J'ai peur de la lumière

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Noir. C'était juste noir. Un noir profond comme on ne voyait jamais. Un noir qui vous dit ouvertement : voilà, tu es morte. Profite.
Un noir qui vous fait comprendre que cela s'arrête. Tout s'arrête. Ici. Dans ce noir.
Alors cela s'arrêtait ? Vraiment ? Enfin ?
Ne soit pas stupide me nargua ma petite voix intérieure si c'était vraiment terminé, tu ne m'entendrait plus. Et le Destin n'en n'a pas encore fini avec toi.
Stupide voix. Pourquoi détruire tous mes espoirs ? Après tout, j'avais bien le droit de vouloir arrêter tout ça. D'arrêter toute cette comédie. Car au fond, la vie n'est qu'un rôle. À durée déterminée ou pas, un rôle principal ou insignifiant.
Et il avait fallu que je tombe sur un des rôles principaux. À ce niveau j'aurai pu être premier ministre ou président, c'aurait été le même retentissement. Mon rôle aurait été conté à d'autres pendant quelques années puis on m'oublierait. Sauf que moi, j'aurai sauvé le monde au lieu de le faire couler.
Mais de toute façon, tout était terminé n'est ce pas ? Alors plus besoin de continuer à remplir ce foutu rôle de sauveuse de monde. Les autres s'en chargeraient.
Arrête !!! Tu vas continuer de fuir tes responsabilités encore longtemps ? T'as un rôle à tenir bordel alors suis ton texte et la mise en scène de la vie au lieu de te morfondre.

Rhaaaaah !!! T'as pas fini toi ! Laisse moi un peu en paix. J'essaie de ressasser mes souvenirs.

Ben tiens ! C'est la meilleure celle-là ! T'essaie surtout de mourir au lieu de te battre ! Il te reste encore quelques forces, sert toi-en !

Laisse moi tranquille. Pour une fois que je peux me reposer.

Sauf que c'est un repos sans retour.

M'en fiche.

Bon je vais t'aider un peu...

La lumière revint. Non non ! Mon noir ! Mon obscurité ! Rends la moi petite voix ! Je ne veux pas voir la lumière ! Elle brise ma quiétude...
Je t'en prie petite voix...

Mais c'était trop tard. Ma petite voix s'était tue. Et elle ne se réveillait uniquement pendant mes moments d'inconscience. Ou de sommeil. C'était donc trop tard...

La lumière était trop intense, je refusais d'ouvrir les yeux. Le noir finirait par revenir.
Bon sang c'était insoutenable !!! Si j'avais les yeux ouverts, j'en aurais pleuré. La déception m'envahissait et je ne pus m'empêcher de tenter de mourir à nouveau.
Mais c'était trop tard. J'était vivante. Très vivante même.
Avec une infime précaution, j'ouvris les yeux. La lumière me brûlait la rétine jusqu'aux larmes mais tant pis.
Il fallait que je me localise. Étant allongée sur le sol froid et dur, je tentais péniblement de me redresser
Les yeux entrouverts, je voyais avec difficulté le sol métallique sur lequel j'étais accroupie.
Avec un grognement je me redressai contre le mur et analysa les lieux.
J'étais encore dans la salle que Paul et moi avions utilisée la veille. Sauf que Paul n'était plus là.

Où était il passé ? J'avais beau scruter la pièce de mes yeux mi-clos, je ne voyais par où est ce qu'il aurait pu partir...

Ptet par la porte non ?

Encore là elle ? Pfff on aura tout vu...
Il n'empêche qu'elle avait raison.
Avec une infime précaution, je fis quelques pas jusqu'à la porte et enclenchai la poignée.
Elle était bloquée.

Lorsque je voulus me retourner, une main puissante se plaqua contre ma bouche et je fus collée dos à un corps inconnu.
Je voulus le débattre mais l'autre main de l'individu me bloqua les mains dans le dos.
Et avant que je pus utiliser mes pouvoirs, une piqûre se planta dans mon bras.
Je vais encore dormir alors ? Me dis je

Mais curieusement, je restai éveillée. Mais anesthésiée.
Les mains relâchèrent les miennes avec précautions et me les attachèrent solidement.
Il me banda également les yeux.
Contre mon gré, je me laissai faire. L'anesthésie marchait drôlement bien car en plus de ne plus pouvoir effectuer un seul mouvement, je ne tenais plus debout.
Au moment où les jambes flanchèrent, l'homme me rattrapa et me pris dans ses bras.
Puis tout devint noir.

Inconnu

Ça y est. Elle était enfin à moi. Après toutes ces années d'attentes je la revoyais enfin. La Grande Élue... Mon Alice.

Alix

Cette fois-ci, le réveil se fit rapidement. Brutalement même.
Je veux dire, lorsqu'on vous jette un seau d'eau glacée sur la tête, c'est rarement doux.

Je me réveilla donc en sursaut, dans une cellule grise et morne sans aucune lucarne mise à part une petite fenêtre à clapet face à laquelle j'étais allongée avant qu'on ne me jette le seau. C'était sûrement de là d'ailleurs que l'eau devait provenir.

L'eau glacée m'avait donné une sale migraine et il fallait que je mette mes idées au clair.
En m'adossant à la paroi et en respirant régulièrement, je réussit à rassembler quelques idées
Tout d'abord, je n'étais pas à l'Institut. Ou bien j'étais dans les sous sol car la fenêtre à clapet donnait sur un souterrain.
Ensuite, je n'avais plus ma bague et mes pouvoirs marchaient peu. Seuls les éléments m'obéissaient encore. Je le remarqua grâce à l'eau qui gisait au sol que je pus manipuler à mon aise et aux murs de pierres qui se déformaient à ma simple pensée. L'Énergie était toujours en moi, je le sentais mais elle ne m'obéissait plus.
Bon.
Après ce bref récapitulatif, je me décida à sortir.
Je n'allais tout de même pas rester là à rien faire !

En un petit coup de main, la pierre se déforma pour me laisser passer.
J'avançait dans un couloir sombre, éclairé seulement par quelques torches.
Un peu moyenâgeux comme technique. Les murs étaient humides et on entendait dans un silence étouffant, le bruit de gouttes tombant dans une petite flaque.
Curieusement, ce couloir ne menait qu'à un seul chemin, et les seules fois où je dûs hésiter entre plusieurs chemins, je pris toujours le seul éclairé.
Ce petit jeu dura au moins une bonne heure et je poussa un long soupir de soulagement lorsqu'enfin, je vis que le couloir débouchait sur une porte entrouverte.
Enfin porte, le mot est trop petit pour désigner le colosse de bois qui me faisait face.
C'était une immense porte. Un portail presque. Elle faisait au moins 5m de haut !
M'interrompant à ma contemplation, je décidai d'entrer.

À peine avais je posé un pied dans la pièce qu'une voix provenant du fond de la pièce m'apostropha
"Alice. Je t'attendais. Entre je t'en prie."

Le temps d'observer toute la pièce dans laquelle faisait écho la voix, la personne s'avança vers moi.

C'était un jeune homme, à peu près du même âge que moi, habillé très sombrement.
Déprimant... me dis je en voyant son sweat et son jean noirs tous les deux
Son visage était très beau, c'est vrai.
Ses cheveux d'un noir presque bleu tombaient sur son visage sans pour autant le cacher, ce qui était, je dois l'avouer, craquant.
Lorsqu'il arriva à ma hauteur, il te dis la main vers moi et j'eus un mouvement de recul.
"Méfiante dit donc... ce n'est pourtant pas de moi que tu devrais avoir peur Alice.
-Alix. Mon prénom est Alix répondis je sèchement.
Il eut un petit rire et répondit
-Bien sûr, Paul n'a pas pu te montrer tous les souvenirs importants. Le Conseil a coupé la connexion trop tôt.
Alice est ton vrai prénom, mais si tu préfères Alix...
-Tu connais Paul ? Le coupait je
-Bien sûr. C'est d'ailleurs mon rival Dans bien des domaines.
-Comme ?
-Viens t'asseoir et nous...
-Comme ? Demandais je plus insistante
Il soupira, de passa la main dans les cheveux et dit
-Il travaille pour le Conseil. Moi pour l'Institut. Il s'est désigné comme ton second à ma place. Et il a brisé tous les sentiments que tu avais pour moi et a effacé ta mémoire pour que tu m'oublies. Termina t il d'une voie brisée.

l'ÉlueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant