Chapitre 24

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-Je crois qu'on va rentrer. Dit sèchement Justin.

Je regardais sa mère qui avait baissé la tête et je ne pu m'empêcher d'avoir un pincement au cœur, la pauvre femme était tiraillé entre son fils et son mari.
Elle se retourna, en faisant semblant de chercher quelque chose dans son sac. Mais je savais qu'elle essuyait juste les larmes qui avaient coulés le long de ces joues.

Elle nous fit face ensuite, les yeux et les joues rougis, elle semblait déçu. Mais ce n'était pas une déception qu'on pouvait avoir quand on jouait au loto et qu'on perdait. Non. Là ça paraissait la détruire. Elle fit une grimace avant de murmurer si doucement que j'ai du lire sur ces lèvres:

-Alors, on ne va pas au café ensemble?

Je me tournais vers Justin qui regardait ces pieds. Je savais qu'il hésitait, qu'il ne savait pas comment réagir. Je savais que ça le touchait. Et beaucoup plus que ce qu'il laissait voir.
Je serrais un peu plus sa main, pour l'encourager à dire oui. Parce que sa mère me paraissait vraiment être quelqu'un de bien, et je ne voulais pas la voir encore plus détruite qu'elle ne l'était déjà. Enfin si c'était encore possible.

-Je ne sais pas maman.

Elle encaissa le choc sans rien dire.

-Tu ne veux pas? Sa voix partit dans les aigus.
-Je ne sais pas.
-Tu veux qu'on fasse ça un autre jour? Elle avait fermé les yeux. Attendant une réponse positive.
-Ce n'est pas ça. Je ne sais pas si j'ai envie de te voir maman. Je ne sais pas si j'ai envie de te parler. Je ne sais pas si j'ai envie de te pardonner. Je ne sais pas si j'ai envie que tu reviennes dans ma vie comme ça.

Et là, le plus horrible des scénario s'est produit: sa mère fondit en larmes. Là, devant moi, sans que je ne puisse rien faire.
Justin regardait celle-ci, sans faire un geste. Et je me suis amenée à me demander comment pouvait on être aussi insensible aux pleurs de sa maman.

Elle allait partir, quand Justin la rattrapa et la plaqua contre son torse. Il faisait bien une tête de plus qu'elle et elle se recroquevilla sur elle même. Il la prit dans ces bras, la serrant très fort. Et je savais ce que ça voulait dire. Il s'excusait. Il lui demandait pardon. Et ce spectacle me mit les larmes aux yeux. Parce que tout ça signifiait bien plus qu'un simple pardon à ces yeux, c'était un nouveau départ. Et je trouvais ça très courageux de la part de Justin de redonner sa confiance à sa mère.

Il lui fredonna quelque chose à l'oreille que je n'entendis pas. Avant de lui essuyer lui même ces larmes, et de la prendre par la main.

-Allons au café. Avait t-il prononcé d'un air sur de lui.

Et je vis sa mère sourire. Ce sourire. Celui que vous ne voudriez jamais oublier.

On se dirigea vers l'endroit en silence, l'ambiance était assez lourde. Je voyais Justin réfléchir, et sa mère essuyer les dernières larmes sur ces joues. Puis j'étais là. Les suivant. Sans vraiment rien dire. Et je me sentais juste de trop.

On s'installait à l'intérieur d'une salle où des vieilles chansons passaient, avant de commander au bar des scones, du thé, et du lait.

Typiquement anglais.

-Alors mon chérie, comment avance tes dessins?
-Plutôt bien, on m'a proposé d'exposer mes toiles au salon de Wellington. Mais je n'ai pas encore dit oui.

Je regardais Justin fixement. Pourquoi ne m'en avait_il pas parlé?

-C'est génial. Pourquoi tu n'as pas encore donné de réponse?
-Je n'ai pas vraiment la tête à dessiner en ce moment.

Alors c'était donc ça. C'était à cause de moi que Justin n'arrivait plus à dessiner. Je sentis un trou béant grandir dans ma poitrine. Je me sentais coupable et une fois de plus de trop.

-Je voulais te proposer quelque chose. Je me disais que ça faisait longtemps que tu n'avais pas prit de vacances: je veux dire de vraies vacances. Et avec tout ce qui se passe je me suis dit que tu aimerais te ressourcer. Je te donne les clés du ranch au Texas. Comme ça si tu as envie de t'isoler un peu après les épreuves que tu vas affronter, tu pourras.
-Faith est invitée? Avait il demandé, sans même prendre le temps de remercier sa mère. La façade de Justin était revenu. Je peux dire que c'est un crétin quand il le veut ?

-Bien sur, je pensais que.. que vous pourriez vous faire des vacances en amoureux. Dit elle timidement.

Justin prit les clés, sans rien répondre, pendant que je m'empressais de la remercier, et de lui dire que c'était vraiment gentille de sa part de penser à nous. J'étais touchée, foncièrement touchée par ce geste. Et pour la première fois depuis deux heure, je me sentais parmi eux. Je n'étais plus de trop.

Elle fouilla dans son sac avant de sortir un carnet couvert d'une couverture en cuir brun foncé.
Ça ressemblait à un journal intime.

-Tu penses peut-être que je t'ai oublié Justin. Mais ce n'est pas le cas. Je t'ai écris tous les jours dans ce carnet. Lis le, et tu comprendras pourquoi nous n'avons plus donné de nouvelle. Je sais que ça ne servira sûrement à rien, mais prends le, s'il te plaît.

Justin regardait le livre glisser le long de la table fixement.

-Hum.. d'accord.

Il était mal à l'aise. Il se gratta l'arrière de sa nuque, avant de prendre le livre entre ces doigts, et de le poser sur son sac.

-Merci. Avait murmuré sa mère.

Le thé et les petits gâteaux arrivèrent. On mangeait tous en silence. C'était très bon. Et même si je n'avais pas faim du tout puisque nous avions mangé il y a de ça, seulement une heure, je n'eus pas de mal à finir ma part.

-Et toi Faith? Tu travailles?

Et cette phrase, aussi anodine qu'elle soit, m'avait fait mal.

-Oh pardon, je suis désolée, c'était déplacé de ma part. S'empressa d'ajouter la mère de mon petit ami en voyant ma figure se décomposer.

-Non, non, ce n'est pas de votre faute. C'est juste que je ne sais rien faire.

Et même si ça me faisait du mal d'en parler, il fallait que je l'avoue. Que je me l'avoue. Que je me rende à l'évidence: si Justin ne m'entretenait pas, je serais à cette heure là sous les ponts, au chômage et sûrement morte de faim.

-Tout le monde sait faire quelque chose Faith. C'est juste que tu n'as pas encore trouvé quoi. Elle me prit la main doucement, en me regardant dans les yeux. Je l'ai fixé longtemps sans rien dire, en me concentrant sur ses prunelles caramels, et là, dans ces iris j'ai reconnus cette chose, cette émotion que Clotilde avait quand elle m'a défendu : de l'amour maternelle. Alors elle m'aimait? Comme une mère? Ou était ce juste de la compassion? Je lui souris, en la remerciant en silence.
Elle ne pouvait pas savoir à quel point j'avais besoin de ça, à quel point j'avais besoin de me sentir protéger par quelqu'un d'autre que Justin, à quel point j'avais besoin de voir encore une fois cette étincelle brillant dans les yeux d'une mère, cette étincelle qui te dit : quoi que tu fasses, tu seras pour toujours mon bijou. J'en ai presque pleuré. Ça faisait tellement longtemps qu'on ne m'avait pas regardé comme ça.

Son téléphone se mit à sonner signalant un message, et je me suis enfin réveiller de ma rêverie soudaine. Le maman de Justin regarda son cellulaire et fit une grimace.

-Je suis désolée, le rendez-vous chez mon psychiatre a été avancé.. Je dois vous laisser. Je vais payer.

Elle se leva doucement, et prit soin de ranger toutes ces affaires. Et c'est quand elle ouvrit son sac en grand, qu'exorbitée j'ai vu une boite cylindrique orange avec un capuchon blanc. Et je savais ce que c'était. Des antidépresseurs. Et c'est quand je me suis retournée vers Justin que j'ai compris qu'il les avait vu aussi. Et c'est quand j'ai sentis ces mains devenir moites que je me suis rendu compte que ça le blessait. Elle embrassa le front de son fils et me fit un signe de la main avant de partir, n'ayant pas vu, ou ne voulant pas voir qu'on avait tous les deux compris.

Ça mère était en pleine dépression nerveuse.

Et c'est quand enfin, elle ferma la porte du restaurant que Justin fondit en larmes dans mes bras.
Sans un mot, sans une parole, il a juste relâché toute la pression sur ces épaules. Et il s'est effondré en pleurs tout contre moi, en serrant tellement fort ma main que j'ai compris : il s'en voulait. Et même si il n'y était sûrement pour rien: il se sentait coupable. Parce que tout comme ils avaient fait avec lui, il l'avait fait avec eux. Ils s'étaient tous les trois abandonnés.

Save Me / {J.B}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant