Réveille-toi !

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James était dans son lit en train de réfléchir. En fait, il ne faisait que ça : réfléchir les mains derrière la nuque, le regard perdu, et ce à tout moment de la journée. Ce soir-là, après le dîner, Remus s'était sagement approché et lui avait tapoté l'épaule.
- Je peux m'asseoir? demanda-t-il.
- Si tu veux, répondit lassement James.
Remus haussa des épaules à l'attitude froide qu'adoptait James et prit place près de lui. Il le scruta pendant un instant, ce qui piqua les nerfs de James.
- Quoi?
- Avoue-le, elle te manque. Tu ne peux pas continuer de l'ignorer comme ça, tu n'en est plus capable.
James fronça des sourcils et se retourna brusquement dos à Remus pour ne pas qu'il voit son visage. Il fourra ses mains dans les poches de son jean et toussa. Il ne voulait pas répondre à ça, il n'en avait pas envie. Remus soupira légèrement et ne se découragea pas pour autant. Il connaissait beaucoup trop James pour abandonner si facilement.
- J'ai raison et tu le sais. Tu l'aimes, ajouta Remus.
Cette fois, Potter se leva et jeta furieusement son oreiller par terre. Ce dernier atterit durement sur son tas de linge sale et faillit perdre ses plumes blanches. Remus observa la scène sans tiquer. James balança encore quelques objets par terre, puis il finit par se calmer en se rassoyant sur le lit. Il prit sa tête entre ses mains et respira bruyamment. Les deux garçons étaient seuls dans la chambre, donc ils pouvaient parler librement. Remus s'approcha de lui.
- Cornedrue, je sais que tu es fâché, dit le loup-garou. Tu ne voulais pas qu'elle meurt et surtout pas comme ça. L'important, c'est qu'elle soit vivante à l'heure qu'il est. Un peu faible, mais vivante. Tu ne peux quand même pas lui en vouloir au point de l'ignorer jusqu'à la fin de tes jours? Tu l'aimes, tu en es fou même. Elle doit tellement s'en vouloir et être triste en ce moment. Allez, va lui parler. Tu lui dois au moins ça. Tu n'es pas obligé de lui pardonner maintenant si tu n'es pas prêt. Mais vas-y.
James fixa Remus tout le long de son explication, sans broncher ni répliquer. Sa colère disparut pratiquement et faisait place au questionnement. Était-il trop dur envers elle? Son regard s'adoucit et sembla se perdre pendant qu'il réfléchissait. Remus se leva et fut satisfait de voir qu'il avait réussi à le raisonner. Quand il crut que tout allait se passer pour le mieux, Sirius entra dans la pièce en refermant brusquement la porte derrière lui. Il se posta devant James, le regard dur comme de la roche. James releva sa tête vers lui et ne comprit pas pourquoi il semblait si frustré.
- Euh... Patmol? demanda James en fronçant des sourcils.
- Tu ne me fais pas rire, Cornedrue ! Sais-tu ce que j'ai eu à faire parce que tu n'avais pas le courage? Hein? fit Sirius.
Le ton agressif qu'employait le garçon ne disait rien qui vaille. James se creusa la tête et en parvint à une seule conclusion. Lily. Pourtant, il ne voulut rien dire, donc il haussa légèrement des épaules. Sirius soupira et se décida à tout lui révéler.
- Très bien, j'y vais. Je suis monté pour voir Rachel et lui apporter à manger, puis Evans s'est réveillée. Et elle m'a posé l'ultime question " Où est James? " Laisse moi te garantir que ça lui a tout pris pour le faire. Ça l'embarassait. Elle croyait, elle était même certaine que tu viendrais la voir, mais non, tu as préféré rester ici à rager. Je comprends que ça t'a fais paniqué de la voir morte, mais sache qu'elle n'a pas fait ça pour le plaisir. N'importe qui qui s'approchait d'elle avait des chances de brûler vif. Elle ne voulait la mort de personne sur la conscience, tu peux comprendre? Oui, elle a commis un suicide précipité, mais c'était pour le bien et la sécurité de chacun d'entre nous. Crois-moi, nous quitter, et surtout te quitter toi, était une décision qui la déchirait. Je pense que c'était un acte courageux. Au contraire de toi, qui penche vers l'égoïsme. En quoi est-ce égoïste de se tuer pour laisser un plus grand nombre de personnes vivre? Bon sang, James, n'oublie pas l'essentiel ! Tu aimes Lily. Elle est là ! Vivante ! Tu ne veux pas en profiter un peu et laisser tout ça derrière vous? Va en discuter, ne laisse pas les choses comme ça. Tu te fais du mal à toi et tu lui en fais aussi, conclut Sirius.
Sirius termina et reprit son souffle. Il se calma et regarda comment James réagissait : il avait les yeux plongés dans ceux de Sirius et on pouvait remarquer qu'il avait l'air de se sentir mal. La culpabilité figura dans la liste de sentiments qu'il ressentait. Il y eut un silence pendant cinq bonnes minutes durant lesquelles James réfléchissait.
- James, finit par dire Remus. Dis quelque chose.
James se leva sans un mot et sortit du dortoir en marchant et en refermant doucement la porte. Sirius et Remus le suivirent de loin à partir de l'escalier et virent qu'il ne se dirigeait pas vers l'escalier menant au dortoir des filles. Le Maraudeur traversa la salle commune et le portrait pour aller dehors. Sirius soupira fortement et cogna le mur de son poing.
- Bordel, mais où va-t-il? Il va bouder dans son coin? maugréa Sirius.
- Il a encore besoin de temps. Laissons-le, il finira par trouver le courage d'aller voir Lily, dit Remus en tapotant le dos de Sirius.
Sirius se détacha du loup-garou et remonta dans le dortoir pour fouiller dans le tiroir de sous-vêtements de Peter. Remus le suivit et l'interrogea :
- Qu'est-ce que tu fabriques?
- Je cherche la Carte, je veux voir où il est allé, répondit Sirius en mettant le désordre parmi les chaussettes et les boxers.
- Ce n'est pas son tour, c'est à James.
Sirius le fixa, referma le tiroir et se rendit vers celui de son meilleur ami, là où il était certain d'y trouver ce qu'il cherchait. Il chercha le parchemin parmi toutes les affaires qui traînaient : des brouillons de lettres à Lily, trois vifs d'Or, des bonbons de chez Honeydukes, des Mornilles, des Gallions, des condoms, des lunettes de soleil et des cartes à collectionner de joueurs de Quidditch professionnels. Black fouilla, mais nul besoin de le faire.
- Il est sûrement parti avec. Écoute, Patmol, laissons-le réfléchir tout seul. Viens, j'ai des livres à remettre à la bibliothèque, proposa Remus. J'ai deux jours de retard sur chacun.
- Bordel, Lunard, deux jours. Ça ne te ressemble pas ! Mrs. Pince n'hésitera pas à te coller une retenue.

Le pouvoir de l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant