enseigné les fondements de ce monde mystérieux et vaste qui le fascine tant.

Alors qu'il terminait son repas apparaît non loin de lui une porte en bronze venue de nulle part. Un charmant jeune homme vêtu d'une tenue typique des explorateurs prêt à toutes menaces, et sans se soucier du carnage, admire l'étendue rocailleuse qui se présente à lui.
Il tient dans sa main droite un bâton de marche rehaussé d'une petite lanterne qui luisait d'une lumière scintillante et violette. Il se tourne ensuite vers Greyforg qui lui présenta son arrière train scintillant.

"-Bonjour. Pouvez-vous comprendre ma langue?"

Greyforg se retourne vers l'humain. Il l'examine sous toute les coutures, essayant de percer à jour ses intentions. Sa démarche assurée et son sourire montre bien qu'il ne lui faisait pas peur. Son entrée spectaculaire et son arme étrange renforçaient son intuition: il devait s'agir d'un puissant magicien. L'homme avait une chevelure impeccable poivre et sel qui, avec son bouc de couleur charbon, lui donnaient un charisme incontestable qui ne laisserait pas indifférente les femelles de sa race. Celui-ci tenait un sac en bandoulière dissimulé habilement sous son large manteau, un détail sans intérêt apparent, mais qui n'échappe pas à son regard vif et perçant. Un pantalon se dessinait à ses mollets, par-dessus des bottes neuves, idéale pour les longues randonnées. Il ne semble pas hostile et pourtant son instinct sauvage lui murmure de ne pas baisser sa garde face à la créature.
Il serait clairement stupide de la considérer comme une quelconque proie. Une grande sagesse se terre dans son regard émeraude, et ses mots sont aussi remplies d'assurance que son allure inspire le respect. A nouveau le petit être reprend la parole.

"- Tu me regardes avec intelligence, je vois bien que tu m'examine. Je me présente: Drakkan le passeur. Que dirais tu de discuter un moment tous les deux?"

Greyforg soupire, de l'air chaud s'échappe par ses narines, et il se décale face à l'homme, se dressant sur ses pattes arrière, exposant sa grandeur et sa magnificence à Drakkan, prenant une grande inspiration et crache des flammes dorées dans le ciel qui scintillent sous ce soleil zénithal.

"-Je suis Greyforg, fils de Forgfer, seigneur des Wyverns dorés et ambassadeur auprès du conseil des 12 puissances des contrées du royaume de l'est! Humain, quelle ambition t'amène à venir me confronter et quelle audace te pousse à me déranger pendant mon somptueux festin?"

L'homme regarda le Wyvern dans les yeux un moment, perdu dans la contemplation puis s'incline pour s'excuser.

"-Milles excuse grand ambassadeur. Si je suis venu ici jusqu'à vous, c'est pour vous inviter à une quête unique, qui sera récompensée par une renommée et un pouvoir non négligeable. Il s'agit d'un tournoi consistant à des combats contre des adversaires peu communs.

-Un tournoi? Je n'ai que faire des tournois. Un homme se dresse devant moi? Je l'écrase!
Un Wyvern voit en moi une cible? Je l'immole avec mes flammes d'or. Même un mage n'a aucune chance face moi.
-Voilà qui est intéressant. Vous les dragons vous avez un honneur irréprochable n'est-ce pas? Que pensez-vous d'un marché?"

Il toisa l'humain, qui le regardait avec désinvolture. Cet insecte n'avait donc pas compris? Il résistait à la magie. Quel marché va-t-il inventer pour espérer en trouver quelconque bénéfice?
La renommée, c'est pour les humains qui ont besoin de se faire connaître après leur mort. Pour les Wyverns, c'est Daruungnarok, la déesse mère des dragons qui perpétue la mémoire des dragons à travers leur descendance, dans leurs œufs. Et s'il y a bien une chose que lui a appris Andalion, c'est que le pouvoir corrompt. Cependant, ce marché pourrait peut-être le sortir de son ennui perpétuel qui le tracasse ces derniers temps.

"- Parle donc humain! Et ne me fais pas perdre mon temps!
-Affronte moi. Si je gagne, tu deviens mon champion et je t'entraînerai pour le tournoi, si tu gagnes, tu pourras disposer de moi comme bon te semble."

Ce vagabond a du cran c'est sûr!
De plus, il semble confiant en ses capacités. Ce serait dangereux de rentrer dans son jeu, mais ce tournoi commence de plus en plus à l'intéresser.

"C'est d'accord. J'accepte le..."

Au moment précis où il prononce ces mots, une forme humanoïde apparaît entre eux deux. Une femme, aux longs cheveux argentés, vêtue d'une combinaison moulante noir venait d'interrompre le Wyvern.

"Je ne te laisserai pas t'en tirer comme ça, enfoiré! Je l'ai vu le premier!"

Les gardiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant