IX. Madilyn

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Rien ne pouvait épouvanter les démons... Rien, sauf moi. Pourquoi devait-on toujours m'attribuer, à moi, les pires obligations ? Et ce devait toujours être dans ces parties du globe plongées dans la nuit... « Je déteste voir ces créatures répugnantes... » pensai-je.
— Eh ! Les amis, sortez, d'accord ? Je veux juste parler.
Aucun ne montrait son visage. Aucun.

Ici, au milieu des bois, sur cette planète infestée d'humains, je devais faire disparaître toute anomalie nocive, pour le bien de tous. Mais les pouvoirs pouvaient être perçus par les habitants de la Terre, je devais être discrète.

La patience a toujours été ma faiblesse. Oui, les anges ont aussi des faiblesses. Oui, nous ne sommes pas parfaits. La perfection a toujours été loin de tous et Dieu seul l'est, parfait. Mais nous continuons à être ses créatures les moins imparfaites. Nos faiblesses, je préfère donc les appeler « témoins d'imperfection ».

Mon témoin d'imperfections me causait de grands problèmes, parfois.
— Ah ! Sérieusement ? Vous ne sortirez pas ?
Je n'avais pas le choix. Si je voulais terminer rapidement le travail ici, je devais le faire. J'étendis mes ailes et, avec un bâton que je ramassai, je traçai les symboles sur le sol. Un cercle. Des inscriptions. Pour le reste, des lignes, des points et des dessins. Parfait. Je lançai le bâton d'un côté d'un geste élégant et me mis au centre. Je soulevai mon doigt et regardai vers le haut. Je fis les mêmes symboles en bougeant le bras au rythme des feuilles qui tremblaient. Du cercle jusqu'aux dessins. Je tendis ma main et fermai les yeux. Le vent commença à souffler plus fort. On entendit des cris similaires aux sifflements du vent soulevant les branches des arbres. J'ouvris les yeux. Les démons commençaient à être arrachés aux ombres, aux ténèbres souterraines, à chaque lieu caché du soleil. Spectacle effrayant. Tous les oiseaux s'envolèrent immédiatement en criant. Il ne restait plus aucune âme, sauf la mienne et celles des immondes créatures qui se tenaient encore, avec désespoir, aux troncs des arbres et à leurs branches pour ne pas être englouties dans cette crevasse, creusée autour de moi, qui menait au plus profond des enfers. Au plus profond. Quelle idée terrible que celle-là...

Fini ? Bientôt, je n'en perçus plus aucune. Je pouvais finalement rentrer. Je regardais les symboles presque effacés du sol avec un peu de mélancolie. Les démons avaient, un jour, été nos frères ou, du moins, des créatures semblables à nous. Je nettoyai mes mains contre le tissu de mes vêtements. Soudain, un frisson parcourut ma nuque. Je regardai derrière moi. Mes ailes étaient glacées. Pas un mot. Une petite créature se tenait entre deux arbres avec la bouche ouverte et me regardait. Elle avait des cheveux clairs et était de la même taille que moi. Son regard semblait à la fois surpris et nostalgique. Peut-être qu'elle avait seulement vu la lumière provoquée par le cercle magique... De toute façon, elle ne pouvait pas me voir, moi.
— Tu fais quoi, là, bouche bée ?
Elle s'était tournée. J'en profitai pour m'envoler sans me faire remarquer. Je me posai sur un arbre et l'observai.
— Ah ! André ! Il y a...
— Il y a... quoi ?
— Il y avait... continua-t-elle à dire en marchant vers le cercle.
Je devais rentrer... « J'aurais dû les renvoyer un par un pour ne pas me faire remarquer ! Maudite patience ! » Je m'envolai en observant la jeune fille et son compagnon de loin. Ils discutaient. Je voyais le léger mouvement des lèvres de la fille, mais je n'étais pas curieuse de savoir ce qu'elle disait. La curiosité n'était pas une de mes imperfections. J'en ai connu qui l'avaient. Oui, j'en ai connu... « Lollia, ha ha... Lucifer... » pensai-je. J'allais perdre l'équilibre. « Tu as bien travaillé aujourd'hui, Lyn, oui... Bien... Rentrons, maintenant. » Je secouai la tête et je m'en allai sans plus regarder en arrière.

Ángelos |✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant