VIII - Faux-semblants

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Deux ans plus tôt...

- Yann tu mettras les planches de surf dans le coffre avant qu'on aille à la plage.

- Ouaip. Ella tu veux laquelle ?

Yann me regarde l'air embêté de ne pas m'avoir proposé plus tôt laquelle je voulais pour aller surfer cette après-midi.
J'ai les yeux encore fatigués des quatre heures de routes de ce matin pour aller dans la maison de vacances de Yann à Biarritz.
J'ai attendu ces vacances les trois derniers mois de ma troisième, espérant vivement que le brevet soit finit en moins de deux et que je me retrouve avec Martin et Yann loin de toutes ces histoires futiles et enfantines de collège.
Loin de Gael et de ce début d'attirance pour lui qui était en train de s'accroître en fin d'année.

Je suis allongée sur mon transat, lunette de soleil sur le bout du nez et huile solaire sur les jambes, parce qu'il serait grand temps que je bronze et que le soleil à Paris était assez absent.

- La plus légère s'il te plait!

Yann me renvoie son éternel sourire charmeur avant de rentrer dans la maison prendre une planche de surf qui me conviendrait. Après tout c'est lui celui qui s'y connaît, pas l'inverse.
Je n'ai fais qu'une fois du surf dans ma vie : j'avais 8ans.
Mes connaissances sont donc très mauvaises dans ce domaine là, autant que ma capacité à rester debout sur la planche. Je sens qu'on va surtout bien rigoler de ma maladresse cette après-midi.

***

J'emboite le pas derrière Martin alors que l'on s'apprête tous à rentrer dans l'eau avec nos planches. Mon éternelle curiosité de retrouver les sensations de cette pratique sportive me titille, mais j'ai aussi peur de ne pas retrouver ce que j'avais appris à faire il y a des années auparavant.

- Tu te dégonfles ?
Me demandes Martin en me riant au nez.
Mais je ne comprends pas pourquoi.
Ça fait une minute que t'es debout à attendre devant nous la, ohoh y'a quelqu'un ?

-  N'importe quoi, je regardais juste le paysage.

Je ris intérieurement d'avoir trouvé ça aussi vite et d'avoir dit autant de la merde. Sincèrement, « je regardais juste le paysage» ? J'aurai pu trouver mieux.
En vérité j'ai un peu peur de faire n'importe quoi mais je ne peux l'avouer devant les garçons, ils me prendraient pour une petite joueuse.

- Tu veux que je t'aide peut être ? Me demande Yann.
Ce n'est pas une demande ironique, ou simplement pour se moquer de moi. Non sa demande est amicale et gentille, et ça me rassure qu'il soit la pour m'aider si j'échoue.

- J'essaye toute seule puis si je n'y arrive pas, tu m'aideras ok ?

- Ça me va Mela.

C'est la première fois qu'il m'appelle comme ça. Qu'il me donne un surnom.
Et je le trouve plutôt mignon de m'en donner un.
Plus parce que personne à part Martin ne m'en donne que parce que je le trouve mignon comme surnom.
J'aimerais bien qu'il se rend compte à quel point je tiens à lui et à notre amitié. A ce que nous avons construit en si peu de temps.
Et j'espère surtout qu'il tient à moi autrement que comme l'amie de Martin, que je suis aussi son amie.

Je prend ma planche et me jette dans l'eau à plat ventre dessus. Je nage en poussant les vagues du bout de mes doigts.
Il fait beau, il fait chaud, le soleil est à mi-ciel, éclatant de lumière qui passe à travers les quelques nuages blancs qui recouvrent l'horizon.
Je me sens planer un instant, laissant l'eau de mer s'infiltrer dans mes extrémités de pied et de main, laissant les rayons du soleil se refléter dans l'eau pour caresser mon visage et réveiller ma mélanine.

Le jour se lève.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant