Chapitre 39

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« Le plus beau jour de ma vie a été le jour où tu es née. Tes yeux magnifiques ont rencontré les miens pour la première fois, et j'ai tout de suite su que j'allais beaucoup t'aimer. Je me souviens encore que j'embêtais toujours la nourrice pour qu'elle te réveille et qu'on puisse jouer au super héros. Tu étais Super'léna et j'étais Super'stin. On mettait des draps sur nos épaules et on courrait jusqu'au fond du jardin le plus vite possible, et le premier qui y arrivait avait le droit de piquer des supers-pouvoirs à l'autre. Je me souviens que je te laissais souvent gagner, parce que, quand tu perdais tu pleurais. Déjà à l'époque alors que je devais avoir 7 ans, je détestais te voire triste.
Mais je crois que ce que j'adorais le plus, et ce, depuis que tu es née, c'était t'embêter. Je suis devenu un maître dans l'art de cacher les gâteaux que tu préférais, mettre du poivre dans ton lit sans que tu le saches, ou même remplacer ta crème pour les mains par du ketchup. On se connaissait tellement bien que c'était facile de nous agacer mutuellement. On savait exactement quoi dire pour que l'autre se mette en rogne. Je crois que la chose que j'aimais le plus dans nos disputes, c'était le moment de la réconciliation Ce moment, ou bouffie d'orgueil, on ne se disait jamais pardon, mais on savait ce que l'autre pensait. On s'installait au fond du jardin, en "territoire neutre" et on se regardait. Et le premier qui riait avait perdu, et c'était lui qui devait s'excuser. Ça a marché un certain temps avant qu'on grandisse et que nos disputes deviennent plus... matures? Je ne sais pas si c'est le mot exacte, parce qu'on ai 8 ou 14 ans le combat pour qui choisissait le programme télé était toujours le même.
J'ai toujours été un grand frère protecteur, je devais toujours te demander comment s'était passé ta journée, si quelqu'un t'avais embêté, je devais toujours regarder comment tu t'habillais. Et je me souviens que bon nombre de fois on s'est disputé parce que je t'avais demandé de te changer.
Je crois que je ne t'es jamais assez dit à quel point j'étais fière de toi, et de la personne que tu étais devenue. Je t'aimais plus que n'importe qui. Y a pas mal de choses pour lesquels ils fraudaient que je m'excuse, mais je le ferais quand on sera seul, parce que c'étaient des affaires entres nous, et que ça ne regarde que nous..
Je n'ai pas envie de parler de la fin Elena, de ta fin. De ton enlèvement, de la culpabilité qui me ronge, de ta.. mort. Du jour où tu nous as dit adieu.
T avais pour habitude de me dire qu'on ne vivait qu'une fois, alors je préfère célébrer ton vécu, que de pleurer ta disparition.
Je t'aime Elena, plus que tout. »

Justin reniflait, et je voyais les larmes couler sur ces joues. Il s'est traîné jusqu'à son siège pour que sa mère, et son père puisse faire leur discours. L'église était petite mais magnifique, et il y avait la famille proche de mon amoureux. Sa grand mère, et son grand père que je pouvais voir profondément ému, et triste. Et sa tante à côté d'eux, qui regardait ces pieds, sûrement pour ne pas qu'on la voit pleurer.
Justin s'est assis à côté de moi, et a posé sa tête dans mon cou. J'ai sentis ma peau se mouiller à son contact, et petits à petits ces reniflements ont cessés. J'ai d'abord pensé qu'il s'était endormi puisque sa respiration était lourde, mais je l'ai senti prendre ma main et la serré fort. Je dessinais des motifs imaginaires sur sa paume pour le relaxer. Le discours de ces parents à été profondément touchant. Et comme avec celui de Justin, mes larmes sont tombées toutes seules. Je détestais les enterrements. Je détestais les cérémonies où je pouvais voir dans le regard de chacun cette tristesse, ce déchirement. Après l'église nous avons du marcher jusqu'au cimetière, ou le diacre, après sa prière, a ensevelis à tout jamais Elena. Justin avait mis ces lunettes de soleil alors qu'il pleuvait. J'essayais, moi, de cacher mes larmes avec le parapluie. Des dizaines de personnes sont allés souhaiter leurs "sincères condoléances" à la famille. Justin m'a rejoint au beau milieu des dires d'un de ces voisins d'un pas lourd.

-Fait moi sortir d'ici Faith, je t'en supplie. J'en peux plus.

Sa phrase a résonné comme une supplication, et je lui ai juste pris la main, avant de me diriger vers sa voiture. Il s'est installé sur le siège passager, et je me suis mise entre ces jambes, le ventre collé à son torse.

Save Me / {J.B}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant