Le pouvoir de l'amour

Courage

James retourna le robinet d'eau chaude dans sa position initiale et tira les rideaux de la douche pour s'en extirper. Il attrapa une serviette au hasard parmi celles sur les crochets du mur et l'enroula sur sa taille tout en faisant un petit nœud pour la faire tenir. Il s'essuya les yeux et remit ses lunettes pour pouvoir voir correctement. Parfois, il songeait à quel point il était aberrant d'avoir un problème de vision dans un monde magique. La plupart des élèves de l'école n'avait rien et lui, il était différent. Hélas, il n'y avait pas de remède autre que les lunettes, donc il s'y fit rapidement. Ces lentilles lui permettaient de voir malgré sa myopie. Et puis, Lily adorait le voir avec.

Lily. Ses pensées ne pouvaient diverger d'elle : elle revenait sans cesse au centre de celles-ci. James se contempla dans la glace et soupira fortement en repensant à tous les efforts qu'il allait devoir déployer pour regagner Lily. Parce que oui, il allait se battre, dans le sens certain que six jours écoulés avaient pu la dissuader quant à la solution qui se détachait du problème. Peut-être avait-elle tout simplement perdu espoir? Hier soir, quand il lui avait rendu visite, une explosion de sentiments lui était parvenue. Comme s'il n'avait jamais oublié comment se sentir en sa présence. Il l'aimait, c'était bien clair, et tout ce qu'il espérait, c'était que Lily soit toujours disponible pour l'écouter, pour le pardonner, pour l'aimer... Parce qu'il ne saurait faire autrement.

Quelqu'un frappa soudainement deux violents coups à la porte et s'exclama :

- JAMES ! Bordel, nous avions conclu que JE serais le premier à prendre ma douche le matin à priori parce que JE me lève en premier, ou du moins, en deuxième. Depuis quand tu es levé à cette heure? Pourquoi tu monopolises la salle de bains depuis une demie-heure? Oh et puis c'est sympa de nous avoir fait part de ton merveilleux projet de la journée. On peut savoir aussi même si notre nom n'est pas Sirius Black.

James fronça des sourcils et ouvrit la porte sur un Peter en colère. Il avait les poings sur les hanches et était vêtu de son pyjama rouge délibérément trop petit pour lui. Derrière, Sirius s'était levé avec Remus pour suivre la scène de près, tandis que Frank dormait toujours, Dieu ne sut comment même avec tout ce tapage. Potter leva les mains en l'air et le laissa passer tout en interrogeant Sirius du regard.

- Voyons Peter, ce n'est pas la peine de réagir de la sorte, James peut se confier à qui il veut, dit Remus. Mais bon, vu que le sujet est sur la table, discutons-en. Qu'est-ce que tu comptes faire?

James s'assit sur son lit, toujours mouillé et en serviette et regarda Remus en haussant des épaules. Sirius s'approcha et prit la Carte du Maraudeur qui traînait sur la table de chevet de Cornedrue. Il l'ouvrit et la consulta en vitesse pour ensuite fixer James avec de gros yeux.

- Hum, ce n'est pas pour te stresser, mais Evans se dirige par ici à l'instant même où on se parle, dit-il en montrant le parchemin. Et elle n'est pas seule, elle semble avoir ramené toute sa bande de copines.

James le prit et en voyant que Lily arrivait vraiment, il se leva, pris de panique. Il s'ébouriffa les cheveux et s'enferma à toute vitesse dans son lit avec les rideaux. Il se changea rapidement et sortit après moins d'une minute avec des chaussettes dépareillées, le jean détaché et le chandail à l'envers. Remus ria et prit les épaules de son ami pour les secouer. Sirius s'était, quant à lui, adossé aux barreaux de son propre lit à baldaquin. Il jetait constamment des regards sur la Carte pour suivre la trajectoire de Lily et des autres filles. Il échappa un sourire quand il distingua le nom de Rachel sur la boule de pas. La voir aujourd'hui le réjouissait fort bien. De plus, elle avait l'air de se porter beaucoup mieux.

- Cornedrue, dit Remus en le maintenant. Arrange-toi et descends la rejoindre pour lui dire ce que tu as sur le cœur. Tu en es capable, tu es James Potter le Maraudeur, le Gryffondor, l'Animagu et un ami formidable. Rien de moins.

James, immobilisé et ayant eu un instant de réflexion, acquiesça à Remus et entreprit de s'habiller correctement tout en gardant en tête ce qu'il était, ce qui constituait des mots d'encouragement suffisamment puissants pour le calmer. Il déplaça le chandail, attacha son jean, changea de chaussettes et mit ses baskets avant de se remettre droit en respirant profondément.

- Où sont-elles? demanda-t-il à Sirius.
- Elles se sont arrêtées dans la Salle commune depuis un moment déjà. Je crois qu'elles vont rester là. Vas-y, c'est ta chance, répondit-il.

Sirius replia la Carte et donna deux-trois tapes amicales dans le dos de James pour le pousser à sortir. Il remercia ses amis d'un signe de la tête et passa la porte pour descendre. Après six jours, il se sentait enfin prêt, ayant trouvé du courage. Il devait parler à Lily. Refouler ses sentiments n'avait servi à rien. Nier le fait de l'aimer lui était impossible. Foncer était donc la seule solution.

James se tenait en haut de l'escalier, regardant la semi-foule devant lui, cherchant Lily des yeux. Et il la trouva pratiquement tout de suite.