l'Élue

Hésitation et sentiments

Lorsqu'il se décolla de moi, une partie de mon for intérieur que je croyais scellée à tout jamais se réouvrit. Je me rappelais de ses lèvres. De leur goût sucré. De leurs tremblements au moment de rencontrer les miennes. Je le rappelai de la manière qu'il avait de placer une main derrière ma nuque et de remonter dans les cheveux. Je me souvenais de lui.

Dorian.
Ce nom qui me paraissait étranger sonnait à présent comme le nom le plus familier que j'ai jamais pu entendre.

Mon regard était plongé dans le sien et il me souriait. Pour la première fois, je me sentais moi même.
Il m'attira à lui et m'enlaça. Mon coeur s'emballa. Je crois qu'à ce moment précis, l'Énergie se décida enfin à m'appartenir. Je la sentais couler en moi et cette
Il passa sa main dans les cheveux et le chuchota :
"J'ai attendu ce moment tellement de temps... tu es enfin de retour... ma belle Alice."

À présent, ce nom me convenait parfaitement. Alix n'avait toujours été qu'une couverture. Alice, c'était réellement moi. Je le sentais.

"Je ne me suis jamais sentie aussi bien, lui confiais-je.
Malgré le fait que je ne voyais pas sa tête, je devinais son sourire.
-Si tu veux, je peux faire en sorte que tu te sentes encore mieux dit il en descendant dangereusement ses mains vers ma taille et plus bas encore.

Je souris. Il me plaisait vraiment. Il avait dit cela comme une invitation et non un forçage de main. Il l'avait dit subtilement et non pas de façon obscène comme Paul.
Je mourrais d'envie de me laisser tenter. Que risquais je ? Il ne semblait pas établir de stratégie quelconque.

Me hissant sur la pointe des pieds, je lui chuchote au creu de l'oreille :
"Tu as carte blanche"

À ces mots, il se décolla de moi, et tandis que je m'attendais à un baiser enflammé, il me regarda avec déception.

Je m'apprêtais à lui demander quel étais le problème, mais il pris les devants et tout en posant ses mains sur ses hanches il me dit :
"Tu vois Alice, c'est comme ça que Paul t'a bernée. Tu te donne toujours avant même de savoir si la personne avec qui tu vas avoir un rapport est une personne de confiance.
Imagine cinq secondes que je soit en fait un parfait inconnu qui, en profitant de ton amnésie, se fasse passer pour un amour de jeunesse puisse te soudoyer à faire tous types de choses.
Imagine un instant."

Je le regardais avec incompréhension pendant quelques instants puis finis par me rendre compte qu'il avait parfaitement raison. C'est exactement comme ça que Paul m'avait testée, que Kahl aussi sûrement même si je le savait moins vicieux. C'était exactement comme cela que l'on m'avait cernée depuis le début. J'avais été si faible. En ne demandant qu'un peu de réconfort, je m'était faite totalement avoir.
Au fond, on ne m'avait presque jamais forcée...

Quelle idiote.

C'était clair, il fallait que je m'endurcice mentalement. Il fallait que je me détache de tout ce qui pouvait susciter en moi un quelconque sentiment qui puisse m'affaiblir. Et c'est avec stupeur que je découvris que ce qui m'affaiblirait le plus dans les temps à venir se tenait en face de moi.

Comment pourrais je renverser le Conseil avec les rebelles si un être dont je ne connaissait rien mais qui suscitait en moi un profond attachement et qui pouvait à tout moment servir d'otage à ceux qui souhaitaient me piéger ?

Il fallait que je me détache de Dorian. Il m'affaiblirait. Me détournerait de mon objectif. Le fait de vouloir le redécouvrir, ne pas le perdre et retrouver toutes les sensations perdues depuis que je l'avais quitté ne m'attirerait que des ennuis.

Avec douceur, je me détachais de son étreinte. Je commençais à avancer vers la grande porte acajou quand sa voix me retint

"Alice... commença t il
-Merci de m'avoir recueillie. Et de m'avoir fait connaître la vérité, le coupait je. Je dois rentrer au Conseil.
-Alice tu...
-Conduis moi vers la sortie s'il te plait. Je m'en sortirai. Seule."
-Alice que crois tu ? On m'a désigné pour t'aider. Alors ce n'est certainement pas moi qui vais t'affaiblir !

Surprise par ces paroles, je me tournait face à lui.

-Tu as encore lu dans mes pensées ? Dis-je glaciale. Tu n'en as pas le droit. C'est mon esprit.
-Tu n'as pas plus le droit de partir seule parce que tu te crois plus forte seule. Seule tu n'es rien. Tu ne sais rien de tes pouvoirs. Tu ne contrôle même pas l'Énergie et tu n'as pas le réflexe de faire appel aux éléments.
Tu as besoin de moi.

J'en étais retournée. Il avait touché un point faible.

Je m'immobilisai. Il avait raison. Je ne contrôlait absolument pas les pouvoirs et si des dégâts pouvaient être causés par ma faute, je ne me le pardonnerai pas.

Des larmes coulèrent sur mes joues. J'étais perdue. En l'espace de quelques jours, ma vie venait d'être bouleversée. Paul, Kahl, les Rebelles dont je ne savais quasiment rien et maintenant Dorian.
Tout ce petit monde me rappelait mon passé et pourtant m'evoquaity mon futur.

-Reste avec moi. Essaya-t-il en s'avançant vers moi et en me prenant par la main. Je peux t'aider.

Doucement, il m'attira à lui. Ma tête était toujours tournée vers le sol et les larmes coulaient à présent à flots.

-Je sais que tu es perdue, poursuivit-il, et je n'ai pas besoin de lire dans tes pensées pour ça. Reste avec moi quelques temps, je t'aiderais à t'endurcir et à maîtriser tes pouvoirs.
Fais moi confiance.

Il releva ma tête en la prenant par le menton et me força à le regarder dans les yeux. Il me regardait d'un air sérieux, ne laissant passer aucune émotion à travers des yeux gris acier.

-Dorian je... commençais je entré deux sanglots.
- Tais toi me coupa-t-il avec vigueur, mais sans méchanceté. Tu dois apprendre à vivre sans te poser de questions et à combattre même dans les moments où tu te sens perdue. Comme celui-ci.

Et sur ce, il me retourna et me plaqua au sol.