Chapitre 3

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Toutefois, je trouvais des failles. Je savais qu'il m'était possible de gagner en estime. Tu ne me considérais pas tout à fait comme un ami. Ce terme, tu l'employais parce que tu ne pouvais rien dire d'autre. C'était ambigu entre nous. Trop flou pour pouvoir placer des mots sur cette relation.

Moi, je ne savais pas comment qualifier ce que tu me procurais comme bonheur, mais je le ressentais.
Je savais identifier ce sentiment contraire aux règles de l'amour banal.

Il y a eu ta grossesse, ton appréhension, ta peur d'être seule et d'avoir un fils plutôt qu'une fille. Il y a eu tes nausées lors des autopsies parce que personne ne pouvait te remplacer, jusqu'à l'arrivée du jeune juge qui n'a pas été un cadeau.

Et moi j'étais là. J'étais près de toi, à te rassurer avec mon expérience avec ma fille, Juliette.

Il y a eu les parloirs avec le père de l'enfant que tu portais si bien, ces moments personnels entre vous que je m'empêchais d'imaginer.

Il y a eu Mathieu et ses problèmes, qui sont devenus ceux de Paul et les tiens avant de devenir les miens.

Je méprisais cet homme jusqu'à ce qu'il nous livre sur un plateau des trafiquants de diamants comme Von Varenberg.

Cette période-là, c'était une des pires. Tu ne savais pas ce que tu voulais, et moi non plus, du coup. J'attendais un signe qui ne venait pas, une preuve dans ton attitude qui puisse me dire « je n'attends que toi, Fred ».

Rien ne venait. J'écoutais tes plaintes, je séchais tes larmes, j'attendais ton accord.

Et puis c'est arrivé.

C'est là que j'ai compris qu'avoir gardé espoir pendant tout ce temps n'avait pas servi à rien.

J'étais le plus heureux des hommes.

Âmes endoloriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant