Prologue

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« Non ! S'il vous plaît, non ! Ma reine, je vous en prie ! »

« Assez ! »

La déesse se tourna vers son ancienne suivante, jetant sur elle un regard plein de mépris et de déception.

« Je croyais que l'exemple de Callisto avait suffi. »

« Je vous en supplie ! » s'exclama-t-elle en se jetant à genoux aux pieds de la grande femme blonde. « J'implore votre pardon ! »

«Il suffit, Ollivia ! Tu as brisée la règle d'or de notre société. Tu ne mérites plus de vivre parmi nous désormais. »

« Madame, je ne voulais pas ! Pitié ! »

Arthémis ne daigna pas prêter attention à la chasseresse dont le visage était déformé par l'effroi.

« T'a-t-on raconté le malheureux sort de Callisto, Olliva? » lui demanda-t-elle en tirant une flèche de son carquois. Elle l'examina et nettoya d'une chiquenaude une poussière imaginaire. « Ma pauvre chasseresse, qui me trahis de la même manière que tu me trahis cette fois ? »

« Oui...Oui je connais l'histoire ma reine. »

« Callisto est venu s'entretenir avec moi un jour...d'un sujet délicat. » Elle se retourna brusquement vers la jeune femme et riva ses yeux insensibles sur les larmes qui inondaient son visage. «Sa grossesse. Tout comme toi aujourd'hui, elle me supplia, et convoita mon pardon. »

« Je vous en prie... » chuchota Ollivia.

Elle pleurait à chaudes larmes, était désespérée du rejet d'Arthémis.

« Et avec un demi-dieu en plus... Elle implora donc mon pardon. Je peux pardonner. Mais pas dans cette situation. Je ne passer outre cette faute là, cette trahison. Te rends-tu compte que personne durant deux mille ans n'a eu de mal à respecter cette promesse ? Est-ce si dur de respecter cette règle ? » questionna la déesse.

Ollivia leva les yeux sur sa maîtresse, affolée, effrayée à l'idée de ce qui l'attendait.

« Qu'est que vous allez me faire ? »

« Et bien... » le regard de la déesse pétillait. Elle regardait la flèche avec laquelle elle se piqua légèrement le bout du doigt. « Callisto était sensée être une leçon, un avertissement. Tu vas en devenir un à ton tour. »

Le cœur d'Ollivia s'arrêta dans sa poitrine. S'en était fini d'elle. C'était pire que d'être exclue des chasseresses. Pire que de mourir.

« Vous allez me transformer...»

« En ours ? Non, c'est du déjà vu. Je trouverais bien un être pitoyable qui te correspondra. »

Ollivia, ébahie, bloqua son regard sur l'enfant entre ses bras. Endormie, rayonnante, elle ne semblait pas entendre cette conversation.

« Et elle ? »

Cette réaction attisa l'attention d'Arthémis.

« Je ne sais pas encore si je vais la transformer comme toi ou si je l'abandonnerais ici, répondit Artémis en haussant les épaules. »

« Madame, vous ne pouvez pas la tuer ! s'écria la chasseresse. Ce n'est qu'un bébé ! Rien qu'un bébé ! »

Les regards horrifiés de toutes les chasseresses, en cercle, qui regardaient la scène, se tournèrent instantanément vers la déesse.

« Je ne la tuerai pas. Je la laisse aux loups. »

« Madame pitié ! Tuez-moi, écartelez-moi, transformez moi en ce que vous voulez mais, je vous en supplie ne faites pas ça ! »

« Ma reine, » murmura une Chasseresse à l'oreille d'Arthémis. « On ne peut pas laisser ce nourrisson...Je veux dire, elle n'a rien fait. C'est sa mère qui a commis un parjure, l'enfant est innocente dans toute cette histoire. Ce n'est pas sa faute. »

« Cet enfant est une erreur. »

«Tout comme vous ! »

La déesse faillit s'étrangler, et une vague de colère s'empara d'elle quand elle reconnu la voix d'Ollivia.

« Qu'est-que tu viens d'oser dire ? »

« Sincèrement, vous pensez que votre mère voulait vraiment s'attirer les foudres d'Héra en tombant enceinte ? »

Le rouge lui montait aux joues, mais rien ne pouvait arrêter la chasseresse.

« Tu paieras pour ton insolence. »

« Je n'ai rien à perdre. En particulier si vous tuez mon enfant. »

Malgré sa rage, l'allusion à Léto avait troublé Arthémis. Et la force qui poussait à agir Ollivia ainsi l'intriguait, ne lui rappelant que plus sa propre mère. Elle remarqua l'allure inquiète de toutes ses chasseresses autour d'elle. Mais ce n'est que lorsque son regard se posa sur le nourrisson endormi, et qu'elle vit toute la douceur qui émanait de lui qu'elle prit réellement sa décision.

« Donne-moi ton enfant. »

« Qu'est-ce que vous allez lui faire ?! »

« Donne-la moi immédiatement ! »

Ollivia céda, et tendit sa petite fille, inquiète. Mais contre toute attente, Arthémis la prit délicatement dans ses bras, et plongea son regard dans celui du nouveau-né réveillé par les cris de sa mère.

« Je ne ferais rien à ta fille. »

Un soupire de soulagement s'empara de la jeune mère.

« Mais c'est la seule faveur que je t'accorderais. »

« Merci. »

***

« Je pense que vous avez pris une bonne décision. »

« Merci, Andrea, mais je me moque de ce que tu penses de ma décision. On ne me dicte pas ce que j'ai à faire. »

Andrea secoua ses longs cheveux blonds, et s'approcha d'Arthémis qui tenait fermement le petit sur ses genoux.

« Vous êtes en colère, madame. »

« Tu crois ?! »

Elle s'agenouilla devant elle, pour être à sa hauteur. Mais la déesse n'avait d'yeux que pour ce nouveau-né dans ses bras. Elle l'avait ramené dans sa tente, et s'était assise avec sur un matelas pneumatique.

« Elle est tellement petite, j'ai peur de la casser... » murmura-t-elle. «Comment s'appelle-t-elle ? »

« Ollivia eut pas le temps de lui donner un nom, vous êtes arrivée juste après l'accouchement...»

« Très bien. Alors elle se prénommera Callisto. Notre Callisto...»

ChasseresseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant