Ce ... Daryl ... je ne sais même pas comment il fait pour rester en vie dans ce genre d'endroit. Je veux dire ... personne ne doit l'aimer ici, et vu l'endroit où nous sommes, je trouve cela plutôt étonnant. La manière dont elle s'est battue l'était aussi. Tout comme la façon dont tout s'est arrêté lorsque je suis apparu et qu'elle m'a vu. Je pensais que rien de ce que je pourrais dire ou faire n'allais calmer les choses ... et pourtant. Tout s'est arrêté à ce moment précis. Elle a cessé de se débattre et m'a seulement regardé alors qu'elle gisait encore au sol. Mais cela ne l'a pas empêché de lui injecter le sérum. Je ne sais pas ce qu'ils mettent à l'intérieur, mais la vitesse à laquelle il fait effet est impressionnante elle aussi.
Je l'ai vu enfoncer la seringue dans son bras et appuyer sur le piston avant que ses yeux ne deviennent lourds et que son corps ne soit attiré vers le bas. Prenant appui sur le chambranle écaillé de la porte, je me suis propulsé jusqu'à elle et l'ai rattrapé à temps. Une mèche de cheveux bleus est restée dans la main de cet homme au sourire suffisant et au rire gras. Son visage est ensanglanté et je suis content de voir que celui de Daryl est lui aussi en mauvaise état. Les infirmiers agglutinés derrière moi se rapprochent et tendent les bras vers elle. Mais dans un geste qui me surprend moi-même, je passe un bras sous ses jambes et la porte jusque dans mon bureau où je la dépose sur le sofa. Un infirmier passe la tête par le chambranle mais je lui cris d'aller voir ailleurs s'ils n'ont pas besoin d'eux. Que je m'occupais de ma patiente. D'un hochement de tête craintif et sous les cris de Daryl, il a finit par refermer la porte derrière lui que je m'empresse de fermer à clé.
Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Cela fait seulement trois jours qu'elle est entrée dans mon bureau, trois jours que je ressasse sans cesse son histoire dans ma tête. Trois jours que des centaines de questions se bousculent dans ma tête, et elle est enfin là. Le visage ensanglanté, somnolant dans mon bureau. Pourquoi j'ai fait ça ? Je sais qu'elle est dangereuse, je viens dans voir la preuve avec la tête affreuse de Daryl. L'alerte d'une bagarre générale n'avait sonné que cinq minutes auparavant et elle lui a fait ça ... en seulement cinq minutes.
Me relevant, je remonte les manches de ma chemise blanche et passe par la porte arrière de mon bureau afin de monter dans mon studio chercher une bassine d'eau, un gant de toilette, du ruban, et l'antiseptique et de quoi recoudre des plaies si besoin il y a. Car je n'ai pas vu tout l'étendue des dégâts car seul le sang recouvre entièrement son visage. Je me demande s'il n'y a que le sien. Redescendant les marches d'escalier difformes, je rejoins mon bureau où elle est toujours là, sous l'effet du sérum. Tant mieux.
Tirant la table basse vers le sofa, je dépose le tout et m'assoit face à elle. Saisissant la bassine et le gant de toilette, je nettoie son visage. Peu à peu, l'eau prend la couleur du sang. De son sang. Il y en a tellement, mais les plaies ont finis de suintées et le sang n'est plus que sec. Après quelques minutes à frotter légèrement, je finis par découvrir son visage et découvrir la véritable ampleur de tout ces dégâts. Son nez est cassé et ouvert à certains endroits, comme si une personne avait tenter de le lui arracher avec les dents. Mais c'est étrange, car il n'y a que cinq marques. Cinq ouvertures nettes en forme de dents. Un peu plus au, sa pommette droite est bleuté et elle aussi ouverte. Sa lèvre inférieure est fendue. Attrapant, le pan de son chemisier ample, je le relève jusqu'au bas de sa poitrine et regarde les deux énormes hématome partir de l'extérieur de ses côtés pour se rejoindre au centre de son sternum. Elle doit avoir les côtes cassées. Je dois m'occuper de ça en premier car si elle bouge, cela risque d'empirer et de ne jamais se remettre. Maladroitement, mes doigts passent sur les hématomes avant que je ne reviennes à la réalité et attrape le ruban. Une fois ses côtes préalablement enrubanné, je rabaisse le chemisier et commence à recoudre les plaies. Au final, le sérum ne sera pas si inefficace – et mes apprentissages d'infirmier non plus. Les plaies refermées et désinfectée, je vais m'asseoir sur le fauteuil face à elle. La nuit est tombée il y a une heure environ, personne n'est venue la réclamer afin de la ramener dans sa cellule et je suis trop fatiguer pour l'y remmener moi-même. Alors je remonte chercher deux plaids dans ma chambre et vient la recouvrir avec avant de m'installer de nouveau dans le fauteuil étroit et de m'y endormir à mon tour.
