I.

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...et au delà de l'obscurité apparaîtra la lumière.

Je suis né le 23 ème jour de l'an 2401 sur une terre dévastée, noyée sous les décombres des guerres interminables et brûlée par le rayonnement solaire.

Bien que ma naissance eût été un vrai miracle, elle fût considérée, en son temps, comme une malédiction aux yeux de ma mère.

En effet les Hauts Dignitaires avaient décidé, 30 ans plus tôt, de stériliser toute la gent féminine afin que notre espèce s'éteigne d'elle même.

Il faut dire que la vie sur cette planète était devenue un véritable enfer.

Les saisons n'existaient plus. La température moyenne avoisinait les 60 degrés Celsius, de jour comme de nuit.

Le reste des habitants se terrait dans des grottes d'infortunes creusées à même la roche compacte des montagnes arides, se protégeant ainsi du mieux qu'ils le pouvaient de cette chaleur meurtrière.

La végétation avait quasiment disparu et les rares insectes encore vivants servaient d'entremets aux plus coriaces.

Il n'y avait plus d'animaux ; aucun n'avait survécu au manque de nourriture et encore moins à l'appétit vorace des populations affamées.

La viande était devenue introuvable.

La loi qui régissait ce monde autorisait donc le cannibalisme.
On l'avait baptisé " le repas du diable ".
Ce dernier comportait des règles strictes :

- Interdiction formelle de tuer dans le but de se nourrir.
- Ne pas manger les personnes de plus de 80 ans, ni ceux qui se suicident.

Tous les autres étaient dépecés, les organes et la tête brûlés, le reste pouvant être mangé.

Une section spéciale avait été créé afin de garantir le bon déroulement de la procédure. On l'appelait la Légion Noire, sans doute à cause de leur accoutrement sombre et des masques qui cachaient leur visage.

N'importe lequel d'entre nous pouvait en faire partie...

Un autre règlement plus controversé que le précédent concernait les armes à feu .
Celles-ci étaient strictement interdites, elles avaient été détruites des années auparavant.

Leur suppression avait été décidée en même temps que la loi sur la stérilisation des femmes. Cela afin d'éviter le suicide et le meurtre tout autant que la procréation.
Un véritable dilemme et surtout un raisonnement totalement contradictoire dans le sens où nous programmions notre propre extinction mais par le seul désir de la nature.

Les hommes devaient mourir dans la dignité, naturellement.

En vérité, personne ne voulait être le dernier à survivre.

Il n'y avait donc plus d'espoir, chacun attendait la fin, sa fin...

Pas d'héritage, aucun amour à donner à ses enfants, pas de transmission de connaissances, d'éducation. Il n'y avait plus rien à faire sinon vivre le peu de temps qu'il restait.

Les hommes s'étaient résignés.

Et c'est ici que je naquis.

ORIGINALLY ( Nouvelle )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant