Chapitre 27

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2ème jour du procès, point de vue de Justin:

-La victime Faith Fallen est prié de se rendre à la barre.

Faith prit son courage à deux mains avant de s'asseoir sur le siège qu'on lui désignait.
L'avocat d'Alexander avait reprit son sourire espiègle. Il se leva avant de se poster devant Faith.

-Parlez nous un peu de votre enfance.

Elle avala difficilement sa salive, elle était stressée et ça se voyait à des kilomètres.

-J'ai été élevé par une mère et un père, comme tout le monde.

Pourquoi ne disait-elle que ça? Pourquoi n'avouait-elle pas qu'elle avait été violé par son père pendant des années bon sang! Faith baissa la tête, et j'ai compris qu'elle avait honte. Imaginez dire à des dizaines d'inconnus que vous avez été touché par votre père pendant presque sept ans. Ça devait être dure.

-Oh vraiment? Alors expliquez moi pourquoi vous avez dit à la commissaire que vous avez été abusé par votre père? Qu'il avait tué votre mère? Avez-vous honte de ça? Ou peut-être avez vous tout simplement honte d'admettre que vous avez mentis, comme vous le faites pour Monsieur Loudvig! Et que vous avez emporté toutes vos amis avec vous!

-Objection votre honneur! Cria notre avocat, sûrement aussi outré que moi par les propos de l'autre con.

-C'est bon, c'est bon, je retire. Je reformules ma question: Pourquoi ne dites vous pas plutôt que vous avez été violé par votre père pendant des années?
-Je.. Je ne sais pas.

Putain mais qu'est ce qu'elle faisait. Reprends toi Faith. Pour l'amour de dieu. Reprends toi.

-Vous ne savez pas? Vous ne savez pas pourquoi vous ne vous l'avez pas dit? Ou vous ne savez pas pourquoi vous avez menti?
-Je n'ai pas menti!

Faith pleurait, et la simple vue de cette larme coulant le long de sa joue me paraissait insupportable.

-Alors pourquoi ne pas vous l'avoir dit mademoiselle Fallen?
-Je ne sais pas. Balbutia t-elle en tremblant.
-Vous paraissez confuse. Très confuse. Marmonna assez fort l'avocat pour que tout le monde entende.
-Objection !
-C'est bon, je retires -Souffla l'avocat d'Alexander en levant les yeux au ciel -Votre mère est morte devant vos yeux n'est ce pas? Tué par votre père?

Faith baissa la tête, avant de répondre un petit "oui".

-Qu'avez vous ressentis à ce moment là? De la colère? De la tristesse?
-Objection votre honneur, nous ne sommes pas dans une séance de psychanalyse, mais dans un tribunal.
-J'essaie de dresser le profil psychologique de la victime votre honneur. Se défendit l'autre con.
-Objection refusé. Continuez maître. Et répondez mademoiselle Fallen.
-D'abord triste -elle s'arrêta regardant ces mains- puis en colère.
-Et êtes vous toujours en colère maintenant?
-Oui. Murmura t-elle.
-Bien. Monsieur Loudvig ici présent vous a acheté à l'âge de treize ans c'est ça?
-Oui, c'est ça.
-Vous supposez tous ici que Monsieur Loudvig a acheté Faith pour la mettre sur les trottoirs, mais imaginez qu'il l'ai acheté pour lui sauver la vie, et qu'il n'avait aucune intention de la prostituer. Je veux dire, votre père allait vous tuez un jour ou l'autre non si il n'avait pas été là?
-Je ne sais pas, je pense.
-Donc, on peut en quelque sorte dire que monsieur Loudvig vous a sauvez la vie.

J'étais choqué. Réellement. J'avais envie de le cogner de toutes mes forces, pour qu'il arrête avec ce sourire espiègle qui lui collait au visage.

-Vous avez dit au commissaire que Monsieur Loudvig, Alexander vous avez mis de force sur les trottoirs est-ce vrai?
-Oui..
-Oui? Mais une question mademoiselle, si il n'avait pas été là, qu'auriez vous fait? Vous n'alliez pas à l'école. Vous n'aviez plus de famille. Qu'est ce que vous envisagiez de faire?
-Je n'en sais rien, je n'y avais pas encore réfléchis..
-Vous êtes sure? Parce que monsieur Loudvig dans sa déposition certifie que c'est vous, vous mademoiselle qui l'avait supplié de faire les trottoirs, en disant je cite: "laisse moi faire ce que je veux, tu n'es pas mon père".
-C'est faux! Je n'ai jamais dit ça! J'avais 13 ans, qu'est ce que vous croyez?
-Je ne crois rien mademoiselle Fallen. Je dis juste que vous êtes incohérente. C'est tout. Reprenons. Etiez vous encore en colère contre votre père le jour où Alexander vous a "achetez"?
-Oui, bien sur.
-Mais j'y pense, si vous ne pouviez plus être en colère contre votre père puisque vous ne le reverriez plus, n'avez vous pas juste transféré toute cette haine sur monsieur Loudvig puisque c'était le seul homme qui vous connaissiez?
-Objection! C'est accusation sont infondées!
-Objection accordée maitre. La cours ne prendra pas compte de cette question.
-Bien. Avez vous déjà été puni par votre père mademoiselle?
-Oui.
-Et qu'est ce qu'il vous forçait à faire?
-Je.. Des.. Des.. Des fois, c'était des.. vous savez.. des fellations, et puis d'autres fois c'était un enfermement pendant plusieurs jours dans une salle.
-Exactement les mêmes punitions que vous avez décrite à la commissaire en parlant de monsieur Loudvig. Bizarre. Aimiez vous monsieur Loudvig Mademoiselle Fallen?
-Non, bien sur que non ! Cria Faith.
-Pourtant il vous a sauvez la vie.
-J'aurais préférer mourir plutôt que d'être sauvé par cette ordure! Elle avait hurlé cette phrase tellement violemment, que sa voix avait résonné dans la salle.

-Vous savez ce que je pense mademoiselle Fallen? C'est qu'après la mort de votre mère vous avez accumulé une profonde haine contre votre père, vous vouliez mourir, ou le tuez. Et quand il vous a vendu à Alexander, vous avez rejeté toute cette haine contre monsieur Loudvig. Pourtant il n' a fait que vous sauvez la vie. Que vous aidez. Il n y a aucune preuve qu'il vous ai fait ces choses horribles dont vous parlez. Je crois que vous avez pousser Clotilde, qui est comme une mère pour vous, a mentir, et je pense qu'au fond de vous, vous savez que vous mentez. Vous savez que monsieur Loudvig est un homme bon, qui n'a voulu que vous sauvez la vie et qui vous a libérez ensuite. Mais vous l'avez supplié de devenir une prostituée, alors il vous a mise sur les trottoirs, mais c'est tout. Il n'a rien fait d'autre que vous avoir déposé sur un trottoir et vous y avoir laissé. Il ne vous a plu vu jusqu'à ce qu'il ait reçu une lettre de convocation du tribunal. Et il en était surpris. Vous savez ce que je pense mademoiselle Fallen? Que pour vous venger vous avez inventé toute cette histoire, et que maintenant que tout ça est allé si loin, vous pleurez. Parce que vous avez honte d'avoir tâché un homme des pires calomnies qui puissent exister!

-Objection votre honneur! Cria notre avocat.
-Objection accordée, les jurés ne prendront pas compte des suppositions du maître de l'accusé.

Mais quel salop, il essayait de tourner l'histoire totalement à sa manière, ça me dégoûtait. Il fallait que Faith se reprenne. Il le fallait, elle le devait.

-Je n'ai plus d'autres questions votre honneur. Dit fièrement l'autre con.

Mon avocat se leva, sûre de lui avant de s'approcher de Faith, et de la regarder longuement. Il lui tendit un mouchoir qu'elle prit, avant de s'essuyer le visage, et de se moucher légèrement.

-Vous êtes prête ? Souffla Monsieur Stanner.
-Oui, c'est bon, excusez moi.
-Il n y a pas de problème mademoiselle, expliquez moi votre version de l'histoire à vous. Que s'est il passé a partir de vos treize ans?

-J'ai été acheté par Alexander, et il m'a mise sur les trottoirs deux jours après. Il me répétait souvent que: "la jeunesse ça payait bien". Au début, il n'était pas trop méchant. Je veux dire, il ne me punissait pas quand je n'avais ramener que cent livres à la fin de mon travail. Mais plus le temps est passé, et plus il l'est devenu : méchant. Il me criait après en disant que je n'étais qu'une salope bonne à rien. Il me punissait souvent. Il me forçait à lui faire des choses...
-Est-ce qu'Alexander vous a forcé à aller sur les trottoirs la première fois que vous y êtes allé?
-Bien sur, j'avais treize ans, je ne savais même pas où il m'emmenait, il m'a juste expliqué qu'il avait prévu de grande chose pour moi.
-Est ce qu'il est revenu, après vous avoir déposé?
-Oui, tous les soirs pour chercher son argent, ou le mien comme vous voulez.

Elle fit une pause avant de reprendre.

-Vous savez le pire dans tout ça, c'est que je voulais faire bien. Je voulais qu'Alexander soit fier de moi. Je ne voulais pas être puni, mais au delà de ça, je voulais qu'il me dise: 'Wouah, Faith, tu as bien travaillé.' Je cherchais son attention parce qu'il était devenu ignoble, et je me disais que c'était normal parce que je n'avais pas ramassé assez d'argent. Je n'avais pas fait bien mon travail. Quelques fois, je me privais de déjeuner pour qu'il y ai plus d'argent. Et des fois j'acceptais des choses que je ne connaissais pas parce que ça rapportait bien. Les clients me demandaient des scénarios particuliers, et ces scénarios me faisaient peur, mais je disais oui. Je disais oui, et je serrais les dents. Tout ce que je voulais c'est qu'une fois dans ma vie, on me reconnaisse. Pas en tant que Faith la prostituée, mais en tant que Faith, la fille mise sur les trottoirs à treize ans, qui faisait tout pour bien faire, et qui voulait juste qu'on l'aime. Qu'on l'apprécie.

Je regardais Faith essuyer les quelques larmes restantes sur ces joues. Je n'avais jamais vu ça sous cet angle. Je ne pensais pas que même après avoir été frappé et abusé par quelqu'un, on puisse encore vouloir bien faire pour lui. Mais en y réfléchissant bien : chaque être humain cherche la reconnaissance. Chaque être humain a peur de la solitude.

-Aviez vous peur? Reprit notre avocat.

-Vous savez ce qu'est la peur? Je veux dire la vrai, pas celle qu'on a quand on s'approche d'une ruche d'abeille ou quoi que ce soit. Je veux dire: la peur pour sa vie. La peur de mourir. La peur d'avoir mal. L'appréhension qu'on a quand on voit la voiture d'Alexander se diriger vers nous, et qu'on sait qu'on a pas ramassé beaucoup d'argent parce qu'il pleuvait ce jour là, et qu'on sait qu'on sera puni. La peur qui nous paralyse, celle qui nous glace le sang. Celle qui ne vous fait pas faire de bruit, mais qui vous fait hurler de l'intérieur. Vous savez ce qu'est la peur de se réveiller un matin, et de se dire qu'on tombera sur un client qui nous demandera quelque chose d'horrible, quelque chose qui va vous faire mal ? Et vous savez que vous allait le faire, parce que vous avez besoin d'argent. Et parce que si vous ne ramenez pas d'argent à Alexander il s'énervera. Et croyez moi toute les peur que je viens de vous décrire ne sont rien, par rapport à celle qu'on a quand Alexander se met en colère.

-Je n'ai plus d'autres questions votre honneur.

Et c'est au moment où j'ai vu mon avocat se retourner et me faire un clin d'œil que j'ai compris. J'ai tourné la tête vers les jurés pour m'en assurer. Là devant moi, se tenaient trois femmes, et toutes fusillaient Alexander du regard. Quand aux hommes, deux regardaient leur pied, pendant qu'un autre dévisageait l'avocat de l'accusé.

Oui. Si ça continuait comme ça. Nous allions gagner le procès.

Save Me / {J.B}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant