Dernière lettre (II)

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Contrairement à d'habitude, la journée du Vendredi se passa relativement bien. Nelly pu travailler tranquillement sans se faire de soucis.

Le week-end était à présent arrivé, la cadette avait bien des choses à faire. Elle se devait d'acheter des boules puantes ainsi que du shampoing. Pour quelqu'un ne sortant jamais, ceci s'apparentait à une épreuve. Tandis que Damien dormait encore à treize heures suite à une soirée avec ses amis et que Gaïa s'exerçait à la guitare, Nelly prit son argent et partit.

Elle devait se rendre encore une fois à Carrefour, il était environ onze heures. Une fois arrivé, elle contempla ce spacieux lieu. Il y avait quelques galeries marchandes en tout genres; l'air y était agréablement frais et parfumé d'une douce senteur de viennoiserie. La relaxante couleur jaune-orangée était contrastée par les forts bourdonnements des clients qui brûlaient les sensibles oreilles de Nelly. Elle trouva rapidement les boules puantes dans le rayon jouets, mais c'était loin d'être un jeu pour elle. L'enjeu était plus que sérieux. Ensuite, l'adolescente erra au rayon beauté dans le but de trouver son fameux shampoing aux avocats. Une fois le produit en poche, elle se rendit à la caisse. En survolant du regard les comptoirs se trouvant à sa gauche ainsi qu'à sa droite, elle aperçut Monsieur Laplume. Le professeur avait dans son caddie des tonnes de cochonneries, en passant par le coca cola light, aux chips et sans oublier les barres de chocolats sans sucres. Il pensait que l'annotation "sans sucre" sur les aliments était une garantie de sa bonne forme physique, mais son ventre aurait dû lui avoir démenti tout cela depuis longtemps. Quand Nelly passa la caisse, c'était aussi le tour de son enseignant. "Bonjour", lui dit-elle pendant qu'il un paquet de Na chocolaté en levant le bras ce qui révélait quelques parties de son corps. Il lui répondit d'abord par un sursaut, légèrement gêné puis lui rendit son salut.

Une fois les commissions payées, Nelly, malgré le beau temps, se hâta de rentrer chez elle. La jeune fille claqua bruyamment la porte ce qui fit retentir un bruit assourdissant. Son frère et sa sœur avaient compris qu'elle était rentrée. Gaïa lui sauta dessus, guitare à la main.

" T'étais où ? Peu importe écoute mon morceau ! S'exclama Gaïa, excitée.
- OK OK mais j'ai du boulot. Répondit Nelly.
- Viens !!!"

Gaïa s'assit sur le canapé et commença sa mélodie. Nelly s'en tamponnait la coquillette et le faisait d'une façon aussi discrète qu'un buffle parmi les chats. Sa sœur le remarqua, prit un air consterné mais continua. Elle joua, mais comprit que son aînée n'avait pas grand intérêt envers elle aujourd'hui. "Je vais montrer ça à Damien", dit-elle.

Nelly passa le reste de la soirée dans le noir, scotchée, sur son compte facebook aussi bidon que l'obtention du brevet de Léa, qui possédait un niveau scolaire très faible. La cadette avait l'habitude à passer beaucoup de temps sur les réseaux sociaux en tout genre à faire ce qu'on appelait du " Stalkage". Elle découvrit ce soir la réjouissance d'une certaine Elisa concernant sa classe qui était aussi celle de Nelly. "Trop contente d'être avec vous les potos", publiait-elle en identifiant Léa, Léo, Yanis, Eva et Aurélie. Ce genre de spécimen l'agaçait énormément, c'est ce qu'elle appelait une "pure lécheuse de bottes". L'adolescente, après avoir mangé passa sa nuit cette fois-ci sur le célèbre twitter. La plus intéressante des plateformes sociales selon elle car c'est celle qui permettait le plus d'espionnage. Il fallait connaître ses potentiels ennemis afin d'avoir de l'avance sur eux. Personne ne pouvait se douter de ce genre de pratiques venant de sa personne. Nelly s'endormit le portable à la main.

Le lendemain matin, la mère de la fratrie réveillait tout le monde sans ménagement à coup d'aspirateur. Elle passa dans toutes les chambres se situant à l'étage et dans le grand salon. Une fois le ménage fait, elle se détendit les pieds croisés sur le canapé. Elle mit un mot sur le bureau de la chambre de chacun de ses enfants : " balade à vélo cet après-midi". Les jeunes adolescents se levèrent aux alentours de treize heures puis virent le mot. Ils étaient en retard. Chacun fit vite ses préparatifs et mangea de son côté.

Une fois dehors, tout le monde avait son vélo. La famille se dirigea vers un endroit appelé la "ligne pourpre". C'était un lieu commun pour les gens désirant se refaire une santé à l'aide de sport.

" On fait la course ? Questionna Gaïa.
- Quand tu veux je gagne, répondit Damien, la défiant du regard."

Tout le monde savait déjà que Nelly était hors-jeu. Celle-ci resta derrière avec sa mère. La benjamine et l'aîné de la famille se disputèrent une course sans merci. Soudainement, allant trop vite, Damien roula sur un caillou et tomba dans les ronces sur les côtés. Un horrible craquement se fit entendre sur toute la ligne pourpre. Nelly vit Gaïa revenir rapidement, l'air horrifié.

"Maman, Damien a la jambe toute ensanglantée ! S'écria Gaïa.
- Qu'est ce que vous avez fait ?! Répondit-elle excédée.
- Juste une course, il est tombé.
- Il saigne ? Questionna-t-elle paniquée.
- Oui, répondit sereinement Gaïa.
- OK, j'appelle les pompiers, dit la mère, surprotectrice.
- PUTAIN MON LEVIS, cria Damien au loin."

Nelly ne savait pas comment agir, comme d'habitude, elle avait l'air en tout et pour tout de ne servir à rien. Elle pensait que son frère serait content de louper des cours.

Les pompiers arrivèrent et transportèrent le quatuor à l'hôpital. La mère de Nelly pouvait rester avec Damien mais les deux adolescentes se devaient de rester dans la salle d'attente. La salle était grande, et autour on y voyait des portes mener à différentes spécialités du monde de la médecine. On pouvait sur les portes des noms de professions tel que "Dentiste, dermatologue, diététicien, pédiatre...". Par pur coïncidence, Nelly aperçut Monsieur Laplume sortant du cabinet " Diététicien". Celui ne vit heureusement pas l'adolescente, ce qui empêcha toute éventuelle gêne.

La mère de Nelly revint voir ses deux enfants.
" Damien restera ici ce soir, il n'a pas l'air si triste.
- Je m'en veux...se lamenta Gaïa.
- J'ai hâte d'y retourner, dit Nelly d'un air faussement enjoué.
- On rentre les enfants. J'ai appelé un taxi."

La famille, non complète, rentrèrent chez eux. Nelly, Gaïa et leur mère mangèrent sans discussions et chacun alla se coucher.

Le réveil fut anormalement facile, la piscine était de treize heures à quinze heures. La première matinée de cours se passa rapidement. Nelly se plaça cette fois dans le bus à côté de Mélissa pour lui parler de son plan.

"C'est la dernière fois que je fais ça ! Après je serai enfin libre, Léa va passer pour une crado, dit-elle, euphorique.
- J'espère vraiment que ça va pas rater, répondit Mélissa fatiguée."

Une fois dans les vestiaires, les choses sérieuses commencèrent. Nelly et son amie répétèrent exactement le même procédé que la dernière fois, de façon encore professionnels au vu de leur expérience commune. Elles étaient tellement détendues qu'elles continuaient leur conversation habituelle. Personne ne les vit et elles n'arrivèrent pas trop en retard, rien ne pouvant les suspecter.

Elles se rendirent dans leur bassin respectif et répétèrent exactement les mêmes exercices que la dernière fois, les maîtres nageurs prétendaient que c'était pour vérifier leurs capacités à progresser un seul et même mouvement.

Une fois le cours terminé, les élèves sortirent du bassin. Ils se dirigeaient en direction des douches. "Ahh mais quelqu'un a encore mis cette merde dans mon gel douche, on ne me la fait pas deux fois à moi, j'ai des preuves maintenant", s'exclama Léa en accourant dans le vestiaire pour récupérer son téléphone. La bouche de Nelly s'assécha, son coeur battait à en décorner les bœufs et ses yeux s'écarquillèrent. Avait-elle été découverte ?

NellyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant