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Chapitre 8 (OK)

Mon réveil sonne pour la troisième fois, il est déjà 7h30 et je n'ai aucune envie de partir en cours. Je crois que même le sourire de Libby ne me sortira pas de ma mini déprime d'aujourd'hui. Je fais le tour de mon week-end : samedi, je me suis réveillée chez ma soeur avec une horrible gueule de bois ; ma mère n'a rien raté de mon état et a fait en sorte de me le faire regretter : Beethoven n'avait jamais résonné aussi fort dans la maison,... et dans ma tête. La journée n'a pas été des plus fantastiques. Hier, c'était le premier jour de mes règles, et j'ai bien évidemment eu le contre coup de mon épisode « Zach » de vendredi soir. J'ai passé ma journée pliée en deux à cause de mes crampes abdominales, à pleurer devant les téléfilms de la 6 et en me goinfrer de Cheerios dans un bol de Nutella. Heureusement mes parents étaient à un barbecue toute la journée. Mon pyjama en peluche, mon spasfon et ma solitude avaient donc été mes meilleurs amis.

J'ai la gorge en feu et le troupeau de mouchoirs sales sur ma table de chevet sont les témoins d'une bonne rhino, ça m'apprendra à rester dehors la nuit alors que l'automne est arrivé. Je tire le rideau de la fenêtre près de mon lit et jette un coup d'oeil dehors. Il fait gris et la pluie menace de tomber d'un moment à l'autre. Je soupire et m'enroule dans ma couette comme un rouleau de printemps... Je ne veux pas sortir de mon lit : rester là me semble beaucoup plus intéressant, plus productif pour mon bien-être, que de poser mes fesses sur un banc inconfortable pendant des heures. La porte de ma chambre s'ouvre et mon père se glisse dans l'entrebâillement.

- Qu'est ce qu'il t'arrive ma chérie ? Ton réveil a sonné il y a près d'une demi heure.

Il s'assoit sur le bord de mon lit et me caresse le front comme lorsque j'étais enfant. Je fais la moue espérant pouvoir le rallier à ma cause.

- J'ai pas envie papa, je suis malade et j'ai mal aux ventre !
- Ma fille chérie... Crois-tu que Hillary Clinton, Christine Lagarde ou tout autre grande femme resterait au lit à cause d'un nez bouché ? Crois-tu que leurs petits soucis féminins les ont un jour arrêtées ?

Je secoue la tête de gauche à droite en grimaçant. Je déteste quand il me compare à des femmes charismatiques, alors que moi, je suis invisible, inexistante...

- Alors lève toi ! Je t'amène si tu veux ?

Je le remercie mais refuse; je préfère prendre le tramway et savourer mes derniers instants de solitude, musique sur les oreilles, avant de retrouver Libby, l'atmosphère étudiante et LUI. Il m'embrasse le front pour me souhaiter une bonne journée et s'en va. Je file prendre une douche rapide, je n'ai pas la motivation pour me laver les cheveux, je les attacherais et de toutes façons, il va pleuvoir. J'enfile quelques vêtements sans vraiment regarder si ils vont ensemble : que ça soit confortable et que ça ne me comprime pas le ventre, déjà prêt à exploser, c'est tout ce qui compte.
Quand j'arrive dans la cuisine, ma mère s'y tient, droite, un bras contre sa poitrine, l'autre tenant son expresso, son visage est dur.

- Eh bien, il t'en a fallut du temps ! Tu ressembles à une souillon !
- Bonjour maman, oui ça va et toi ? Je lui réponds comme si je n'avais pas relevé sa remarque.

Elle lève les yeux au ciel et me tournant le dos, elle ajoute

- Je t'ai mis 20 euros sur la table, fais attention à ce que tu manges tu prends des fesses !

J'attrape le billet, sa remarque sera surement la seule marque d'affection de la journée. Je lui envoie un « bonne journée » mais elle s'en va dans le salon sans même m'adresser un regard. Une fois dehors, je mets mes écouteurs sur mes oreilles et active ma musique. Harry Stiles commence à chanter mais étrangement sa voix m'agace et je change de playlist. Lana Del Rey colle un peu plus à mon humeur du moment et quand j'entends les premières notes de « Dark Paradise », je ne peux m'empêcher de penser à Zach et à ce pouvoir qu'il a sur moi... Je me sens mal et pourtant pour la première fois de la vie j'ai l'impression que ma tête, mon corps et mon coeur sont en parfait accord.