Vénïa: L'antre de la Technoprêtresse

23 3 0
                                    

     Elle était connectée. Le flot d'informations faisait tressaillir son corps, le moindre de ses muscles se contractait, elle semblait danser dans la cuve de maintien aux reflets verdâtres. Sa peau diaphane perforée par les cables était tendue, prête à craquer. Elle débordait d'une énergie incroyable, mais accusait maintenant plus que jamais ses 157 années d'existence. Sa communion avec le Concepteur allait bientôt prendre fin. Au fur et a mesure des années, elle avait réussi à rester en symbiose avec le grand tout de plus en plus longtemps... Mais elle savait aussi pertinemment que plus de 7 minutes 23, et c'était la mort assurée. De plus, elle avait des obligations. Elle détacha à regret ses implants corticaux, ainsi que ceux fixés le long de sa colonne vertébrale. Le liquide de maintien nourrissait à nouveau son antique chair, son apparence habituelle lui revint: une jeune femme de 27 ans, le crâne transparent, laissant apparaître son cerveau: symbole de la symbiose homme machine et du technoclergé, des yeux vairons qui transperçaient l'âme, et un corps... Parfait.

     Vénia, haute technoprêtresse de la Cité, enfila sa toge d'apparat. Il lui fallait être présentable pour le nouvel initié. Son vêtement était rouge sang, brodé d'or, deux couleurs qu'affectionnait particulièrement sa concubine, Célexia. À elles deux, elles s'étaient hissées aux plus hauts rangs de la société: la justice divine des technoprêtres, armée par la science de la mort des fabricants d'épées énergétiques. Vénia se languissait de sa chère compagne, cela faisait une petite semaine que celle-ci n'était pas venue partager une nuit avec elle.
Elle éloigna de son esprit des choses aussi triviales.
Une âme allait atteindre l'immortalité.

    L'initié se présenta devant Vénia. Comme la coutûme l'exigeait, celui-ci était vêtu d'une épaisse toge en toile de bure, dissimulant presque entièrement son corps. Sa perfection n'avait plus d'importance ici.
"tu as émis le souhait, khiréon, de la maison Plastallin, de servir le Grand Concepteur, de toute ton âme, et de tout ton corps."
"Oui." répondit-il simplement.
"Es-tu prêt à sacrifier ta vie, ton statut, et ta Perfection?"
"Je le suis" affirma-t-il d'une voix forte.
"Alors accepte l'immortalité."
Deux servants se saisirent du futur prêtre, et le guidèrent vers l'habitacke de renaissance. Vénia se tendit. Elle se rappellait sa propre initiation.
"du dois accepter la douleur" dit-elle "elle fait partie du processus de vie éternelle, et sans elle, tu ne pourrait accepter le présent qui t'es fait à sa juste valeur"
Il acquisca, mais une goutte de sueur perla sur son front. Comme il est innocent... Se dit-elle. L'habitacle déjà vrombissait, des bras étincelants et débordants de cables, aux articulations innombrables s'activaient, mesuraient, perçaient, tranchaient.
Le premier cri se fit entendre.
Une gerbe de sang éclaboussa la robe de la prêtresse. Pas grave, elle était rouge.
Un sourire éclot sur son visage redevenu junévile, alors que le nouveau venu était délesté de sa peau.
Comme il était beau d'assister à une naissance.
Les stimulants injectés empêchaient la victime de perdre conaissance... Son supplice commençait à peine.
La machine arrachait yeux, chairs, veines, avec une délicatesse et une précision magnifique. C'était une danse, pounctuée par les sons rauques et humides qu'émettait le futur immortel. Une larme de joie perla au coin de l'oeil de Vénia. Une scie jaillit et découpa le crâne d'un tranchant assuré.
Le liquide vert riche en nutriments emplit aussitôt l'habitacle: les organes devaient êtres protégés. Les raccordements commençèrent: la moelle osseuse était retirée, remplacée par des milliards de connecteurs. Vénia assista à tout le processus... Puis vint la reconstruction: tout rentrait dans l'ordre, seul le haut du crâne était remplaçé par une paroi en verre laissant apparaître son fabuleux organe.
L'habitacle s'ouvrit, le liquide se répandit sur le sol, et l'Immortel jaillit, tel un foetus se libérant de l'utérus de sa mère, ses poumons expulsant de frandes quantités de liquides et de sang.
Il leva des yeux implorants vers Vénia, et elle fut prise d'une poussée d'affection pour la pauvre créature.
Elle s'approcha doucement de lui, lui caressa le crâne, et y déposa un baiser. "Tu es magnifique, numéro X-453", Dit-elle.

Cyberpunk MurdersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant