Vivre pour rêver

L'automobile

Embarquer Marie dans l'auto de Soline est un réel défi, mais nous savons très bien que ce sera encore pire dans les escaliers pour entrer dans la maison.

-Oh hisse, allez Luke Skywalker (Eli)! Je vous croyais plus fort que ça!

-Ouais, mais ce n'est pas de ma faute si la charge est TRÈS lourde!

-Eli, je t'entends, dit Marie en faisant un faux air fâché.

Denis est occupé à faire entrer la chaise roulante dans le coffre, Soline, à faire de l'espace pour Marie pour ses jambes blessées donc évidemment, c'est Eli et moi qui avons la lourde tâche de lever Marie pour l'asseoir dans le siège comme elle ne peut le faire elle-même.

-Ben il faut dire que c'est quand même vrai, lui dis-je. On est si frêles et peu forts, nous.

Bon, d'accord, Marie n'est pas lourde, loin de là. Mais pour un jeune ado n'ayant pas encore commencé la puberté et une fille sans aucun muscle, elle n'est pas légèrte comme une plume. Et c'est notre cas.

Quand nous avons fini de monter Marie à son siège, nous nous assoyons et partons. Soline met de la musique et nous roulons, fenêtres ouvertes juste pour dire, vers notre maison temporaire. Marie chante de joie et aussi parce que ça fait un petit bout qu'elle ne l'a pas fait.

Je dois avouer, l'accident n'a pas du tout influencé son talent. Elle a toujours ce talent et ce charisme fou. Je me ressens tomber en enfance quand Marie était pour moi une idole, une icône, une déesse, inaccessible. Bien des choses ont changé depuis le temps, mais précisément, depuis mon petit séjour à St-Bruno pour un stage avec elle et Fred...

<<Et nous voici de retour pour votre rendez-vous quotidien! Nous venons d'apprendre que la chanteuse Marie-Mai reviendrait de l'hôpital aujourd'hui après avoir...>>

Soline a fermé la radio en vitesse. Eli regarde sa tati d'un air songeur. Marie elle regarde dehors, mais je sais qu'elle a les larmes aux yeux: je sens ces choses-là. Soline regarde la route tout en envoyant des signaux peu subtils à Marie pour lui remonter le moral et Denis regarde Soline, souriant (ah l'amour!). Et moi? Je suis perdue dans mes pensées comme toujours.

Comme je suis à côté de Marie, je m'accote un peu sur elle (sans appuyer pour ne pas lui faire mal; je ne suis pas conne), pour lui remonter le moral. Je n'aime pas la voir triste. Elle se retourne et me fait un léger sourire. Je lui rends celui-ci. Elle se tourne ensuite vers la route et semble dans ses pensées.

La maison de Soline est très proche d'ici, maintenant. Oh non, j'ai fait un lapsus! Peut-être que...

-Marie, je viens de faire un lapsus ahahah! Je me disais <<La maison de Soline est très proche d'ici, maintenant>>! Même si tu es mon amie, parfois je fais encore ce genre de lapsus ahahahah!

-Tu peux partir, tu peux rester, prendre ma vie dans tes mains! Tu peux garder ce qu'il reste de mon âme, chante-t-elle.

-Dans un monde absent, toi, tu me comprends! Je prends vie près de ton corps! Ici! Maintenant! J'en redemande encore, que nous chantons tous ensembles.

Ça me fait penser à un moment du stage...

{SOUVENIR}

Marie revient de la salle de bain.

-Alors, tu dis que tu sais chanter, hein?

Elle commence à chanter Almost. Je la suis dans son mini duo improvisé. Fred fait du air guitar et fredonne l'air. Nous avons vraiment du plaisir. J'ai l'impression que ça fait une éternité que nous chantons quand soudain...

-On est arrivé!

Eli a crié. Je viens de m'endormir et je me fais déjà réveiller! Je baille. La fatigue est très présente.

-Voici votre maison pour les prochains jours et semaines, dit Soline. Denis, Clara, aidez Marie à descendre et à entrer. Eli, suis-moi. Il faut que tu fasses tes devoirs et que tu aides tati et Clara après si elles ont besoin.

-Mais maman...

-Pas de mais!

Soline entre avec Eli. Denis va chercher la chaise roulante, tandis que je m'occupe de détacher Marie de son siège sans lui faire mal (elle est fragile!) et de lui tenir compagnie.

Les voisins regardent, mais au moins, la presse n'est pas au courant qu'elle est ici. Vive son équipe qui n'a dit que le minimum!

Je regarde Marie, cette femme qui sourit même en ce moment dans un moment pas très joyeux (on s'entend) de sa vie. Je l'ai toujours admiré pour cette force et cette joie de vivre. Elle en vit des moments toughs, mais elle ne le laisse pas paraître du tout.

Denis lève la chaise roulante, puis je lève Marie et la dépose lentement dessus. Le mari de Soline va aider son amour à la cuisine, tandis que je pousse Marie lentement. J'ai à la pousser dans les 10 marches pour atteindre la porte.

-Une chance que j'ai fait mes entraînements ce matin, dis-je, en blague.

-Une chance! Ahah! J'aimerais t'aider, mais je ne peux comme pas!

-Mouin, je sais. Bon, je me lance.

Et je monte chacune des 10 marches sans forcer à en mourir, mais en forçant quand même. Arrivées au seuil de la porte, Marie me dit trois petites phrases que je n'oublierai jamais.

-Je t'aime tant. Merci d'être là et de m'aider Clara. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

-Ce n'est rien voyons! Tu sais que je serai toujours là pour toi peu importe ce qui arrive. Merci à toi d'être là. Je t'aime, énormément.

L'amitié est pour toujours.