Chapitre 3 : Recovery

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                                          ***     RILEY     ***


J'avais dormi quarante huit heures après avoir perdu connaissance. Et à mon réveil, les choses me semblaient être pires encore. Je n'étais pas restée très longtemps à l'hôpital, ma blessure n'était pas grave et ils avaient eu besoin de place pour accueillir et soigner les blessés les plus graves, ceux qui avaient eu moins de chance que moi. L'attentat avait eu lieu il y a déjà deux semaines mais je ne dormais pas mieux.

Je ne sortais plus et le sentiment d'insécurité ne me quittait plus. J'étais de retour chez mes parents, incapable de rester seule dans mon petit appartement. Je passais la majorité de mon temps le nez collé aux informations. Les chaînes passaient et repassaient toujours les mêmes images, pourtant les souvenirs que j'avais étaient bien plus horribles. Les corps sans vie et déchiquetés d'enfants de tout âge, les impacts de balles dans les murs, l'odeur de la mort, tout était parfaitement clair dans mon esprit.

Mes parents avaient décidé qu'il était temps pour moi de consulter un psychiatre mis à ma disposition par la ville, suite au drame que j'avais vécu. Nos séances étaient le seul événement qui arrivait à me faire sortir de chez moi même si le trajet était toujours aussi pénible et source d'angoisse pour moi. Une fois dans la salle d'attente, je lançais un regard circulaire et anxieux à la pièce, identifiant les sorties de secours et les endroits qui feraient une bonne cachette, juste au cas où.

« Mlle Johnson ? »

La secrétaire m'adressa un sourire poli tandis que je me dirigeais vers elle en lançant un dernier regard inquiet à ma mère. Je détestais quand mes proches n'étaient pas près de moi, j'avais peur, tout le temps et ça me rongeait.

« Bonjour Riley, comment allez vous aujourd'hui ? »

Le docteur Edwards était une femme d'une cinquantaine d'années, aux traits doux et au sourire rassurant. Le courant était étonnamment bien passé entre nous et ce, dès la première séance.

« Comme d'habitude. »

Répondis-je en haussant les épaules. Elle griffonnait de temps à autre quelques mots dans son carnet mais la plupart du temps, son regard me scannait pour analyser les moindres détails de mon comportement.

« Voulez vous parler de ce fameux soir ? »

Cette question, elle me la posait à chaque début de séance et comme à chaque fois, je déclinais et elle n'insistait pas. Je n'avais parlé de tout ça à personne, pas même à ma famille. Je ne pouvais pas, je ne voulais pas, c'était trop dur, c'était trop tôt.

« Très bien, de quoi voulez vous parler aujourd'hui ? Avez vous réfléchi à ce dont nous avions parlé la dernière fois ? »

Me demanda-t-elle en croisant ses jambes. Je mordillais ma lèvre.

« Je ne sais pas quoi faire non, je, je ne sais pas... »

Il y a une semaine, le chanteur avait posté un message de recherche sur son twitter, il souhaitait prendre contact avec la personne qui avait vécu ce moment avec lui, c'est à dire : moi. Je ne m'étais pas manifestée parce que je n'étais pas sûre d'avoir envie de le revoir.

« Qu'est ce qui vous dérange avec cette idée ? »

En voilà une bonne question. Instinctivement, je passais ma main sur ma blessure.

« J'ai peur que ça réveille d'autres mauvais souvenirs en le revoyant. Je ne veux pas faire la une des tabloïds. Je ne supporte plus d'entendre ses chansons alors me retrouver en face de lui... ce n'est pas envisageable. »

The Worst Day of Our LivesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant