CHAPITRE 4

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     Jamais je n'aurais pensé en arriver là. A un point où mon seul désir était de mourir. Je voulais connaître la paix éternel, visiter le paradis. Voler entre les nuages pour finalement rejoindre celui à qui je devais ma vie actuelle. Néanmoins, un tout autre désir grandissait peu à peu en moi. J'avais ce besoin de savoir, de connaître son histoire. Je me devais de savoir qui il était. Je voulais savoir quel genre de garçon c'était mais surtout s'il aurait été capable de donner sa vie pour une personne comme moi.

     Il y a encore quelques jours, mes pensées se concentraient sur une seule chose, la mort. Je pourrais parler éternellement de cet événement que j'attendais avec beaucoup d'excitation. Je me voyais périr dans les profondeurs de la terre. Parcourir ce fameux tunnel serait le plus beau des rêves. La cause de ma futur mort m'était égale tant que son cœur pourrait être sauvé. Je ne pensais qu'à une chose, le faire survivre. Je voulais que cet homme vive éternellement mais surtout que sa nouvelle vie soit parfaite. Je ne voulais plus qu'il souffre mais qu'il soit heureux. Je n'avais aucune occupation particulière, aucun moment adrénaline, rien qui pouvait le faire battre à tout rompre, comme c'était le cas avant.

     Apprendre était encore un de mes seuls plaisirs cependant apprendre sa vie était douloureux. Je me sentais plus bas que terre et vraiment misérable par rapport à lui. Une des premières choses que j'avais appris sur lui était son âge. Je m'étais haïs de voir qu'il était plus jeune que moi, même si ce n'était que de quelques mois. J'avais pris la vie d'un jeune, cette révélation se répétait inlassablement dans mon esprit. Voler la vie d'une personne n'était déjà pas une chose qui me plaisait mais savoir qu'il était plus jeune... Le plus vieux ne doit-il pas mourir avant le plus jeune ? Rien que pour ça, je haïssais d'autant plus mes proches.

     J'avais trouvé une courte biographie de lui dans un journal. La presse parlait de lui comme un « jeune homme au grand cœur ». C'était leur manière de dire aux lecteurs que tout le monde le regrettaient et qu'il avait fait une bonne action avant de mourir sans cœur. Si seulement toutes ses personnes et lui savaient à qui il l'avait soit disant donné. Quel genre de personne aurait accepté de me donner son cœur ? Sincèrement, personne, ni même ma famille. Je l'avais alors jeté sur la table de la salle à manger, devant mes parents. Ceux-ci m'avaient regardaient sans réellement comprendre. Toutefois, mon père a été le premier à voir la page consacrée aux disparus. Il lu l'article avant de le passer à ma mère. Leurs visages étaient fermés.

- Il était mignon. - Fit ma mère la tête baissée.

- Il l'était. - Avais-je dis en exagérant sur le « était ».

- Tu n'en as pas marre de faire souffrir ta mère ? - Avait demandé mon père.

- Sincèrement, non. - Répondis-je.

     Dire la vérité, ne plus mentir étaient des résolutions que j'avais récemment prise voyant ma fin proche. Cependant, une infime partie de moi me hurlait que j'aurais dut me taire. Mais je n'en avais plus la force, autant tout dire. Il n'y avait plus de place pour les regrets. Tout en se levant, mon père vint plaqué le journal contre mon torse. La colère pouvait se lire à travers ses yeux, à travers ses gestes. Tandis que ma mère, elle, pleurnichait.

- Tu devrais avoir honte. - Déclara-t-il tout en me donnant une gifle.

- Que devrais-je dire de toi ?

     Ses poings étaient serrés. Je pouvais voir ses phalanges blanchir. J'étais sans aucun doute allé trop loin, définitivement trop loin. Cette discussion de sourd ne rimait à rien. Tout en jetant un regard empli de pitié vers eux, je claquais la porte de ce lieu devenu étranger.

     J'étais installé dans un parc, le journal sur les genoux contemplant le visage de mon cœur. Il était beau, personne ne pouvait dire le contraire. Jamais je n'avais vu un homme aussi beau avec un tel sourire. Il devait sans aucun doute conquérir tout les cœurs. Son sourire faisait plissé ses yeux où se trouvait sur l'une des paupière deux petits grains de beauté. La photo avait beau être en noir et blanc elle n'en restait que plus belle. Je passais un doigt sur les traits fin de son visage pour finalement faire de même sur le mien. Ce garçon avait définitivement un charme que je n'avais pas. J'avais privé de nombreuses personnes de son charme naturel et de son cœur.

     L'adresse du cimetière où il reposait s'y trouvait également. Sans aucun doute pour que ses connaissances puissent lui rendre visite. Rendre visite à quelqu'un dans le plus sinistre des endroits n'est pas quelque chose que je conçois. Pourquoi rendre visite à un mort si c'est pour ce faire encore plus mal ? Je ne pourrais jamais résoudre ce mystère, peut-être le peut-on une fois mort. Je l'espérais.

     J'avais soudainement envie d'emmener son cœur sur sa tombe. Voir où son corps était enterré. Voir où vivait désormais son âme. Ainsi l'âme et le cœur pourront se rencontrer. Habituellement, j'aurais pris les transports en commun mais apprendre que celui-ci avait aimé marcher tout en contemplant le monde me fit changer d'avis. Je voulais rendre son cœur heureux et avoir appris ses quelques éléments sur lui me le permettais.

     Une fois arrivé sur les lieux, je cherchais discrètement sa tombe. Jamais je n'avais fait une telle chose, à vrai dire, je ne connaissais personne qui vivait ici. Au début, j'étais heureux de le savoir mais maintenant j'aurais voulu que le contraire se produise. Jamais je ne pourrais ressentir de mon propre cœur la douleur de perdre un être cher. Je passais derrière certaines personnes tout en regardant discrètement le nom de la personne qu'ils pleuraient.

     Lorsque je le trouvais enfin, un jeune homme se trouvait devant lui. Je continuais mon chemin, m'asseyant sur le banc le plus proche. Mes yeux qui avaient tout d'avoir fixé la tombe, fixaient désormais l'homme en face de celle-ci. Il avait à peu prêt le même âge que moi, il était blond mais surtout il était un peu trop bien habillé pour une personne rendant visite à un mort. Je ne pouvais pas dévier mon regard de lui. Le voir trembler et entendre ses pleurs faisaient battre anormalement mon cœur. Pour la première fois depuis longtemps mon cœur réagissait, enfin le sien. Son cœur battait face à la vue de cet homme meurtri. C'était sans aucun doute un de ses amis proches, peut être son meilleur ami. Un sourire se forma sur mon visage à cette pensée. Son cœur était actuellement heureux.

- Qu'est-ce que vous avez à me fixer comme ça ? Vous n'avez jamais vu quelqu'un pleurer sur une tombe ?

     Je sursautais, j'étais tellement perdu à écouter son cœur battre que je n'avais pas fait attention au fait que je le fixais. Entendre sa voix faisait battre cet organe à tout rompre. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi. Ce n'était pas si désagréable mais je me refusais d'apprécier ce son. Je ne devais pas l'apprécier car je devais m'en séparer au plus vite.

- Dégagez de là ! Vous n'avez pas honte !

     Sa voix un peu plus menaçante me fit sortir de mes pensées. Je me levais du banc tout en m'inclinant légèrement afin de m'excuser. Et tout en passant derrière lui, j'écoutais ce qu'il racontait à son corps.

- Les gens n'ont aucune honte... Tu me manques. Je vais retrouver ton coeur, c'est promis JaeBum.

     Mon cœur s'emballait douloureusement à l'entente de cette phrase, de son nom. Je n'étais pas le seul à trouver cela injuste. Lui aussi ne voulait pas que son cœur se retrouve en moi. Et même si nous ne voulons pas réellement la même chose, cette découverte me réconfortais. J'allais faire ce qu'il lui a promis lorsque j'aurais des réponses à mes questions. J'avais décidé du temps qu'il me restait à vivre avant de donner à proprement parler mon cœur à cet homme.

Greffe des sentiments.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant