Tandis que ma respiration se faisait de plus en plus saccadée, que mes bras entiers me brûlaient et qu'une couche de transpiration recouvrait chaque parcelle de mon corps, mes poings continuaient malgré tout de s'agiter. Encore et encore. Le choc, à chaque fois qu'ils rencontraient les blocs de mousse tenus fermement par mon partenaire, se propageait jusque dans mes homoplates et créait une vibration dans tout mon corps qui m'électrisait et me redonnait de la force pour continuer à frapper. Mes cheveux collaient à ma peau, et l'odeur pestilentielle de la sueur qui flottait dans la salle, et surtout dans mes gants, m'enflammait les narines, mais ne me faisait pas arrêter pour autant.
Et ça me faisait tellement de bien frapper de toutes mes forces sur ce bloc...
Depuis le début, je le sentais mal, ce Aaron. Les images de ma traque de la veille continuaient de me hanter. Au point que je n'ai même pas pu en parler à Mia, ma confidente depuis bien des années. Mon meilleur ami, en face de moi en ce moment même, était épié et ne le savait pas. Le plus étonnant était que je ne lui en avais pas parlé. Le connaissant, il rigolerait un bon coup puis l'oublirait dans le courant de la journée.
J'ai réussi à éviter Owens mais l'angoisse de le croiser à chaque coin de rue était tellement présente que si je ne me défoulais pas, je passerais mon temps à me demander où il était, ce qu'il faisait, qui était cette "homme" avec qui il communiquait et ce qu'il savait sur Emrys.
Que de questions dont le ring savait me débarrasser... Alors je frappais et frappais encore. Jusqu'à ce que épuisée, je laisse retomber mes bras le long de mon corps en sueur.- Mauvaise journée ?
- On peut dire ça, répondis-je à bout de souffle. Je prends une gorgée d'eau et on y retourne.
- Rien du tout ! s'exclama Emrys en se débarrassant de l'équipement d'entraînement de boxe anglaise.
- On ajoute les coups de pied ?
-Que dalle.
Il écarta les cordes du ring pour en descendre et ranger son matériel dans son sac.
- Hé, hé ! Pourquoi tu ranges ? On n'a pas fini !
- Pour aujourd'hui, si, dit-il en souriant. C'est la première fois de l'année que j'ai mon samedi libre. Et comme je suis bien conscient que ce n'est qu'une question d'heures avant qu'une nouvelle retenue ne me tombe dessus, j'ai l'intention d'en profiter. Lucy organise une fête, je te promets que ce sera bien arrosé.
Considérant le fait que je pourrais tout aussi bien noyer mes problèmes dans l'alcool, j'ai regardé ma montre.
- Ce sera arrosé ? répétais-je.
- Oh que oui, me certifia-t-il.
Je me suis démunie à mon tours de mes protections. Pourquoi pas alors ? Si c'était une autre possibilité...
- Ne vas pas t'imaginer non plus que je fais ça pour toi, lui lançais-je taquine en descendant du ring.
- Mouais, rétorqua-il tout en me donnant une tapette sur la tête.
Quand Emrys m'a déposée devant chez moi pour que j'aille prendre une douche et m'habiller, il m'a dit de mettre quelque chose de joli, mais de salissable. Je lui ai répliqué que quand il travaillerait dans la mode, il pourrait dire à une fille quoi porter et j'en ai conclu qu'on se rendait à ce genre de soirées qui finissaient mal.
Je repensai à ça en faisant la file pour les boissons. Enfin quand je dis file, je dois me tromper. Une belle file bien droite n'est certainement pas un groupe de personnes plus bourrées les unes que les autres, qui se jettent sur une table comme un banc de poisson. Ils formaient une sorte de barrière humaine infranchissable, se battant pour de l'alcool, et je commençais à en avoir plus qu'assez d'attendre gentiment et sagement mon tour qui, j'en étais presque sûre, ne viendrait jamais.
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Chasseresse
Fanfiction« L'allié de l'ennemi redoutable et défunt, Survivra et attaquera le camps pour qu'il n'en reste plus rien. L'enfant interdit n'y croira point, Jusqu'à ce que l'enlèvement survint. Il retrouvera ses siens perdus, Et les trésors disparus. S'il accom...