Trois hommes en costume blanc rentrent dans la salle, Lydia se recule tandis qu'ils me soulèvent et me reposent sur le lit. Elle quitte la pièce puis sur le pas de la porte elle s'arrête et lance :
-Commencez l'interrogatoire.
Je ris intérieurement, allez-y interrogez moi, je ne dirais jamais rien, pas un seul foutu mot ne sortira de ma bouche. Le plus grand d'entre eux, blond, vient vers moi une seringue à la main, je commence à ne plus rire du tout.
-Qu'est-ce-que c'est ?!
-Un mélange contenant une drogue un peu spéciale qui va en quelque sorte t'endormir et pousser ton subconscient à répondre à nos questions sans réfléchir et donc sans mentir. Une sorte d'élixir de vérité si tu préfères...
Ils sont dingues, tous barjos, leur seul moyen pour obtenir des informations est de nous droguer, nous enfermer ou nous torturer. La voix de Lydia résonne dans les haut-parleurs placés aux quatre coins de la pièce. Elle entend tout, elle voit tout, partout.Même chez nous, au camp, surtout au camp... C'est à cause de toutes ces caméras et de tous ces micros si je me retrouve enfermée là. L'homme plante sommairement la seringue, il ne sait pas trop ce qu'il fait je crois. Cette imbécile a loupé la veine, j'espère qu'il ne s'en rendra pas compte, c'est un gros coup de chance pour moi ! Un homme vêtu d'une combinaison qui est l'exacte réplique de celle de Lydia excepté le coloris, noir pour lui, rejoint les trois déjà présents. Il s'assoit sur une chaise à roulettes et prend place près de moi.
-Bonjour mademoiselle Irwans, bienvenue au CRIPP j'espère que vous vous y plairez. Nous allons maintenant procéder à un test composé d'une série de questions auquel vous répondrez simplement, sans réfléchir, comme cela vous vient. Vous avez compris ?
-Oui.
Autant faire semblant que leur truc agit ça m'évitera de gros problèmes.Ils savent que je suis au courant d'un certain nombre de choses, sinon je ne serais pas là c'est sûr, mais ils ne savent pas tout, auquel cas je serais morte.
- Mademoiselle Irwans... Nous allons commencer. Savez-vous où vous êtes ?
- Oui.
- Comment s'appelle cet endroit ?
- La prison de la folie.
- Bien. Savez-vous pourquoi vous êtes là ?
- Oui.
- Dites-le nous...
- J'en sais trop, à propos notamment, de la surveillance de la Ville et de la destruction des Camps.
- Et... ?
- J'ai volontairement détruit des dispositifs de surveillance appartenant au CRIPP.
- Bien. Connaissez-vous l'emplacement exact du camp dans lequel vous vivez ?
- Oui.
- Pouvez-vous nous le communiquer ?
- Dans la forêt de Scita qui se trouve à exactement quatorze kilomètres et cinq cent six mètres de Garom en marchant plein Ouest. Il faut suivre le chemin principal jusqu'au vingt-troisième acacia. Arrivé là il faut tourner à gauche, marcher sur un kilomètre sept pour arriver au premier poste de garde et ensuite on est accompagné jusqu'au camp par un garde. C'est assez difficile d'accès mais ca vaut le coup on y est bien resté cachés !
Son oeil tremble légèrement, un mouvement presque imperceptible mais que j'ai appris à déceler, la réponse ne lui plaît pas.
- Pas si bien puisque nous vous avons trouvés, dit-il en souriant.
Réprimant ma colère je réponds tranquillement :
- C'est juste. C'est pourquoi nous avons amélioré la sécurité dans notre nouveau camp.
- Votre nouveau camp justement... C'est son emplacement à lui que nous voulons, l'ancien nous le connaissions déjà.
-Je ne le connais pas.
Son visage se crispe, il serre les dents, la réponse ne lui convient pas du tout. Il commence à enrager.
-Vous le connaissez forcément puisque vous y vivez !
-Berkins gardez votre calme, vous risquez de la déconcentrer et nous la perdrons.
Les haut-parleurs grésillent de nouveau, faisant retentir la voix de Lydia dans la pièce
- Mes excuses Madame, je me suis laissé emporté. Cela dit vous devriez parler à nos chercheurs, ce stupide sérum est bien trop faible, les prisonniers s'en libèrent pour un oui ou un non... Heureusement celle-là est pas bien coriace, ajoute-t-il en riant. Enfin passons. Reprenons. Mademoiselle Irwans, comment se fait-il que vous ne le sachiez pas ?
- Seul un petit groupe constitué de trois personnes sait où il se trouve. Et je n'en fais pas partie.
- C'est impossible.
- Après la découverte de l'emplacement de l'ancien camp à cause de Jake, il a été décidé que seul trois personnes connaîtraient l'emplacement du camp afin que cet incident ne se reproduise pas. Nous avons tous été conduits au nouveau camp les yeux bandés, personne n'a tenté de regarder, si jamais quelqu'un se faisait prendre, tout le camp mourrait. C'est comme ça chaque fois que l'on entre et que l'on sort du camp.
- Alors tu étais accompagnée lorsque nous t'avons trouvée en ville ?
- Oui, un officier était avec moi.
- Probablement l'homme au masque aperçu sur les caméras de la Ville.
- C'est lui en effet.
- Il connaît donc obligatoirement l'endroit où se trouve votre camp, déduit le dénommé Berkins.
- Oui.
- Parfait. Merci Berkins, l'interrogatoire est terminé, disposez.
Me voilà soulagée, j'ai eu un peu peur mais je trouve que j'ai plutôt bien mentit pour quelqu'un qui n'était pas censé le faire grâce à une « potion de vérité » mal administrée. En réalité j'ai dit la vérité, j'ai simplement omis le fait que je faisais partie des trois personnes qui connaissaient l'emplacement du camp et que l'officier qui m'accompagnait était mon père. Il a déjà eu assez d'ennuis auparavant pas besoin d'en remettre une couche.
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Après avoir été laissée seule dans cette pièce, menottée au lit pendant une eterbiter je suis finalement reconduite dans ma cellule. On me laisse deux tranche de pain et de l'eau. Pas de la haute gastronomie mais je suis habituée, on a pas souvent la chance de pouvoir manger à notre faim au camp. Je vide la bouteille d'une traite et engloutis le pain. Étant donné que je ne suis pas en train de suffoquer, de m'endormir ou quoi que ce soit d'autre, j'en déduis que rien n'est empoisonné, ils ont enfin décidé de me laisser tranquille. Ereintée je m'allonge dans un coin au fond de la pièce et m'endors, de fatigue, enfin...
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Libération
Science FictionPourquoi le monde a changé ? Pourquoi avons-nous laissé faire ça ? Pourquoi avons-nous fermé les yeux ? Pourquoi ? La question demeure. En quelques décennies le monde a changé du tout au tout. Surveillance, arrestations, emprisonnement, sanctions...