Φ
La chaleur de la pièce est insoutenable. J'ai passé ma nuit à me retourner sur ce foutu fauteuil et à me réveiller pour m'assureR qu'elle allait bien et qu'elle était toujours là. Au beau milieu de la nuit, je l'ai entendu geindre et l'ai vu se contorsionner dans tous les sens. La fièvre avait monté suite à ses blessures et je suis parti changer l'eau de la bassine et ai pris un nouveau gant de toilette. Quand je suis redescendu, elle dormait à point fermé. La fièvre était toujours là mais ne semblait plus l'affecter autant. Je lui ai tout de même reposé le gant de toilette humide sur le front avant d'aller me recoucher.
Au petit matin, la chaleur a monté d'un cran et c'est à peine si j'arrive à respirer comme il faut. Lorsque j'ouvre les yeux, elle est là, assise sur le sofa, les yeux rivés sur moi. Elle ne semble pas mal en point, ni même en colère, seulement ... effrayée. Et c'est loin de quoi je m'attendais. Au pire, je l'a voyais sur moi, mon coupe papier au dessus de ma tête prêt à s'abattre. Au mieux, un simple regard haineux derrière lequel se cache les pires idées du monde rassemblées dans une seule personne. Mais la voir aussi effrayée me donne la chaire de poule. Elle n'est pas forte en cet instant. Elle est faible, devant moi. Et je ne pense pas qu'elle laisserait ce plaisir à n'importe qui. Du regard, elle scanne la pièce avec autant de frayeur que lorsqu'elle m'a vu me réveiller. Cette fille a un véritable problème psychologique. Et je m'étonne qu'il y ait aussi peu de chose dans son dossier sur le peu de séances qu'elle a eu avec le docteur Barney. Elle est ici depuis plus de six ans et rien ne semble avoir avancé. Bien au contraire.
Lentement, je me redresse et passe une main sur ma figure. Mes gestes sont lent, comme si je tentais de ne pas l'effrayer davantage. C'est le monde à l'envers. Je regarde l'heure : six heures du matin. Je n'ai dormis que deux heures depuis mon dernier réveil. Doucement, je retire la plaid de mes genoux et me relève avant de me diriger à pas de loup vers elle avant de m'asseoir à ses côtés, la faisant sursauter. Son regard revient sur moi et elle se précipite à l'autre extrémité du sofa, plaquant la couverture contre sa poitrine. Et je comprends cette lueur dans son regard. Je repense à son père, à ce qu'il lui a fait. À mes doigts frôlant ses hématomes. Au bandage autour de ses côtes.
– Je ne te ferais pas de mal Isabelline, je souffle en tentant de capter son regard, de le faire changer et de le rendre plus noir que jamais.
Son poing se ressert sur le bout de tissu et je la regarde avaler difficilement sa salive, baisser timidement les yeux sur sa jambe dépassant de la couverture qu'elle cache immédiatement. Sans geste brusque, ma main vient se poser sur la sienne, froide. Son visage se crispe, je me retire. La regardant intensément, je découvre enfin l'étendue des dégats. Le travail qu'il me reste à faire avec elle risque d'être long. Très long. Mais j'y arriverais. Je m'en fais la promesse.
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Voilà ! Après un long moment d'absence voici donc le cinquième chapitre de Schizophrenia. Les chapitres sont assez court je le sais et se font surtout de plus en plus rare, mais j'ai eu une année vraiment chargée et je dois avouer que l'inspiration se fait de plus en plus rare dans tous les écrits que j'ai entamés... J'espère que celui là vous plaira. Je n'ai pas pris le temps de le relire entièrement et donc de corriger les fautes. Je vais essayer d'écrire la suite le plus rapidement que possible !
Je vous retrouve bientôt.
Xoxo, Marmya.
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Schizophrenia
Mystery / ThrillerUne rose à besoin d'eau et de soleil pour s'épanouir. Mais aussi de beaucoup d'amour. Mais quand le soleil disparaît et que la pluie tombe, ne se noie-t-elle pas ? Ne reste-t-elle pas seule, prisonnière de cette terre, sans personne pour l'aider à m...