Triginta Animas - tome 1

VIII. Les yeux

Lorsqu'elle aperçut les yeux de Sam, un coup de vent passa autours d'eux, balayant ainsi le paysage. La voiture, la route et le ciel ombragé par les nuages avaient été rapidement remplacés par une chambre avec un lit, sur lequel ils étaient assis, une commode et plusieurs peintures, entassées un peu partout sans la pièce.

-Que crois tu que je devrais faire, maintenant, lui demanda alors Sam.

"Me laisser tranquille!" Avait essayé d'hurler Carry, mais aucun mot n'était sortis de sa bouche. Elle ne réussissait même pas à bouger ses bras ou à contrôler ses expressions faciales. En ce moment, Carry était enfermé dans son propre corps.

-Wow. T'es vraiment idiot parfois, sortit de la bouche de Carry, sans même qu'elle ne l'aie pensé. Enfin, qu'est-ce que je racontes. C'est derniers temps, tu ne fais que ça, être stupide.

Sam parut intrigué par ce revirement de situation. Il enleva alors sa main de la sienne.

-Qu'est-ce que tu veux dire?

Les joues de Carry s'enflammèrent et sa gorge se resserra. Que lui arrivait-il?

-Je veux dire que tu ne fais que ça, des erreurs! Tantôt c'était en laissant ce petit enfant seul et, maintenant, c'est en couchant avec la femme de ton meilleur ami? Je me demande bien pourquoi le créateur a cru bon de t'envoyer sur terre.

Sam, insulté, se leva d'un coup.

-Parce que toi tu es mieux? Rétorqua-t-il. Moi, au moins, j'ai arrêté les sacrifices que tu avais instauré! Je n'ai pas laisse tombé le groupe pour aller massacrer une civilisation entière.

Carry se leva alors pour être à son niveau, même si elle n'était pas aussi grande que lui.

-Tu n'es qu'un paresseux imbécile!

-Et toi une sorcière sadique!

Carry sentit son coeur s'enflammer.

-Je préfèrerais passer un millénaire de misère plutôt que de rester une seconde de plus en ta présence.

Carry allait quitter, lorsqu'il lui hurla:

-Moi qui croyais que l'on était des amis, Laure.

Carry, sans se retourner, rétorqua:

-Vu ce que tu fais à tes meilleurs amis, je n'ai pas trop envie d'être près de toi.

Et elle claqua la porte derrière elle.

Subitement, un deuxième coup de vent retentit et la voiture ainsi que le ciel ombragé et la route revinrent en place. Carry, regardant toujours Sam dans les yeux, le gifla de sa main libre, presque sans s'en rendre compte.

-Qu'est-ce que tu m'as fait! Rugit-elle.

Sam, sans même réagir à la gifle, se tourna vers la route.

-Je n'en sais rien, Carry. Tout ce que je sais, maintenant, c'est que ce n'est pas un rêve. Tu me l'as confirmé.

Carry, sans un mot, regarda alors dans la même direction de Sam. Que c'était-il passé? Pourquoi l'avait-il, encore une fois, appelé Laure?