Chapitre 11

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- Elle est comment ta sœur Justin?

On était tous les deux allongés sur mon lit. Elle était sur le dos et regardait le plafond, pendant que moi, j'étais à coté d'elle en appui sur un coude. Je la fixais, mais elle ne faisait pas attention à moi, ou du moins, elle ne voulait pas y faire attention. Depuis hier, et mon baiser maladroit, elle avait du mal à me regarder dans les yeux, elle m'ignorait où plutôt elle m'évitait. M'asseyant en tailleur sur le lit, je me mis à penser à Elena, et à ses yeux. A sa manière de s'exprimer quand elle était en colère, et à la façon dont sa voix partait dans les aigus quand elle mentait. Un sourire triste prit possession de mon visage, et un léger voile de nostalgie passait devant mes yeux. Je soufflais un grand coup, puis inspirais doucement. Une douleur affreuse avait compressé ma poitrine, et je sentais mon cœur se renverser, ce qui me provoqua une nausée. Je fermais les yeux, et essayait de me concentrer. Même trois ans après sa disparition, la douleur que me provoquait son souvenir était insupportable. Elle me manquait. Terriblement. Je sentis Faith posée un doigt sur ma joue, et le laisser descendre jusqu'à mon cou. Elle y posa sa tête. Je n'ouvris cependant pas les yeux, je n'étais pas encore prêt à affronter la dure réalité de la vie. Je la serrais dans mes bras, et pris la parole:

- Elle était magnifique, et très intelligente. Mais aussi très jeune, et irresponsable. Elle faisait souvent des conneries, lâchais-je en riant, et pour la plupart elle en était même fière. A chaque fois qu'elle en faisait une, elle répétait: 'Allez on s'en fout, on a qu'une vie'. Elle était plutôt petite, et elle me disait souvent que j'avais été égoïste, et que comme j'avais été le premier à naître, j'avais pris tout le gène de la grandeur, et qu'elle avait été délaissée. On riait sans arrêt. Tout le temps, et notre vie était parfaite jusqu'à notre arrivée à Moscou. Mes parents n'ont jamais été là, mais leur présence ne m'avais pas paru vitale, jusqu'au jour ou on est arrivés dans cette foutu ville. A partir de là, rien ne s'est passé comme prévu. On devait être heureux, on devait apprendre le russe, et elle devait rentrer au Bolchoï. Voila comment ça devait se passer.

Ma voix se cassa, et j'attendis quelques secondes avant de reprendre.

- Elle était douée en danse classique, tellement douée. Elle était rentrée dans une école de danse toute petite, et elle aurait pu faire carrière. C'était son rêve d'entrer au Bolchoï, son rêve d'être prise pour un vrai ballet. Quand elle a rencontré ce connard, elle a tout abandonné. Sa famille, ses amies, son rêve. Ce fils de pute lui a tout pris. Son innocence, son futur. Elle ne souriait plus comme avant, elle me paraissait bizarre, sans arrêt sur ses gardes. J'essayais d'aller la voir, de lui demander ce qu'il n'allait pas. Mais on finissait tout le temps par s'engueuler, et je partais. J'ai laissé ma petite sœur se détruire à petit feu, sans rien faire. Tout ça parce que j'avais trop d'orgueil pour m'excuser après nos engueulades. Parce que, même si c'était pas de ma faute, ma petite sœur allait mal, et j'aurais du être là pour elle. Peu importe la façon dont elle me parlait, ou qu'elle se comportait avec moi. J'aurais du être là. Si tu savais comme je m'en veux.

Je sentis les larmes monter, mais je me forçais à les ravaler. Faith resserra son étreinte autour de ma taille afin de m'apaiser.

- Quand elle est partie, j'ai cru devenir fou. Je te jures. Je pétais des câbles pour rien, je devenais colérique, à la limite de la violence. Ça a été la pire période de ma vie. Je pleurais sans arrêt, j'étais à fleur de peau. J'insultais mes amis, et je commençais à très mal me comporter. Alors on a déménagé. Mes parents croyaient que ça m'aiderait à oublier. M'aider à oublier? M'aider à oublier?! Criais-je presque. Comment tu veux oublier que ta petite sœur que t'étais censé protéger s'est fait kidnappée, repris-je plus calmement. Tu sais quand j'ai appris qu'Elena était sur un réseau pédophile j'ai complètement pété les plombs, je suis devenue taré. J'ai du voir un psychiatre, et prendre des médicaments. Anti-dépresseur ils appelaient ça. 'Ce sont des comprimés qui t'aideront à aller mieux Justin', me disaient ils. Mais la vérité c'est que j'avais pas envie d'aller mieux. C'était ma sœur, et je me sentais tellement coupable de ce qu'il lui arrivait, que j'ai décidé de me laisser mourir petit à petit. C'était une punition que je m'infligeais à moi-même. Je vais pas te mentir, les psychiatres m'ont quand même aidé. C'est grâce à un en particulier que je suis devenu celui que je suis maintenant. Ça fait depuis un an qu'on a plus eu de nouvelles, plus rien. Pas une photo sur un site pédophile, pas une vidéo. Pas une demande de rançon. Pas un signe. Rien. Je commence a perdre espoir. Il pourrait lui arriver n'importe quoi.

Save Me / {J.B}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant