Je voudrais être vague et sentir sur mon corps
la caresse du vent tisser ses fils d'écume.
Retenir sur ma peau les couleurs de l'aurore,
Et tresser mes cheveux aux voiles de la brume,
Pour mieux ensorceler les âmes inconscientes.
Je voudrais voir le soleil danser sur mes épaules
et la lune chevaucher la cambrure de mes reins.
Sentir les flots rouler en lames frémissantes
Au creux de mes entrailles pour bercer les marins
Ces amants infidèles qui pillent les trésors
Qui tapissent mes fonds de fabuleux décors.
Ils s'emparent de ces algues aux teintes bigarrées,
Des rouges goémons, des vertes émeraudes,
Sans m'accorder l'aumône d'un geste d'amitié.
Alors les soirs de vent où la tempête gronde,
Je lèverai la nuit de puissants sortilèges,
Pousserai leurs esquifs à s'échouer dans l'ombre
De mes plus hauts récifs, de mes noires abysses.
Afin que nul n'oublie qu'à l'aube de la Terre,
Mon père était un Dieu nommé Poseïdon.