Exodus Destiny (modifications majeures en cours)

Emori - Embarquement

~ Emori ~

03 novembre 2125, 08:17,

Bunker des États-Unis,

Chambre d'Emori

J'ai tellement hâte d'embarquer à bord de l'Exodus Destiny que je m'y prépare depuis plusieurs semaines. Mes parents ont embarqué à bord de l'Exodus Primum, et je n'ai malheureusement pas été appelée en même temps qu'eux, mais peu importe puisque bientôt je les retrouverai sur Kepler 422-b, récemment renommée Magnius, du nom de l'actuel président : Mr.McHuberkxin.

Je loge donc à l'orphelinat. Nous sommes quatre, en fait. Le plus grand, c'est Caleb. Je le connais depuis toujours et nous avons tissé un lien particulier. C'est un grand blond, aux yeux verts et au sourire charmeur. Maintenant, il a dix-huit ans mais il nous a promis qu'il resterait avec nous au lieu de partir dans un logement individuel. La deuxième, c'est moi, j'ai tout juste seize ans - je suis née le 29 octobre. Je suis plutôt grande pour mon âge et j'ai les cheveux noirs. Puis vient Fred, dix ans, discret mais intelligent. Il est petit avec les cheveux noirs et est en passe de devenir un hacker professionnel. Et enfin, Lucie, qui a cinq ans. Elle est adorable avec ses longs cheveux blonds et bouclés et elle m'étonne à chaque fois par sa maturité.

Ce matin, nous avons préparé nos sacs en emportant seulement nos vêtements et quelques effets personnels, tout le nécessaire étant déjà à bord de l'Exodus Destiny.

- Emori ? J'ai peur, dit une petite voix dans mon dos.

Je me retourne pour attraper Lucie et l'installer sur mes genoux.

- Pourquoi as-tu peur ?

- J'ai peur que notre vaisseau explose ou se perde dans l'espace...

- Oh, ne dit pas des choses comme ça. Nous connaissons la localisation exacte de la planète et nous avons les meilleurs techniciens du monde. Tu n'as rien à craindre.

Elle hoche la tête et saute de mes genoux. Je me lève, attrape nos sacs, quand quelque chose tombe du sien. Je me penche pour le ramasser mais elle l'attrape avant moi.

- Lucie ? Qu'est-ce que c'est ?

- Rien, dit-elle en rougissant.

- Dis-moi.

Elle ouvre la main et je vois une petite plante dans une bulle de culture provenant tout droit de... la réserve !?

- Je voulais la garder avec moi. Il n'y aura pas beaucoup de plantes dans le vaisseau et je me suis dit que ce serai bien d'en vol... d'en emprunter une.

Je secoue la tête, range la plante dans son sac et nous voilà parties vers le sas.

Tiago, un technicien de l'Exodus Destiny, nous fait enfiler des combinaisons réfrigérantes et porter des masques pour l'oxygène.

Je vais voir pour la première fois la surface !

Nos sacs sont placés dans un camion qui sera chargé de les transporter jusqu'au vaisseau, et une fois que tout le monde est dans la salle et bien préparé, Tiago ouvre la grande porte.

Tout de suite, la lumière m'éblouit. Je laisse à mes yeux le temps de s'accommoder puis je lève la tête.

La Terre est une vaste étendue brûlée, au sol aride où rien ne pousse. Je suis bien contente d'avoir ma combinaison, sans quoi je finirai sûrement en steak haché radioactif cuit à point. Les rayons du soleil, selon ce que nous a expliqué notre professeur, sont mortels pour celui qui y est exposé. D'abord, la chaleur vous cloue sur place, puis les UV vous grillent et enfin les fréquentes éruptions solaires vous achèvent. Joyeux tout ça.

Notre groupe se dirige lentement vers le vaisseau qui nous attends, et je sens la main de Lucie se glisser dans la mienne. Je la regarde et je la vois sourire au travers de son masque. Elle doit être contente elle aussi de voir la surface.

Nous entrons toutes les deux dans le vaisseau et je suis rassurée d'apercevoir Caleb devant. Une fois à l'intérieur et la porte de la soute refermée, Tiago nous fait signe que nous pouvons enlever nos masques et nos combinaisons. Tout le monde s'exécute et on nous guide à travers les couloirs bordés de larges fenêtres nous permettant de voir l'extérieur.

Nous arrivons après un assez long trajet à la pièce qui servira probablement de salle à manger, étant donné l'étendue des trois tables qui ornent cette grande pièce.

- Mes très chers habitants du Bunker des États-Unis ! Nous interpelle la voix du président. Je suis très heureux de vous accueillir en ce jour à bord de notre vaisseau, l'Exodus Destiny ! Dans quelques minutes, des petits vaisseaux en provenance des cinq autres bases vont arriver. En attendant, je vous propose de vous asseoir autour de ces tables.

J'enjambe le banc et m'assois à côté de Caleb, qui passe son bras autour de mes épaules. Nous avons toujours été très proches, tous les deux, car nous vivons ensemble à l'orphelinat depuis douze ans.

- Pas trop stressée ? demande-t-il.

- Non, et toi ?

- Je sais pas trop. Je la sens mal cette histoire.

- Comment ça ?

- Je sais pas, juste un mauvais pressentiment...

Il est interrompu par le premier convoi arrivant de France. Ils sont cinquante, comme nous.

Je sais parler français depuis toujours, même si je suis née sur le sol Américain, car mes parents venaient tous les deux de France et étaient installés aux Etats-Unis depuis deux ans déjà quand la catastrophe s'est produite. Mon enseignement a été terminé par le couple de personnes agées qui tenaient l'orphelinat, avant qu'ils soient appelés à bord de l'Exodus Nova Spes.

Le bras de Caleb se resserre autour de mon épaule, comme s'il avait compris ma nostalgie.

- Ne t'en fais pas, tu les reverras tous dans quelques années, dit-il.

Ce garçon a vraiment le don de lire dans mon esprit comme dans un livre ouvert.

- Je sais, répondis-je.

Même si je n'ai quasiment aucun souvenir d'eux, mes parents me manquent. L'une des seules choses qu'ils m'ont laissées est une chevalière en argent sertie d'une pierre bleue. Elle passe de mère en fille depuis des générations. Je passe le bout de mon doigt sur la pierre, habitude que j'ai depuis toute petite et qui a le don de me rassurer. Caleb dit toujours que la pierre a la même couleur que mes yeux, ce qui n'est pas totalement faux. Mes yeux sont d'un bleu très clair, plus clair que l'eau ne l'était dans les Caraïbes, et c'est probablement pour cette raison qu'il arrive à savoir tout ce qui se passe dans ma tête.

Je me surprends à chercher parmi les français le groupe d'orphelins. Cette navette est une seconde chance, une chance pour les survivants de redevenir égaux, et nous aurons probablement à côtoyer d'autres orphelins, venu d'autres pays, et nous aurons besoin d'amis pour surmonter cette épreuve. Mine de rien, huit années de voyage, ça ne passe pas tout seul. On voyage au-delà de la vitesse de la lumière, ce qui nous permet de traverser en un an ce qu'on aurai traversé en soixante-dix-sept ans à la vitesse de la lumière.

Caleb repère le groupe d'orphelins en premier et il leur fait signe de nous rejoindre. Une dizaine d'enfants et d'adolescents s'installe et je me retrouve en face d'une fille aux longs cheveux roux qui dit s'appeller Lavande.