CHAPITRE 8

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     Comment peut-on continuer à vivre lorsque l'on s'est ce que l'on a détruit ? Comment est-ce possible de rester debout lorsque l'on a tant perdu ? Comment fait ce jeune homme pour vivre loin de son âme sœur ? Comment fait cette mère pour survivre sans son fils ? Pourquoi n'est-ce pas mes parents qui pleurent ma mort ? Ai-je réellement le droit de continuer de vivre ?Pourquoi suis-je en vie, si ce n'est que pour me laisser mourir.

     Six jours. Six jours et vingt heures plus exactement. Six jours que je me laisse périr, allongé sur mon lit. Mon regard reste bloqué sur cette image si joyeuse de JaeBum et de Jackson. Ils avaient l'air tellement amoureux, tellement fait l'un pour l'autre. Je me sens désolé d'avoir détruit un amour parfait. Je me hais d'avoir eu ce cœur, celui-ci n'aurait jamais dû me revenir. Je détestais la Terre entière de m'avoir laissé en vie alors qu'une personne bien plus heureuse que moi m'a donné son cœur. Il m'a laissé vivre, en se laissant mourir.

     A vrai dire, depuis ma visite chez sa mère, je n'avais pas bougé de cet appartement. Je me nourrissais, je buvais, je me lavais, mais je ne voulais ressentir aucun sentiment de satisfaction. Je regardais mon réveil, celui-ci indiqué que l'après-midi venait de commencer. Je n'avais plus aucun sens du temps. Bien sûr, que je savais depuis combien de temps j'étais enfermé ici. En fait, je ne voulais juste pas prendre conscience du temps que je perdais à réfléchir à la mort. A réfléchir à cette fin que je désirais tant.

     Je me levais difficilement de mon lit. J'avais pris la décision d'y retourner. Je voulais tout d'abord aller sur sa tombe pour finalement aller voir sa mère. J'avais ce besoin de rendre visite à l'un comme à l'autre. J'essayais de m'habiller convenablement. Une fois de plus je voulais faire bonne impression aux yeux de la mère de JaeBum.


     Assis sur mon banc habituel, un spectacle que je n'aimais définitivement pas se déroulait une fois de plus sous mes yeux. Jackson était là, devant sa tombe, pleurant une fois de plus l'être qui avait, sans doute, le plus aimé dans ce monde. Un léger pincement se fit ressentir au niveau de mon cœur. La pluie, qui était là depuis plusieurs jours, était de plus en plus violente. Même si mon parapluie me protégeait à la perfection, lui n'avait rien pour se protéger. Il avait essayé de mettre sa capuche mais elle n'était plus efficace. Il venait d'ailleurs de l'enlever.

     J'essayais de penser à mon cœur, de penser à JaeBum. Personne n'aimerait voir l'être qui l'aime dans cet état-là, sous une pluie battante, en train de pleurer. Je me levais, écoutant les battements de mon cœur à la fois agréable et désagréable. Agréable car j'allais aider l'être qui avait fait battre autrefois ce cœur, et désagréable car je n'avais aucune idée de sa réaction.

     Je m'avançais lentement vers lui. Il avait légèrement tourné la tête mais n'avait rien dit. Je pouvais désormais entendre ses pleurs ainsi que ses reniflements. Je m'installais à sa gauche, restant debout tout proche de lui. Nous étions tous les deux à l'abri de la pluie, les yeux rivaient sur cette tombe. Tout en restant accroupi, il leva sa tête dans ma direction.

- Encore toi.

     Un sourire de compassion prit place sur mon visage. Je ne savais pas quoi lui répondre. En vérité, je savais pertinemment que cette situation n'allait pas durer.

- Mark, c'est ça ?

     Je hochais positivement la tête en signe de réponse. La surprise pouvait sans doute se lire sur mon visage. Après réflexion, savoir mon nom était logique. Il m'avait vu chez JaeBum, bien sûr qu'il avait demandé mon prénom à sa mère. Qui ne l'aurait pas fait ?

- Dégage.

- Je ne partirai pas Jackson.

     Il venait de se relever, instinctivement, j'avais placé le parapluie plus près de lui. Il se rapprocha de moi tout en pointant son doigt vers moi.

- T'es qui au juste ?

- J'étais un ami de JaeBum.

- Es-tu crois que je vais gober ça ? - S'énerva-t-il.

- Ce n'est que la simple vérité. - Fis-je.

     Cette fois-ci il me poussa légèrement. Je pouvais très clairement comprendre sa colère, cependant je ne pouvais pas lui dire la vérité.

- JaeBum n'aimait pas les menteurs.

- Je ne suis pas un menteur, je ne l'aurais pas eu en tant qu'ami autrement.

- Il ne m'a jamais parlé de toi. - Fit-il.

- Il n'était pas obligé de tout te dire Jackson. - Lui expliquais-je.

- On ne se cachait rien.

- Comment peux-tu en être certain ?

     Je détestais réellement la tournure que tout ceci prenait. Je ne voulais pas faire passer JaeBum pour ce genre de personne qui ne dit pas vraiment tout à son petit copain, mais je ne pouvais faire autrement.

- On partageait absolument tout.

- Je partage aussi quelque chose avec lui. - Commençais-je. Enfin, partageais. - Me repris-je.

- Tu ne le connaissais pas aussi bien que moi. - Lança-t-il.

- Je n'en doute pas une seconde. Jackson, je sais très bien à quel point vous étiez important l'un pour l'autre. Disons juste que...

- Tu ne sais rien. - Fit-il tout en partant.

     Je venais de faire une connerie. Jackson était en train de m'échapper et comme un con je l'avais fait pleurer de plus bel. Je ne valais définitivement rien de plus que la mort. Je me mis à courir afin de le rattraper. Une fois cela fait, je remis le parapluie au-dessus de nous. Cependant, il n'était pas de cet avis et marchait de plus en plus vite. Je me plaçais face à lui, l'obligeant à s'arrêter.

- Quoi ? - S'énerva-t-il, les larmes dévalant son visage.

- C'est vrai.

- Hein ?

- Je ne peux pas savoir à quel point votre relation était fusionnelle, car il faut vivre une telle histoire pour la comprendre. Cependant... Je ne pense pas que JaeBum soit heureux de te voir ainsi. Je pense juste que... Qu'il aurait voulu que je prenne soin de toi, que je te maintienne la tête hors de l'eau. Je ne pense pas qu'il veuille te voir sombrer ainsi.

- Arrête de penser alors. - Fit-il.

     Il avait dit ceci tout en me bousculant et en partant hors de ma vue. Je n'avais plus la force de le poursuivre. Toutefois, je savais désormais pourquoi je devais rester vivant encore quelque temps. Je me devais de le maintenir en vie. En vie pour que JaeBum puisse continuer de vivre à travers lui et non à travers moi.

Greffe des sentiments.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant