Tout a commencé il y a un mois. Je venais d'emménager dans l'immeuble, afin que je puisse continuer mes études, dans ma nouvelle ville. J'avais entrevu quelqu'un dans les escaliers, et j'avais couru jusque chez moi. La personne, qui se trouvait être un homme, avait alors ri. Avant de me souhaiter la bienvenue. S'il sait mon nom aujourd'hui, c'est grâce à une amie qui lui avait parlé de moi, sous sa demande car ils s'étaient croisés dans le couloir. Elle avait donné mon Skype, et j'avais donc fait connaissance avec mon voisin. C'est bizarre de parler via un ordinateur avec quelqu'un qui habite à côté de chez vous. Mais j'ai du mal avec le monde extérieur alors c'était la meilleure solution pour avoir une connexion hors-appartement.
Bien sûr, je sortais pour aller en cours. Mais je faisais tout pour ne pas le croiser. Timidité oblige. Il sortait à 8h00, et moi une demi-heure avant. Je le savais car un jour où je n'avais pas cours, je l'avais entendu descendre les escaliers en jouant avec son trousseau de clef. J'ignorais où il travaillait (car il avait fini ses études, m'avait-il dit), mais je finirai peut-être par le savoir un jour.
Cet homme était quelqu'un de gentil, qui acceptait ma condition de "fille fermée". J'avais éprouvé un besoin de me replier sur moi-même, comme le fait un hérisson sentant le danger. C'est justement à cause d'un certain danger que j'ai décidé de limiter mes connaissances. On rencontre des gens sans pour autant que ce soit bénéfique pour nous, ou bien il arrive que l'on découvre que l'on devrait se séparer de certaines personnes. Pour notre bien. On survit d'une épreuve, mais on avance pas tant qu'on est encore dedans. Alors autant faire taire la douleur avant qu'elle ne se propage dans tout notre corps... après s'être emparé de notre tête.
Changer d'air aide alors à se sentir renaître. Il suffit d'un coup de tête, d'un appartement et le tour est joué. J'avais de la chance que l'université non loin d'ici propose le même cursus d'études que ce que je faisais auparavant. Je m'étais dit "quitte à partir, autant partir loin ; tant qu'il y a mes études, ça me va". Alors me voici, me voilà. D'ailleurs, mon amie n'habitait pas loin. C'était d'ailleurs elle qui m'avait incité à venir. A force de venir me voir, elle avait fini par faire connaissance avec mon voisin. J'écoutais alors ce qu'ils se disaient, et parfois ils parlaient de moi. Je souriais alors, adossée à la porte, assise sur le parquet de l'entrée.
Aujourd'hui était le premier jour des vacances, j'avais donc tout mon temps pour faire ce que je voulais. Chant, écriture, confection d'un gâteau, pleins d'idées me passaient par la tête ! Mai je n'avais pas envie de sortir. Je n'avais pas envie de casser la frontière entre moi et l'extérieur. Et puis, on était bien chez soi.
Une petite sonnerie retentit dans le salon. Juste un seul bruit, et pourtant, lourd de sens. Je m'approchai alors de mon ordinateur, un sourire sur les lèvres.
Passe une bonne journée, JiHye~
C'était lui, c'était JongDae. Il avait toujours un petit mot gentil à dire, un sourire à donner. Car je l'avais déjà vu, avec la webcam de Skype. Mais lui, jamais il ne m'avait vu. Respectant du plus profond de son cœur ce que j'étais et éprouvais envers les personnes extérieures, que je ne connaissais pas. Il n'avait jamais cherché à me forcer, ou à sous-entendre que l'on se connaissait déjà assez pour se voir face à face. J'étais donc très à l'aise avec ce garçon, pour une fois.
Je répondis avec de simples mots "Merci, toi aussi~", alors que mon cœur voulait dire bien plus. C'était difficile d'assister à un conflit entre ma tête et mon cœur. Ma tête me soufflait "attention" tandis que mon cœur me murmurait "tout va bien". J'étais souvent perdue, et JongDae le voyait. Tout simplement parce que quelquefois, je ne lui répondais pas. Alors il appelait mon amie, qui m'envoyait ainsi un message pour me réconforter. Parfois, quand j'étais vraiment désespérée, elle venait direct chez moi. Et croisait ainsi JongDae dans le couloir qui lui demandait alors de mes nouvelles. Ils étaient mignons, tous les deux, à se préoccuper de moi.
Un sourire béat sur le visage, je me dirigeai vers la cuisine et décidai de faire un gâteau. Je sortis alors les ingrédients ainsi que le matériel dont j'avais besoin puis commençai à confectionner cette gourmandise tant aimé des gourmands. L'odeur de chocolat commençait à emplir mes narines, alors que je le mélangeai au reste des ingrédients. Je finis par enfourner la pâte dans le four puis allai regarder la télévision en attendant. La belle vie de vacances, quoi ! Je tombai alors sur un documentaire sur les réseaux sociaux. J'eus alors un frisson désagréable qui me descendit tout le long de la colonne vertébrale.
C'est à cause de ça que ma méfiance s'est accrue. Il faut faire attention à ces conneries, on ne sait jamais sur qui on peut tomber. On est sociable, on fait connaissance. Pour finir, deux options s'offrent à nous : soit la personne est bénéfique dans notre vie, soit elle finit par nous blesser et s'en va sans regret. Combien de fois la deuxième option s'est offerte à moi ? Moi qui n'avais absolument rien demandé qu'à rencontrer de nouvelles personnes ? Ces diverses expériences, aussi différentes soient-elles, ont quand même un point en commun : chaque personne que nous rencontrons reste une inconnu. Le temps finira par définir sa longévité dans notre vie.
Je me levai en éteignant la télévision puis allai dans la cuisine afin de retirer le gâteau du four, ce dernier étant prêt. Je souris, fière de mon travail. J'attrapai les vermicelles et le coulis de chocolat afin d'agrémenter ma petite merveille (on va pas se mentir). Ma création culinaire terminée, je coupai la moitié et le déposai dans une assiette annexe.
Il était à présent 12h. JongDae n'allait pas tarder à rentrer manger chez lui, avant de reprendre la route de son travail une heure plus tard. Je me hâtai à la sortie et déposai le gâteau devant sa porte, avant de courir rentrer chez moi. J'avais entendu des pas dans les escaliers. Adossée à la porte, le cœur battant, j'entendis le propriétaire de ces pas s'arrêter juste derrière moi. Devant la porte, unique obstacle entre nous deux. Un petit rire s'éleva dans le couloir.
-Merci, JiHye. Il a l'air bon.
Je t'en prie, JongDae. Régale-toi autant que je me régalerai de toujours te parler.
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Behind The Door
FanfictionQuelqu'un sonna à ma porte. Prise de panique, je me collai dos au lit, comme si l'inconnu pouvait me voir à travers la porte. Je me courbai et atteignons l'entrée doucement. Je me hissai sur la pointe des pieds pour voir dans le petit trou de qui il...